MONTRÉAL – P.K. Subban a disputé un gros match samedi soir face à Sidney Crosby et ses Penguins de Pittsburgh. Il a marqué un but. Un beau but sur un tir frappé de la ligne bleue. Son deuxième but de la saison. Son premier depuis le 24 octobre dernier. Il s’en est fait voler un autre par la mitaine rapide et agile du gardien Marc-André Fleury.

Au cours de la demi-heure qu’il a passée sur la patinoire – 30 min 1 s, sa troisième soirée la plus occupée cette saison après des utilisations de 30:33 et 30:04 – P.K. a décoché 8 des 54 tirs du Canadien. Il a touché la cible quatre fois sur les 34 tirs cadrés de son équipe. Il s’est colletaillé avec Crosby et tous les Penguins qui sont venus trop près de son filet ou qui lui ont fait la vie dure ici et là sur la patinoire.

En dépit du fait qu’il ait un peu aidé la cause des Penguins sur leur premier but – il n’a pu intercepter une rondelle dans le coin de la patinoire, rondelle que Phil Kessel a ensuite remise à Patric Hornqvist laissé fin seul devant Mike Condon –, P.K. a joué une très solide partie. Sa première vraie bonne depuis un bout de temps.

Mais après ce gros match qui lui a valu la troisième étoile, P.K. n’était pas content. Loin de là. Il n’a pas prisé la défaite de 3-1 encaissée aux mains des Penguins. Un revers qui stoppe à une de suite la séquence de victoire de son équipe pour la troisième fois de suite.

Un revers au cours duquel le Canadien a très mal paru en première période alors qu’il était haché finement par les Penguins. Un revers qui s’est très mal terminé alors qu’Andrei Markov a bousillé un jeu orchestré en zone offensive avec moins de 20 secondes à faire alors que le Canadien évoluait à six contre quatre. La bévue de Markov a non seulement empêché son équipe de niveler les chances, mais elle a permis aux Penguins de marquer dans un filet désert et de sceller l’issue de la rencontre.

« Par moment, on ressemblait aux Harlem Globetrotters », que P.K. a lancé en faisant une comparaison loin d’être jolie pour son équipe.

« On envoyait la rondelle tout partout sur la patinoire. Nous n’avons pas été assez bons en sortie de zone. Nous – lire les défenseurs – n’avons pas eu d’appui – lire de la part des attaquants – de la soirée. On faisait des passes à personne, parce que personne n’était disponible. On ne patinait pas non plus. À un moment donné, il faudra comprendre qu’on doit jouer d’une certaine façon pour gagner », que P.K. a ajouté.

Pas un marqueur!

Et si vous pensez que son but l’a apaisé, c’est tout le contraire qui est arrivé. À mon collègue Eric Engels du réseau Sportsnet qui lui demandait si ce but le soulageait, P.K. a répondu avec fracas : « Je me sacre – il a ajouté quelques jurons aussi – éperdument de ce but marqué depuis je ne sais pas combien de temps ».

Lorsque le collègue Engels a indiqué que ce premier but – après une disette de 33 parties – allait au moins dévier les questions associées à ce manque à gagner offensif, Subban a répliqué tout aussi sèchement : « Je ne suis pas un marqueur de but. Ce n’est pas à moi de marquer des buts », que Subban a tranché.

« Il n'y a pas d'histoire »

Quand P.K. Subban a enfilé les jurons dans cette réponse qui renvoyait la responsabilité de marquer ailleurs dans le vestiaire, le capitaine Max Pacioretty qui répondait alors aux questions des journalistes avec des caméras dirigées vers lui, a esquissé une moue en tournant la tête vers sa gauche en direction de son coéquipier défenseur.

Quoi penser de la sortie de P.K.?

Que le poids des défaites et du fait que le Canadien n’a pas collé deux gains de suite depuis les 25 et 27 novembre dernier commence à peser lourd sur les épaules du Tricolore.

Comme l’a dit Nathan Beaulieu après la victoire de mercredi aux dépens des Devils du New Jersey, une victoire, c’est un coup de chance, deux victoires, c’est une séquence. Pour le moment, le Canadien se contente d’être chanceux de temps en temps.

Et comme ce sont les Blackhawks qui seront les prochains adversaires du Tricolore, jeudi prochain au Centre Bell, il est loin d’être acquis que le Canadien pourra au moins se donner la chance d’amorcer une séquence victorieuse en battant Chicago.

