Malgré les prévisions plutôt pessimistes des amateurs et surtout des experts, le Tricolore vient de conclure la première moitié de la saison avec une fiche très respectable de 48 points en 41 parties.

Certains diront que c'est trois points de moins que l'an passé à la même étape et que la troupe de Guy Carbonneau n'avait pu se qualifier pour les séries.

C'est vrai. Mais le Canadien de cette année se comporte différemment de celui de l'an passé et il n'y a pas de raisons de croire que l'équipe s'écroulera de nouveau en deuxième moitié de calendrier.

"On forme un groupe différent. Nous sommes bien meilleurs et surtout plus solides en défensive. Je suis un meilleur entraîneur que l'an passé alors que je réagissais parfois lentement dans certaines situations. Cette année, je suis mieux préparé. Il y a aussi le fait que nous sommes en meilleure santé et beaucoup plus reposés", expliquait Guy Carbonneau jeudi dernier après le gain face au Lightning.

"On est plus reposés parce que je donne plus de journées de congé aux joueurs. On dirait que les jeunes veulent toujours être sur la glace. Ils nous disent qu'ils ne sont pas fatigués, mais ils le sont. Alors depuis un peu plus de trois semaines, je remplace les entraînements optionnels par des congés obligatoires", de poursuivre l'entraîneur-chef.

"J'espère qu'on a appris de nos erreurs de l'an passé et je ne vois pas pourquoi ce genre de choses se reproduiraient cette année", de dire Saku Koivu. Et le capitaine qui a souvent été remis en question pour son implication auprès des jeunes joueurs, a pris le temps de s'arrêter au casier de son coéquipier Carey Price, samedi, après sa contre-performance face aux Capitals.

Complètement démoli, le gardien recrue regardait devant lui perdu dans ses pensées, découragé d'avoir laissé tomber l'équipe. Les paroles de Koivu n'ont sûrement pas réussi à faire oublier ce match à Price, mais il demeure néanmoins qu'on ne voit pas souvent ce genre de geste lorsque le vestiaire est encore visité par une bonne demi-zouzaine de journalistes, surtout que quelques secondes plus tard, c'était au tour de Chris Higgins d'aller réconforter le jeune.

Jeudi soir, après la victoire contre le Lightning, le scénario était à l'opposé. Lorsque la meute s'est ruée vers Michael Ryder, tous les joueurs présents dans le vestiaire se sont payés sa tête. Je suis assez naïf pour croire que tout cela n'est pas de la poudre aux yeux et que le groupe de cette année est uni. Et un groupe uni peut causer des surprises.

Une équipe capable de marquer des buts

Contrairement à l'an passé, le Canadien a été en mesure de se fier sur des performances fiables de la part de ses deux gardiens même si Carey Price vient certes de connaître deux mauvais départs consécutifs.

Mais ce qui étonne le plus, c'est l'offensive de cette équipe sans grandes vedettes. Au début de la saison, seul le trio d'Andrei Kostitsyn, Tomas Plekanec et Alex Kovalev fonctionnait, mais depuis quelques temps c'est un peu tout le monde contribue.

Qui aurait pu prédire qu'à la mi-saison, seulement quatre formations auraient marqué plus de buts que Montréal (qui en revendique 126 pour une moyenne de 3,07 par partie)? "Moi je ne suis pas surpris du tout! Voilà ce que lançait Chris Higgins samedi après la défaite contre les Capitals. On avait déjà quelques leaders comme Saku et Alex, mais en plus des gars comme Andrei Kostitsyn et Tomas Plekanec sont devenus menaçants."

Et en plus, une bonne compétition s'est installée dans le vestiaire depuis les rappels de Maxim Lapierre, Ryan O'Byrne et Sergei Kostitsyn. La compétition s'annonce intéressante lorsque les blessés Bryan Smolinski et Steve Bégin seront aptes à revenir au jeu.

"Je pense que ça ne sera pas plaisant pour certains joueurs, mais pour nous ça va être le fun! On aura une meilleure équipe car les joueurs devront lutter beaucoup plus pour garder leur poste. Je pense aussi que nous avons actuellement quatre trios capables de produire offensivement, mais qui peuvent aussi très bien jouer défensivement. Pour un entraîneur c'est agréable car je n'ai plus nécessairement à toujours penser qui joue contre qui", d'analyser Carbonneau.

Mais quand même, tout est loin d'être parfait. À moins de pouvoir maintenir cette cadence à l'étranger, ce qui se veut une lourde commande, le Canadien devra trouver un moyen d'améliorer son rendement au Centre Bell où l'équipe, curieusement, ne joue que pour ,500. Puisque l'esprit d'équipe semble si solide, Carbo devrait peut-être convier ses joueurs à l'hôtel les jours où le Tricolore joue à domicile!