RDS et RDS Direct présenteront les ronde 3 et 4 de la Clsssique Charles Schwab samedi et dimanche.

MONTRÉAL – Jeudi, ce sera au tour du circuit de la PGA de pouvoir donner le coup de départ de sa relance après une pause de trois mois. Tandis que presque tous les grands noms de la profession seront réunis avec les Rory McIlroy, Jon Rahm, Brooks Koepka, Justin Thomas, Dustin Johnson et compagnie, « il n’y a pas un chat au terrain » comme le décrit le cadet d’expérience Julien Trudeau.

Pour des athlètes qui sont habitués d’être suivis de très près par des milliers de partisans pour chacun de leur coup, disons que c’est un contexte pour le moins surréaliste qui se découvre dans le cadre du Défi Charles Schwab à Fort Worth au Texas. 

« C’est sûr que ça fait du bien. C’est évident que les gars ont tous hâte de jouer, de revoir de leurs chums, de revivre la compétition... En fait, ils ont hâte de tout! Mais j’avoue que le feeling est différent cette semaine. Disons que ça ne ressemble pas au même tournoi que l’an dernier. De mon point de vue à tout le moins, en tant que caddie, je ne sens pas la pression habituelle. Je n’ai pas l’impression de vivre un gros tournoi », a admis Trudeau en décrivant bien la scène. 

Le portrait n’est pas dressé comme une critique, loin de là. Au contraire, les acteurs de l’élite du golf professionnel sont emballés à l’idée de renouer avec l’action. Ils n’auraient jamais pu prévoir un printemps cloîtré à la maison, ils sont plutôt habitués de multiplier les déplacements à cette période de l’année. En même temps, ce n’est pas plus facile de s’éloigner de la famille après une telle proximité. 

« Ce fut très, très difficile pour tout le monde. J’ai parlé à cinq ou six de mes confrères qui ont des enfants. En tant que caddie ou joueur, passer trois mois à la maison au printemps, ça n’arrivera jamais à moins que je change de travail. Famille ou sans famille, c’est aussi difficile de quitter, mais on doit reprendre le boulot. Il faut appuyer sur la pédale à fond et GO! », a confié Trudeau qui a choisi ce métier après avoir tenté de s’établir comme joueur professionnel. 

Cependant, la réalité actuelle exige une immense prudence et des mesures sanitaires rigoureuses. Mardi, en fin d’après-midi, Trudeau avait déjà dû se soumettre à deux tests de dépistage de la COVID-19. 

« Avant de quitter la maison, au Kentucky, ils m’ont envoyé un test de salive. Il a fallu que j’appelle via Zoom une employée d’un partenaire santé de la PGA. L’infirmière m’a regardé cracher dans le contenant. J’ai fait le test de salive jeudi, je l’ai renvoyé, ils ont payé les frais. J’ai ensuite pu sauter dans mon char et j’ai conduit jusqu’à Dallas. En arrivant, j’ai été soumis au test dans le nez avec la grande patente pas très plaisante. Les installations sont impressionnantes avec des tentes et le laboratoire mobile dans un camion qui a fourni nos résultats en deux heures », a expliqué Trudeau qui a procédé à cet examen en même temps qu’Adam Long, le golfeur avec lequel il collabore depuis environ un an. 

Quand ils ont reçu le feu vert, Trudeau et Long ont pu se pointer au terrain. Trudeau s’est vu remettre un bracelet qu’il doit porter tout au long de la semaine. De plus, les autorités de la PGA recommandent fortement à chaque personne d’agir de manière responsable en évitant, autant que possible, les lieux de rassemblement. « Ils essaient de garder la bulle la plus petite », a résumé Trudeau en utilisant la formule utilisée à outrance par les organisateurs depuis le début de la semaine. Chaque matin, des employés vont aussi vérifier que les personnes admises sur le site n’ont pas de fièvre. 

