Aux portes d’un « heureux problème »
Canadiens lundi, 15 déc. 2014. 16:37 mercredi, 11 déc. 2024. 21:08Michel Therrien utilise souvent l’expression « c’est un heureux problème », quand il fait référence à un surplus de joueurs et aux décisions pas toujours faciles qui s’imposent en pareille circonstance. Quand Lars Eller sera prêt à revenir au jeu et s’il n’y a pas d’autres blessures ou maladies quelconques à ce moment, l’entraîneur du Canadien fera donc bientôt face à un autre « heureux problème » : celui de muter l’un de ses cinq joueurs de centre à l’aile et par ricochet, de laisser de côté un joueur ou de signifier un renvoi à Hamilton pour un autre. Simple, dites-vous? Pas si sûr, mes amis!
En acceptant la prémisse que Tomas Plekanec et Manny Malhotra sont immuables à leur poste respectif, il reste d’abord à tenter de deviner qui d’Alex Galchenyuk, David Desharnais ou Eller sera retiré de la position de centre et par la suite, lequel des douze attaquants actuels deviendra le « treizième ». La solution « facile » serait de ramener Galchenyuk aux côtés de Plekanec, de replacer Desharnais avec Pacioretty et de retourner Sven Andrighetto à Hamilton. Publiquement, ça se défendrait assez bien en disant que Galchenyuk n’est pas encore prêt pour y jouer de façon permanente, que Desharnais a compris le message et qu’Andrighetto a montré de bien belles choses, mais qu’il doit encore en apprendre davantage dans la Ligue américaine.
Or, je ne suis pas sûr que les décideurs du Canadien iront dans cette direction. Quand Michel Therrien a commenté la mutation de Galchenyuk aux côtés de Pacioretty, il a clairement parlé d’un processus durable, qu’il était prêt à se montrer patient envers son jeune surdoué, que le temps était venu de lui confier la mission pour laquelle il fut principalement repêché en 2012. Après avoir fort bien paru mardi dernier contre les Canucks de Vancouver, Galchenyuk fut plutôt discret contre les Kings, vendredi. Ce n’est quand même pas un échantillon suffisant, à mon avis, pour mettre fin à l’expérience. Loin de là!
Lars Eller, selon moi, a tous les arguments pour revendiquer de rester au poste de troisième centre de l’équipe. Je sais qu’il ne fait pas l’unanimité et qu’il est toujours en mode développement, mais on sent que les choses se précisent assez bien dans son cas. Avant sa blessure, son rythme de production offensive le menait allègrement vers une saison de 20 buts, il passait en moyenne près de 15 minutes par match sur la patinoire et avait remporté tout près de 60 % de ses mises en jeu. Ce sont des chiffres parfaitement dans le ton pour un rôle semblable. Il commet encore trop de revirements, d’accord, mais il y a quand même une amélioration visible de ce côté. Eller possède aussi deux atouts importants : sa vitesse et son physique imposant. Cela dit, il a déjà joué à l’aile, mais il préfère de loin le poste de centre. Par ailleurs, n’oublions pas que Marc Bergevin lui a consenti une prolongation de contrat qui le lie avec l’équipe jusqu’en 2017-2018 et qu’il s’agit là d’une marque de confiance indéniable.
On revient donc à Desharnais. Autant il a paru secoué mardi dernier en pivotant le troisième trio, autant il a disputé un très fort match vendredi soir. En fait, lui et ses compagnons de trio ont donné un excellent complément offensif à Michel Therrien au moment où la principale unité se faisait plutôt discrète. Desharnais est un athlète fier, qui a surmonté toutes les embûches au cours de sa carrière, il a connu un début de saison encore plus laborieux l’an dernier et s’en est sorti avec les grands honneurs. Rien ne prouve qu’il ne puisse en faire autant, à nouveau, à compter de maintenant. Rappelons que dans son cas aussi, le Canadien s’est montré généreux et confiant en lui accordant un pacte qui tient encore jusqu’en 2016-2017!
Autre élément de discussion intéressant : que faire de Sven Andrighetto lorsque tous les attaquants seront en santé? Jusqu’ici, le jeune joueur suisse a pleinement mérité de garder sa place aux côtés de Plekanec et Jiri Sekac. Sa vitesse, sa vision du jeu et sa créativité en font un complément idéal aux côtés des deux autres. Va-t-il ainsi reléguer Michaël Bournival, compte tenu du fait que le quatrième trio semble scellé de façon très hermétique?
Voici donc Michel Therrien aux portes d’un autre « heureux problème ». Je me demande sincèrement dans quelle direction il va trancher. Car si la situation est positive en soi, il s’agit malgré tout d’un méchant casse-tête! Et au moment du dénouement, il y aura forcément un joueur qui n’en sera pas exactement heureux!
Heureux dénouement chez McLaren
Il y avait aussi un « heureux problème » au sein de l’écurie McLaren, qui a finalement été réglé de la bonne façon, selon l’ensemble des observateurs. À partir du moment où le grand retour de Fernando Alonso n’était plus un secret et que l’idée d’écuries à trois voitures fut abandonnée, il restait donc à choisir qui serait son compagnon d’armes. Et ce fut certainement très difficile de trancher entre la vaste expérience et l’immense popularité de Jenson Button et l’indéniable talent brut du tout jeune Kevin Magnussen. McLaren a opté pour Button, en confiant le rôle de pilote de réserve à Magnussen. Un dénouement pleinement sensé sur tous les fronts.
Dans le contexte d’un grand virage marqué par le retour de Honda en F1, McLaren a choisi de profiter pleinement des vastes connaissances et du talent inestimable des deux anciens champions. L’écurie profitera aussi d’une complémentarité extraordinaire avec ses deux pilotes. Alonso, l’explosif, pourra donner un merveilleux son de cloche sur les capacités du nouveau Honda; Button, le métronome, pourra témoigner de la qualité de la nouvelle monoplace et collaborer à son développement. Magnussen, parfois brouillon à sa première saison, pourra quant à lui peaufiner son pilotage et parfaire ses connaissances et être beaucoup mieux préparé quand un siège sera disponible. Tout le monde y gagne finalement.
Raison de plus pour avoir hâte à mars prochain!