Quoi penser de la réaction de Pacioretty qui était certainement un brin ou deux visé par P.K. Subban quand il parlait de ceux qui doivent marquer?

Que le capitaine – qui a lui aussi sorti les gros mots après une défaite avant Noël – n’a pas prisé la réaction de son coéquipier défenseur qui a choisi une bonne soirée personnelle pour haranguer le reste du club.

Tout ça pour dire que ça commence à vraiment mal aller pour le Canadien.

Duel de gardiens

Après une première période misérable – l’entraîneur-chef Michel Therrien a convenu que son équipe était intimidée par l’adversaire au premier tiers –, le Canadien a été meilleur en période médiane. Du moins offensivement alors qu’il a mis Marc-André Fleury à l’épreuve plus souvent qu’en première.

Les deux buts marqués aux dépens des Condon?

Il ne pouvait rien sur le premier. Rien de rien alors que Hornqvist a eu tout le temps au monde de faire le tour du gardien pour lancer son équipe en avant 1-0. Sur le deuxième? Greg Pateryn a pris la vilaine décision de quitter sa pointe pour aller intercepter un adversaire au centre de la glace... et du côté de Nathan Beaulieu. Ce pari très risqué a ouvert la voie à une échappée au terme de laquelle Bryan Rust a déjoué Condon avec un beau tir dans la lucarne à sa droite.

À ceux qui seraient tentés de dire que Condon aurait dû effectuer l’arrêt sur le but de Rust, j’aimerais ajouter que Condon a volé un, deux, voire trois buts aux Penguins hier. Il a peut-être mis un peu de moutarde sur l’arrêt aux dépens de Sidney Crosby – c’est du moins ce que Sid the Kid prétendait après la rencontre – et il a été chanceux que Phil Kessel rate un but ouvert en début de rencontre, mais sans la tenue de Condon, les Penguins auraient gagné beaucoup plus facilement.

À l’autre bout, Marc-André Fleury a été solide. C’est vrai. Ses 33 arrêts lui ont permis de signer sa 20e victoire en carrière en saison régulière contre le Canadien (20-11-3), mais Condon n’avait rien à envier au gardien québécois en fait de performance.

Condon a fait le travail... lui

Mike Condon a été le meilleur du Canadien samedi.

ContentId(3.1168416):Canadiens: Mike Condon sort la mitaine sur Sidney Crosby!
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Devant P.K. Subban.

Derrière, on peut souligner les efforts et l’implication des Lars Eller, David Desharnais, Paul Byron, Mark Barberio et Brian Flynn.

Mais aucun signe de Max Pacioretty et Tomas Plekanec qui ont disputé un match très ordinaire samedi soir. Un autre. Pas assez de résultats de la part de Galchenyuk non plus.

En fait pas assez de résultats de la part du Canadien au grand complet. Et c’est pour cette raison qu’il a perdu aux mains des Penguins qui eux, globalement, ont disputé un bien meilleur match de hockey. Un match au cours duquel leurs meilleurs éléments se sont distingués alors que dans le camp du Canadien on a passé plus de temps à chercher les meilleurs éléments qu’à noter ce qu’ils faisaient de bien et de bon.

Ça explique peut-être un peu la sortie de Subban.

Encore faudrait-il que P.K. soit le premier à offrir des matchs comme celui de samedi sur une base plus régulière. Car depuis que les choses se sont mises à mal aller dans le camp Tricolore, on ne peut pas dire que Subban ait toujours prêché par l’exemple. Qu’il ait assumé pleinement son rôle de leader, de pierre d’assise de la défense en l’absence de Carey Price.

Pas question de faire porter l’odieux des défaites à Subban. Ça non. Il est loin d’être le pire joueur du Canadien depuis la glissade amorcée avant Noël. Mais il peut certainement en donner plus. Bien plus. De fait, ses coéquipiers sont en droit de s’attendre à beaucoup plus de sa part.

Ce qui explique peut-être un peu la réaction de Pacioretty.

Comme quoi le Canadien a du gros travail à faire autant sur la glace que dans le vestiaire pour redevenir l’équipe hop la vie qui gagnait le sourire aux lèvres en début de saison.

C’est congé dimanche.

Le Tricolore aura ensuite trois jours pour se reprendre en mains, pour retrouver sa confiance et un brin ou deux de cohésion afin d’au moins se donner des chances de gagner jeudi contre Chicago.