« De A à Z, le circuit de la PGA a accompli un boulot incroyable. Je ne peux pas imaginer combien d’heures et de réunions que les organisateurs ont pu avoir sur Zoom pour tout arranger ce premier tournoi, élaborer le système des tests, nourrir les joueurs et les caddies autrement, comment garder la distanciation sociale. Ils ont fait un superbe travail avec la logistique. Parce qu’il faut avoir l’air consciencieux, on ne veut pas être une bande de 144 joueurs et caddies qui s’en foutent... », a-t-il lancé en sachant qu’ils seront observés attentivement.  

Pas de distanciation sociale avec son golfeur

Concrètement, Trudeau reconnaît toutefois que ce sera impossible pour lui – et sans doute pour la majorité de ses confrères – de respecter une distanciation sociale avec son joueur. 

« Ça ne m’empêchera de travailler avec Adam, je ne resterai pas à six pieds de lui. Je ne peux pas faire ma job dans ces circonstances. En ce qui concerne notre travail, je vais faire comme si c’est ma femme sans avoir de rapprochements avec lui, a comparé Trudeau en riant. Il fait partie de mon cercle de confiance. Sans ça, je ne pourrais pas faire mon travail aussi adéquatement. » 

Les tâches de Trudeau et de ses homologues comporteront quelques modifications inévitables. 

« On nous demande de désinfecter les fanions et les râteaux. Quand on est arrivés, on a reçu un petit kit sanitaire avec des lingettes désinfectantes et quelques masques. Pour l’instant, j’ai vu un seul caddie avec un masque et aucun joueur. Il faut respecter la vision de chacun, certains veulent en porter et d’autres non. Je n’ai pas de problème avec ça », a exposé le Québécois originaire de Saint-Lambert. 

Trudeau ne croit pas que ce sera si complexe de composer avec ces mesures et il préfère se réjouir du progrès constaté depuis le début de la pandémie. 

« On revoit nos amis aux abords du terrain et on ne se serre pas la main. Mais, quand même, ça ne ressemble pas au climat du mois de mars alors qu’on craignait un scénario catastrophe dans lequel tout le monde allait mourir. C’est un peu plus calme comme contexte », a noté Trudeau. 

« Les gars sont bien contents, ils ont juste hâte de jouer. Quand tu es rendu à jouer au golf, tout est pareil sauf qu’il n’y a pas un chat au terrain », a ajouté l’ancien allié de Graham DeLaet qui tente un retour au jeu après d’importants ennuis de santé au dos. 

La nature de son travail nécessite une grande attention aux détails. Trudeau a donc soulevé un point intéressant par rapport à cette absence de spectateurs. 

« Je pense que ça va avantager les joueurs qui sont un peu plus droits pour leurs coups de départ. Ceux qui vont la frapper croche à partir du tertre de départ, leur balle va se ramasser dans des pires endroits que quand les partisans sont massés sur le long des allées. Combien de fois on a vu la balle de Tiger (Woods) frapper un spectateur et rester plus près de l’allée. Mais bon, ce n’est pas un énorme avantage. »

Trudeau a également remarqué l’absence des immenses estrades autour du vert du 13e trou, une normale 3, un endroit où les spectateurs font habituellement la fête du matin au soir.  

« Le trou a l’air complètement différent pour ça. Bref, le terrain a un autre look. Ce n’est pas complètement fou comme différence, mais ce n’est pas pareil. En fin de compte, on essaie de se dire qu’on ne doit que frapper la balle vers notre cible comme on le fait habituellement », a conclu Trudeau qui, heureusement, n’a pas eu besoin d’un coup de pouce financier d’un fonds endossé par la PGA pour des cadets avec des statuts plus précaires que le sien alors qu’il œuvre auprès de golfeurs de ce circuit depuis 2012. 

Soulignons que la PGA a décidé de tenir une minute de silence par ronde en guise d'hommage à George Floyd et pour dénoncer l'injustice raciale et sociale. 

*Jeudi, dans le cadre d’un deuxième article, on abordera davantage le volet sportif de sa profession dont sa nouvelle association avec Adam Long.