En mars dernier, plusieurs partisans ont rêvé d’une transaction majeure impliquant le Club de hockey Canadien. Marc Bergevin a toutefois décidé d’amener quelques ajustements mineurs à sa formation. C’est dans le cadre de ce déplacement de meubles qu’Andreas Martinsen a atterri à Montréal.

Obtenu de la misérable Avalanche du Colorado, l’imposant Norvégien n’a pas tout cassé avec le Tricolore. Il a été blanchi lors de ses neuf joutes en saison régulière et ses deux rencontres en séries éliminatoires. Ces statistiques n’ont surpris personne. Le principal intéressé est lui-même conscient des raisons pour lesquelles Bergevin a fait son acquisition et il ne regrette rien de son passage à Montréal.

« Le club voulait ajouter du poids à sa formation en vue des séries éliminatoires. Ce fut une expérience enrichissante pour moi. J’ai eu la chance de jouer en première ronde des séries et j’ai beaucoup aimé cela. »

Après deux saisons au Colorado, les séries de la Coupe Stanley ont semblé inatteignables pour le Norvégien. Cette transaction lui a donc permis de vivre la fièvre des rondes éliminatoires. L’échange lui a aussi permis de voir la différence entre les marchés américains et l’effervescence du Centre Bell. Martinsen a été impressionné par la passion des amateurs de hockey montréalais.

« C’est complètement fou. C’est un monde complètement différent. Le monde ne vit que pour le hockey dans cette ville. Jouer à Montréal, c’est une expérience unique. »

L’expérience a toutefois été de courte durée pour Martinsen. Le CH a baissé pavillon en six matchs contre les Rangers de New York. Le Norvégien n’a participé qu’aux deux premières rencontres de la série avant de se retrouver sur la galerie de la presse. Deux semaines après la débâcle de son équipe, l’attaquant du Canadien s’explique encore mal cet échec.

« Je ne sais pas pourquoi nous avons échoué. Nous savions que la série serait difficile. Nous les affronté à six occasions et ils ont compté seulement un but de plus que nous. Nous aurions dû être plus opportunistes et marquer plus souvent. »

Martinsen est peut-être attristé par les résultats des dernières séries, mais il demeure positif. Il ne cache pas qu’il aimerait bien revenir à Montréal la saison prochaine.

« Je ne sais pas encore où je vais jouer cet automne, mais j’aimerais bien rester avec le Canadien. Tout dépendra s’ils veulent encore de moi. L’avenir le dira. »

En attendant de connaître son avenir, le Norvégien a rejoint son équipe nationale à Paris pour les Championnats mondiaux de 2017. La Norvège a bien commencé le tournoi, samedi dernier, en vainquant la France par la marque de 3 à 2.

À son habitude, Martinsen a fait partie des échauffourées. À défaut d’avoir récolté des points, il a certainement dérangé les Bleus. L’ailier du Canadien a toutefois beaucoup de respect pour l’équipe française. Il lui a rendu honneur après le match.

« Ils ont très bonne équipe. Nous savions que ce match serait difficile à remporter. Ils jouent devant leurs partisans et ils se sont battus jusqu’à la fin. Nous avons dû jouer sur les talons jusqu’à la dernière seconde du match. »

Andreas et ses compatriotes ont toutefois frappé un mur hier lorsque la Suisse l’a blanchi au compte de 3 à 0. Le tournoi s’annonce donc pas facile pour le petit pays scandinave.

Un retour triomphal pour Damien Fleury

À Paris, Martinsen n’a pas passé inaperçu. Samedi, les Scandinaves ont joué dur avec les favoris de la foule. Quelques coups douteux ont attiré des huées soutenues du public français. Les Bleus ont tout de même joué un bon match. Cependant, malgré un superbe but de Stéphane Da Costa, ils sont restés blanchis au classement du groupe B jusqu’à hier.

Après le premier match contre la Norvège, les Français ont retrouvé leur aplomb. En ce jour d’élection, la France a ébranlé le monde et ce n’est heureusement pas en élisant Marine Le Pen. Les Bleus ont déculotté les Finlandais par la marque de 5 à 1. Le dernier but de cette France insoumise a été compté par Damien Fleury. Le natif de Caen s’est montré émotif après le match.

