Un p'tit deux sur Tiger?
Omnium des États-Unis mercredi, 12 juin 2013. 18:59 samedi, 14 déc. 2024. 04:43La première chose que les amateurs de golf vont remarquer lors de cette 113e édition de l’Omnium des États-Unis est l’absence de drapeaux sur les verts. À Merion, on utilise plutôt un genre de ballon rouge, style panier d’osier en forme d’un gros nid d’abeilles. Au premier coup d’œil, ça paraît un peu bizarre, mais on finit par s’habituer.
Fondé en 1896, le club de golf Merion jouit d’une riche tradition. Plusieurs pages de l’histoire du golf américain y ont été écrites au fil des ans, en passant par le légendaire Bobby Jones qui y compléta son Grand Chelem en 1930, sans oublier l’improbable victoire de Ben Hogan lors du U.S. Open de 1950, seulement 16 mois après cet accident d’automobile qui a failli lui coûter la vie. Aucun club de golf en Amérique ne peut se vanter d’avoir reçu autant de tournois de la USGA puisqu’il s’agira d’un 18e évènement géré par cet organisme et d’un cinquième omnium national.
Le parcours Merion east a ouvert ses portes en 1912 et a été construit sur une très petite surface, 126 acres au total. Il s’agit d’une normale 70 qui s’étend sur une distance maximale de 6996 verges. Cela dit, ce ne sera pas un pique-nique pour qui que ce soit car il n’y a que deux normales cinq, soient les trous deux et quatre, qui seront très difficiles à atteindre en deux coups. Habituellement, on s’attend à des allées fermes et rapides et à des verts durs et ultra-rapides lors d’un tel championnat. Ce ne sera malheureusement pas le cas cette année car dame Nature en a décidé autrement. On a tellement eu de pluie au cours des derniers jours que l’on a même songé à utiliser deux trous de l’autre parcours du club Merion si jamais la situation ne s’améliore pas. Ce sera sans doute plus facile de garder la balle dans les allées mais le parcours paraîtra beaucoup plus long que la distance indiquée. La boue sur les balles deviendra inévitable et pourrait en faire rager plus d’un pendant les quatre jours de compétition.
Autre point qui pourrait faire toute la différence en bout de ligne, le contrôle de l’effet rétro sur des verts beaucoup plus réceptifs que prévu. Les joueurs auront une certaine crainte d’attaquer les fanions situés au fond du vert car si la balle dépasse de quelques verges, le boguey deviendra presqu’inévitable. Après une première analyse du parcours, on calcule que les joueurs pourraient atteindre jusqu’à neuf verts avec un fer court en main… à condition d’atteindre d’abord l’allée sur le coup de départ. Les occasions d'oiselets seront donc nombreuses sur ces trous et il faudra en profiter au maximum. Aussi bien faire quelques réserves car trois des quatre normales trois mesurent plus de 230 verges et les trous 5, 6, 14 et 18 représentent de sérieux défis.
À vrai dire, il est très difficile de prévoir quel sera le pointage cumulatif de l’éventuel gagnant. En 1981, l’Australien David Graham avait retranché sept coups à la normale pour l’emporter par trois coups devant George Burns et Bill Rodgers. Est-ce que quelqu’un pourrait faire mieux cette année? Sans doute, car la qualité du peloton est de loin supérieure. Le fait que les longs cogneurs ne soient pas avantagés devrait permettre à plusieurs de se signaler et de demeurer dans la course plus longtemps. Aura-t-on droit à une ronde de 62? J’en doute, mais tout est possible. Rappelons que dans toute l’histoire du golf, jamais personne n’a fait mieux que 63 lors d’un tournoi majeur.
Les forces en présence
Bien malin celui qui peut prédire qui va gagner ce tournoi dimanche après-midi… à moins que l’on doive attendre à lundi pour connaître son identité. Le U.S. Open est le seul tournoi majeur qui se décide sur une ronde de 18 trous, en cas d’égalité.
Même s’il n’a pas remporté de titre majeur depuis 2008, on se doit tout de même de favoriser Tiger Woods. Le meilleur joueur au monde connaît une saison du tonnerre comme en font foi ses quatre victoires en seulement huit sorties. Tiger est combattif comme pas un et désire cette victoire plus que quiconque, surtout après sa malchance au Tournoi des Maîtres qui l’a sans doute privé d’un 15e titre en Grand Chelem. Tout ça reste à voir, mais je n’oserais pas parier contre lui.
Autre candidat logique aux grands honneurs, le Nord-Irlandais Graeme McDowell, le champion de l’édition 2010, disputée à Pebble Beach. Son style de jeu et sa fougue conviennent parfaitement à ce genre de parcours, d’autant plus qu’il est dans une forme splendide présentement. J’aime également les chances de Lee Westwood pour sa capacité à garder la balle en jeu et aussi parce qu’il a trop de talent pour ne pas avoir de victoire majeure à son actif. Il me semble que l’on disait ça aussi de Colin Montgomerie. Souhaitons que Westwood ait plus de chance que ce dernier.
La victoire pourrait aussi échouer dans les mains d’un Sud-Africain. Louis Oosthuizen possède tous les outils nécessaires, quoique je ne suis pas certain qu’il soit en parfaite santé à l’heure actuelle. J’oserais parier un p’tit deux sur Charl Schwartzel si quelqu’un d’autre effectuait ses coups roulés à sa place. Il rate tellement souvent sur courte distance que c’est devenu pathétique. Quant à Ernie Els, il pourrait encore nous surprendre car son jeu est à point et il sait comment gagner, tout comme l’Argentin Angel Cabrera.
Les joueurs australiens ne sont pas en reste pour autant. Vu qu’ Adam Scott est probablement rassasié de sa victoire au Masters (l’est-il vraiment?), j’ai la nette impression que Jason Day voudra imiter son compatriote. Day a tout ce qu’il faut pour remporter ce tournoi, il l’a prouvé à plusieurs reprises au cours des deux dernières années lors des tournois majeurs et son tour est peut-être arrivé.
Du côté des Américains, mis à part Tiger, les aspirants au titre sont fort nombreux. Personne ne serait vraiment surpris de voir Matt Kuchar triompher, ce serait même logique tellement son jeu est régulier. Phil Mickelson en est un autre qui pourrait fort bien causer la grande surprise de la fin de semaine. Le grand gaucher joue du très bon golf présentement et, après cinq deuxièmes places à ce championnat, la loi de la moyenne est peut-être de son bord. Brandt Snedeker en est un autre sur qui on doit compter. Il excelle autour des verts et se classe parmi les meilleurs, sinon le meilleur, avec un putter en mains. Enfin, j’estime que les chances de Hunter Mahan sont aussi excellentes s’il connaît une bonne première ronde. J’ai également bien hâte de voir ce que nous réserve un Mike Weir en pleine forme, car c’est le genre de parcours qui pourrait l’avantager. Une chose demeure certaine, on aura droit à tout un spectacle... bon golf!