J’ai été estomaqué quand j’ai pris connaissance de l’évaluation d’un panel d’experts concernant les entraîneurs de la Ligue nationale qui ont la cote en vue de l’attribution du trophée Jack Adams.

L’entraîneur des Blue Jackets de Columbus, John Tortorella, était bon premier, avec raison. Aucun problème non plus avec la seconde place de Bruce Boudreau, du Wild du Minnesota. Pas plus qu’avec Mike Babcock, de Toronto, au troisième rang. J’ai cherché le nom de Michel Therrien que j’ai trouvé au huitième rang, à égalité avec Guy Boucher, des Sénateurs.

Chaque année, l’histoire se répète. Therrien n’est jamais très populaire auprès des journalistes des autres villes du circuit. En quatre ans depuis son retour à Montréal, le Canadien a terminé au deuxième rang dans l’Est en deux occasions. À Pittsburgh, il a aussi conduit les Penguins au deuxième rang dans l’Est, en plus d’avoir perdu en finale de la coupe Stanley contre les Red Wings de Detroit. Pourtant, on perdrait du temps si on cherchait son nom parmi les gagnants ou finalistes au trophée Jack Adams. Guy Carbonneau a été finaliste à Montréal, mais pas lui.

Le Canadien trône actuellement au sommet de la section Atlantique. Il est quatrième dans l’Est. Dans l’Ouest, il ne serait devancé que par le Wild. Cette performance fort respectable a été accomplie même si des joueurs clés ont été durement frappés par des blessures et même si Carey Price a été étrangement très irrégulier. La formation évolue actuellement sans l’aide de quatre éléments qui participent généralement aux supériorités numériques: Galchenyuk, Gallagher, Markov et Desharnais. Ces quatre joueurs — et un cinquième, Andrew Shaw — ont manqué un total combiné de 81 matchs. Et nous ne sommes qu’en janvier.

Néanmoins, Therrien a gardé son équipe au plus fort de la course. Le Canadien a joué d’une façon inspirée, notamment durant une récente séquence de matchs à l’étranger au cours de laquelle on s’attendait à le voir dégringoler au classement. Depuis le début de la campagne, on est parvenu à créer une attitude positive qui se manifeste assez clairement à l’heure des coups durs. Chaque fois qu’un joueur entre à l’infirmerie pour y rester un bon moment, personne ne semble abattu. Chaque fois que cela pourrait leur servir d’excuse, on ne l’utilise pas. Les joueurs donnent l’impression de ne pas en tenir compte. Il s’agit d’un changement de culture marqué sur l’an dernier alors qu’ils avaient été nombreux à baisser les bras dans l’adversité. Ce n’est pas toujours facile à créer une attitude générale comme celle-là.

Il faut bien que quelqu’un soit responsable de ce changement radical sur l’an dernier. Autour de la ligue, ils ne sont pas nombreux à en accorder le crédit à Therrien.

Récemment, à l’occasion d’une conversation à bâtons rompus avec l’ex-directeur général Serge Savard, il a été question du rendement du Canadien et de la chimie qui existe entre Marc Bergevin et Therrien. S’il veut survivre dans ce métier, c’est important qu’un entraîneur puisse jouir de l’appui inconditionnel de son patron. Dans cet ordre d’idée, Savard y est allé d’une remarque audacieuse que personne n’a songé à émettre dans un contexte aussi délicat que la transaction Subban-Weber.

Parce que le comportement général de Subban constituait une source de distraction dans le vestiaire et parce qu’il compliquait sérieusement le quotidien de l’entraîneur qui ne parvenait pas à le faire rentrer dans le rang, Bergevin a réglé radicalement le problème, selon Savard.

« Il s’est retrouvé dans l’obligation de trancher entre Subban et Therrien et il a choisi l’entraîneur », m’a-t-il dit.

Une décision qui n’est pas dépourvue de sens quand on y pense. Elle permet d’expliquer en bonne partie pourquoi les joueurs sont davantage à leurs affaires cette saison. Bien sûr, Shea Weber y est lui-même pour beaucoup dans ce changement grâce à l’attitude business qu’il a importée de Nashville, mais si Bergevin n’avait pas mis ses culottes, en prenant la décision la plus osée de la dernière période estivale, qui sait si le vestiaire serait autant à son affaire cette saison? Qui sait où serait Therrien en ce moment?

Ils sont peu nombreux les directeurs généraux qui auraient résisté à la tentation de remercier leur entraîneur pour satisfaire les moindres caprices d’un joueur vedette.

Un oublié?

Julien Brisebois, l’adjoint au directeur général Steve Yzerman, du Lightning de Tampa Bay, a eu 40 ans hier. Malgré son jeune âge, ce brillant administrateur devrait déjà avoir été approché pour un boulot de DG dans la Ligue nationale, lui qui a été jusqu’ici le directeur général des filiales du Lightning et du Canadien dans la Ligue américaine. Sous sa gouverne, les Bulldogs de Hamilton et le Crunch de Syracuse ont tous les deux remporté la coupe Calder.

Peut-être que le nom de Brisebois n’est pas suffisamment vendeur au niveau de la Ligue nationale, mais on a vu passer des hommes de hockey moins compétents et au jugement moins sûr que le sien à ce niveau. Croyez-vous que cet avocat de formation, qui a fait ses classes durant neuf ans avec le Canadien, aurait laissé les Islanders s’enliser de cette façon, par exemple?

Je vous laisse libre d’y répondre.

Letang n'y sera pas souvent

Belle initiative de la Ligue midget AAA d’instituer le trophée Kristopher Letang qui sera dorénavant remis au défenseur par excellence du circuit. Le séjour de ce guerrier durant deux saisons avec les Gaulois du collège Antoine-Girouard, à Saint-Hyacinthe, n’a pas été oublié et le fait qu’il soit devenu un défenseur de premier plan dans la Ligue nationale n’étonne personne.

Chaque printemps, dans le cadre du gala annuel de la Ligue midget AAA, ceux qui ont donné leur nom aux différents trophées sont invités à en faire la présentation aux lauréats. Or, tant que Letang évoluera avec les Penguins, on ne risque pas de le voir participer à cet évènement. Au printemps, il est toujours très occupé à tenter de gagner la coupe Stanley.

Des condoléances

Je veux offrir mes plus vives sympathies à Donald Beauchamp, vice-président du Canadien, à l’occasion du décès de sa mère. Madame Pierrette Beauchamp, qui était en bonne forme malgré ses 84 ans, a été foudroyée par une crise cardiaque. Elle avait cinq enfants, 26 petits-enfants et six arrière-petits-enfants. Elle était l’épouse depuis 60 ans de Fernand Beauchamp, le frère du regretté pionnier du journalisme sportif québécois, Jacques Beauchamp.