Damien Fleury« Après le match contre la Norvège, nous étions déçus. Nous étions stressés, car on jouait chez nous, en France. Ce n’était pas la bonne approche. Avant le match contre la Finlande, nous avons décidé de nous reprendre en main et de travailler en équipe. Nous avons cru en nos capacités et nous avons joué un gros match. Nous avions souvent perdu par un but contre la Finlande. Ce soir, nous avons gagné cette joute, et ce, par la marque de 5 à 1. C’est magique! »

Cette victoire est d’autant plus importante pour Fleury, puisqu’elle couronne un retour au jeu réussi. L’ailier français revient de loin. En fait, il revient de Chine. Le porte-couleur de l’Hexagone a fait partie de la première édition du Hc Kunlun Red Star de Beijing dans la KHL. Une histoire tout à fait rocambolesque.

Recruté durant les Mondiaux de 2016, à St-Pétersbourg, Fleury a accepté de s’embarquer dans la galère chinoise de la Ligue continentale. Créé en catastrophe durant le mois de juillet, le club a joué la majorité de ses matchs à Shanghai pour finalement terminer la saison dans sa ville hôte, Beijing. Heureusement, Kunlun a fini par se stabiliser et à se qualifier pour les séries éliminatoires au grand plaisir du Français.

« Au début, c’était difficile. Les choses se sont toutefois replacées et nous avons eu beaucoup de plaisir à nous battre pour une place en séries éliminatoires. C’était important, car nous sommes des pionniers, là-bas. Les Chinois ne connaissent pas beaucoup le hockey et nous devons avoir du succès pour attirer des gens. Déjà, en fin de saison, nous avons commencé à voir plus de partisans dans les tribunes. C’est bon signe. »

Avant d’arriver en Chine, Fleury a joué dans plusieurs pays d’Europe. Après avoir quitté les Bruleurs de Loups de Grenoble, le Français a évolué en Suisse, en Finlande, en Suère et aussi en Allemagne. Il a d’ailleurs passé la saison 2015-16 au sein des Wild Wings de Schwenninger de la DEL. Il avoue que la KHL est la meilleure ligue dans laquelle il a joué.

« Il y a des bonnes équipes dans toute l’Europe, mais tout est plus rapide dans la KHL. Il faut aussi noter que c’est un style de hockey différent. En Allemagne, on fait plus d’échecs avant et on fonce au filet. Dans la Ligue continentale, le jeu est plus basé sur le contrôle de rondelle et les passes. Les joueurs et l’exécution demeurent toutefois plus rapides dans la KHL. »

Membre de longue date de l’équipe de France, Fleury est conscient des avantages que la Ligue continentale lui apporte dans sa préparation pour les Mondiaux.

« D’affronter des adversaires plus rapides, c’est une excellente manière de garder la forme pour les compétitions internationales. Les joueurs font aussi moins d’erreurs en défensive. Il faut donc être plus créatif lorsque vient le moment de marquer les buts. La KHL est aussi devenue une ligue plus robuste que les autres circuits européens. Ça ne nuit pas non plus. »

Cet aspect de la KHL a toutefois failli couter cher à l’Équipe de France. Lors du dernier match de la saison régulière, contre le Dinamo de Moscou, Fleury a été blessé au genou. Il a donc raté les séries éliminatoires et on a douté de sa présence aux Mondiaux de Paris. Heureusement, le Français s’est remis à temps pour ce moment historique.

« J’étais très triste lorsque j’ai manqué les rondes éliminatoires avec Kunlun, mais je n’ai pas perdu de temps et j’ai tout de suite mis l’emphase sur ma rémission. Grâce à notre excellente équipe de médecins, j’ai pu me remettre sur pied et jouer aux Mondiaux. C’est vraiment génial d’être revenu au jeu dans les temps. »

Damien est maintenant en santé, mais il n’a pas encore de contrat garanti pour l’an prochain. De bons Championnats mondiaux ne lui feront donc pas de tord. Puisque cette compétition lui a permis de rejoindre la Ligue continentale en 2016, elle pourrait surement lui permettre d’y demeurer en 2017. On lui souhaite, car le Français ne s’en cache pas. Sa priorité, pour l’an prochain, demeure de se trouver un contrat dans la KHL.