TAMPA - Après ses 19 matchs de saison régulière, mais plus encore au terme des 12 parties disputées en séries éliminatoires, il était évident que le Canadien avait grand besoin de Jeff Petry pour solidifier sa brigade défensive.

La question était de savoir si Petry avait besoin du Canadien pour être heureux.

On a eu la réponse mardi alors que le Tricolore et le défenseur américain de 27 ans ont annoncé s’être entendus sur les modalités d’un contrat de six ans qui permettra à Petry de s’enrichir de 33 millions $.

Ce contrat est bon pour tout le monde. Pour Petry bien sûr puisqu’il passe à la caisse, mais plus encore pour le Canadien et son directeur général qui ont fait coup double en s’entendant avec le défenseur acquis des Oilers d’Edmonton à la date limite des transactions. Non seulement Bergevin a réussi à garder Petry à Montréal, mais il l’a fait à bon prix considérant que le défenseur droitier aurait certainement pu signer un contrat plus lucratif cet été s’il avait décidé de profiter du marché des joueurs autonomes.

Pour réaliser ce coup double, Bergevin a eu de l’aide : l’aide des quelques joueurs du Tricolore qui ont souligné à quel point ils tenaient à revoir Petry dans le vestiaire l’automne prochain; l’aide des partisans qui ont permis à Petry de goûter aux joies de la victoire à Montréal et de surfer sur la frénésie qui s’empare des partisans une fois leurs favoris en séries; l’aide de Montréal qui a conquis le cœur de madame Petry au point de vouloir s’y installer pour les six prochaines années et peut-être plus encore, car à 33 ans, alors que son contrat prendra fin, Petry devrait avoir encore du bon hockey à offrir.

On verra.

« Du moment que je me suis présenté à Montréal, j’ai tout aimé : l’équipe, mes coéquipiers, l’organisation au grand complet. Mon premier match au Centre Bell à titre de joueur du Canadien – il y avait disputé quelques rencontres dans l’uniforme des Oilers d’Edmonton – a été une expérience mémorable. Mon premier match de séries l’a été plus encore. J’ai vite réalisé que je pourrais faire partie de cette organisation pour longtemps et que je m’y plairais. Avec un gardien de premier plan comme Carey Price, avec Max Pacioretty qui peut marquer des buts, je sais que notre équipe est près du but », a expliqué Jeff Petry lors d’une conférence téléphonique qui a suivi l’annonce de sa mise sous contrat.

Jeff Petry est conscient que le marché des joueurs autonomes aurait pu lui apporter plus. Et je suis convaincu que son agent le lui a rappelé plusieurs fois. Mais comme Petry l’a plusieurs fois répété, il n’a jamais été tenté de mettre le Canadien en attente simplement pour voir ce que le premier juillet lui apporterait en fait d’offres.

« Dans ma tête et celle de mon épouse, il était clair que nous restions ici. Dès que les offres sont tombées sur la table, je me suis assuré de mener à bien les négociations sans jamais songer à ce que je laissais sur la table en fermant la porte à l’autonomie complète. Le fait que des gars aussi importants que Carey Price et P.K. Subban m’aient indiqué à la fin de la saison qu’ils espéraient me voir m’a beaucoup touché. Et cela a joué un rôle c’est évident. Mais j’aime l’organisation. J’aime le style de jeu qui est associé au mien soit de relancer rapidement l’attaque en misant sur des mouvements rapides et le contrôle de la rondelle. J’ai trouvé à Montréal un club au sein duquel je me sens bien. Une organisation de premier plan. Des partisans engagés. Une ville qui nous plaît. Je n’avais pas à chercher ailleurs. »

Un contrat qui annonce des départs?

J’ai hâte de voir avec qui Petry évoluera l’an prochain.

Si le Canadien peut dénicher un défenseur pour évoluer avec P.K. Subban au sein du premier duo – pas sûr que Nathan Beaulieu soit prêt pour relever pareil défi – Petry pourrait compléter un excellent duo avec Andrei Markov qui serait un brin moins sollicité, ce qui lui permettrait d’être deux brins meilleurs en fin de saison et en séries. Si le Canadien accède aux séries l’an prochain bien sûr.

Mais voilà.

Avec Petry mis sous contrat pour un montant raisonnable – moyenne de 5,5 millions $ pour les six années du contrat – considérant l’escompte que le défenseur américain lui a consenti, Marc Bergevin n’a pas beaucoup de marge de manœuvre pour composer avec le plafond salarial.

En attente du plafond final, on peut spéculer sur le fait que Bergevin aura entre cinq et sept millions $ pour mettre sous contrat Alex Galchenyuk et Nathan Beaulieu qui sont ses deux joueurs autonomes – avec compensations – les plus importants à garder au sein de son organisation. Il devra aussi décider du sort qu’il réserve à Brian Flynn et Torrey Mitchell qui sont aussi sans contrat en vue de la saison prochaine.

S’il sera déjà difficile de mettre ces quatre joueurs sous contrat tout en respectant le plafond, comment alors Bergevin pourra-t-il solliciter les services d’un autre défenseur de premier plan, d’un ailier droit pour renflouer son flanc le plus faible en attaque ou de partir en quête d’un vrai premier centre?

Des défis impossibles à relever dans les paramètres actuels.

D’où les spéculations selon lesquelles la mise sous contrat de Petry et les besoins encore bien réels du Canadien pour s’assurer qu’il maintiendra sa progression au lieu de régresser la saison prochaine annoncent des départs imminents. Des départs surtout nécessaires pour faire de la place sous le plafond.

La défense est solidifiée

Alexei Emelin et son salaire qui gruge 4,1 M$ sous le plafond pour les trois prochaines années est un candidat intéressant pour changer de camp, car des équipes pourraient être intéressées à ses services.

Ce qui est moins évident avec Andrei Markov qui est encore sous contrat pour deux ans – 6 millions $ l’an prochain et 4,25 millions $ dans deux ans – à un salaire qui ampute la masse de 5,75 millions $ par année.

Tom Gilbert permettrait de donner une marge de 2,8 millions $ si le Canadien trouvait preneur autour de la LNH et Brandon Prust offrirait 2,5 millions $ à Marc Bergevin s’il passait à une autre formation.

Pas de quoi ajouter le contrat d’Evgeni Malkin à la liste de paie du Canadien.

Alors qui?

Il ne faudrait pas se surprendre que le nom de Tomas Plekanec – oui encore une fois cette année – soit mentionné comme candidat potentiel à une transaction. Car à 5 millions de salaire l’an prochain – et 5 millions sous le plafond – il demeure un joueur très facile à échanger, car plusieurs formations le prendraient sous leur plafond et surtout au centre de leur deuxième ou troisième trios.

Mais le Canadien peut-il vraiment se passer de Plekanec?

La réponse viendra au cours de l’été. Car s’il est clair que le Canadien a besoin de renfort à l’attaque – les séries l’ont démontré avec éloquence – il faudra d’abord que Marc Bergevin puisse modeler une structure financière qui lui permettra de trouver ce renfort.

Ce qui n’est pas le cas en ce moment.

Au-delà ce problème évident, la mise sous contrat de Jeff Petry pour six ans et 33 millions $ demeure un excellent coup et à bon coût pour le Tricolore.