Je vais être honnête, le nom de Jacques Martin ne m'était jamais venu en tête pour diriger le Canadien. Il était directeur général en Floride et j'aimais beaucoup l'option de Bob Hartley.

Par contre, lorsque j'ai appris cette nouvelle je ne voyais aucun problème avec cette décision et je considère qu'il s'agit d'un excellent choix.

Martin amènera un système et une bonne dose de discipline. C'est un entraîneur qui connaît les va-et-vient de tous ses joueurs et il aime contrôler son vestiaire alors il apportera cette dimension au Canadien.

C'est évident qu'il changera des choses au niveau de la discipline des joueurs à l'extérieur de la patinoire. D'ailleurs, il sait très bien tout ce qui s'est passé à Montréal même s'il travaillait sous le soleil de la Floride. Ce serait trop facile de mettre tout le blâme pour les problèmes disciplinaires de l'équipe sur Guy Carbonneau. Mais je peux vous assurer qu'il connaît exactement les difficultés vécues par certains jeunes à Montréal et il sera préparé pour cet aspect.

Il ne faut pas oublier que les joueurs du Canadien avaient du respect pour Carbonneau qui a évolué très longtemps dans la LNH. Mais il ne le connaissait pas vraiment en tant qu'entraîneur puisqu'il amorçait sa carrière dans cette fonction. Dorénavant, ils se retrouveront dans le vestiaire avec l'un des rares entraîneurs qui a remporté 500 victoires et qui a été nommé entraîneur de l'année en 1999. Le CV de Martin est assez impressionnant et il a seulement besoin d'obtenir une fiche impeccable en séries pour continuer dans sa glorieuse carrière. Je ne suis pas du tout inquiet par son dossier éliminatoire et Martin aura la chance de miser sur Carey Price. Je ne veux surtout pas discréditer tous les gardiens, il n'aura jamais eu un talent aussi sûr entre les mains.

Je peux vous assurer une chose, c'est terminé l'époque des joueurs qui critiquent l'entraîneur directement au directeur général ou aux journalistes. Le Canadien ne peut pas se permettre d'accepter cela, il faut jouer au hockey et avec Martin, ça ne chialera pas longtemps. Il traitera équitablement ses joueurs, il sera strict et il imposera de la discipline.

Gainey a déniché le bon entraîneur

Lors de la conférence de presse, on pouvait sentir la complicité entre Bob Gainey et Martin, un aspect crucial pour être engagé par un directeur général. Carbonneau avait également une bonne complicité avec Gainey. L'important s'avère que Gainey soit convaincu d'avoir déniché le bon candidat et je crois qu'il a réussi son objectif.

Le nouvel entraîneur du Canadien mérite l'occasion de diriger un match avant qu'on ne le critique et qu'on décortique son système. Après tout, Martin débarque à Montréal avec plus de 500 victoires et plus de 1000 matchs derrière la cravate.

Grâce à cette feuille de route, il en a vu d'autres et il a permis à de nombreux jeunes joueurs de progresser. Je pense notamment aux Marian Hossa, Daniel Alfredsson, Wade Redden et Jason Spezza… Il a donc prouvé qu'il était capable de favoriser le développement des jeunes.

Dès que l'on songe à Martin, on soulève immédiatement son style défensif. Il s'est défendu d'être un entraîneur axé uniquement sur la défensive et je peux vous confier que j'ai dirigé souvent contre lui et je craignais davantage ses joueurs de talent que son système défensif. Ceci prouve qu'il donne le feu vert à ses athlètes de talent.

Par contre, il exige que son système fonctionne pour tous ses joueurs : du marqueur de 50 buts à celui de 15 buts. Tout le monde évolue dans son système et j'apprécie cette approche.

En embauchant Martin, Gainey aura l'occasion de travailler avec un homme qui occupait la fonction de directeur général la saison dernière. Ce poste permet d'avoir une meilleure vision de la LNH. Lorsque tu es entraîneur, tu te concentres seulement sur ton équipe et celle que tu affrontes. En tant que DG, tu as une vision de ce qui se passe avec les 29 autres équipes ce qui peut faire la différence.

*Propos recueillis par Éric Leblanc