Jean Béliveau a occupé un rôle prépondérant de la grande famille du Canadien de Montréal pendant six décennies, une implication remontant à ses débuts comme joueur en 1952. Naturellement, lorsque s’éteint un tel monument de l’histoire sportive québécoise, un homme ayant marqué des vies, les témoignages de ceux qui ont eu le privilège de le côtoyer fusent de toutes parts.

Le grand Mario Lemieux, dont le style gracieux a parfois été comparé à celui de M. Béliveau, a réagi ainsi. 

« Au-delà d’avoir été l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de la LNH, Jean Béliveau était la classe en personne. Il a été un héros de plus d’une génération de Québécois et d’amateurs de hockey de partout. Notre sport a perdu un grand ambassadeur et on s’ennuiera de lui. »

« Merci beaucoup, monsieur Béliveau »

L’ancien entraîneur-chef du Canadien Jacques Demers s’est dit attristé de la nouvelle du décès de M. Béliveau, un homme qui l’a profondément marqué dès les premières rencontres entre les deux hommes de hockey.

 « Il y a évidemment une tonne de souvenirs pour le peuple québécois en entier. Personnellement, je me souviendrai qu’on a remporté la Coupe Stanley ensemble. Il était alors vice-président du Canadien. Je me rappelle de ma première rencontre avec lui lors de mon embauche », a-t-il raconté en conversation téléphonique à RDS.

« J’étais entré dans son bureau du Forum et il m’avait simplement dit ‘Bienvenue chez nous!’ Je lui avais répondu ‘Merci M. Béliveau’ mais il avait insisté pour que je l’appelle Jean. On se met à discuter un peu de hockey, et en terminant je quitte en lui disant une fois de plus ‘Merci M. Béliveau’. Comme quoi il y avait un énorme respect pour ce grand Monsieur qu’était Jean Béliveau. »

Celui qui occupe aujourd’hui les fonctions de sénateur a rappelé que la carrière de hockeyeur et la conduite exemplaire de Jean Béliveau ont fait de lui un être adoré pas seulement dans sa province natale, mais partout à travers le monde.

« Il était un homme unique. Oui, une idole pour les Québécois, un homme des plus respectés, mais également un ambassadeur du hockey à l’échelle internationale. Il va y avoir des démonstrations d’affection provenant d’un peu partout dans le monde. Depuis l’annonce de son décès, j’ai reçu des appels de gens de Toronto, de Calgary. Ça va bien au-delà du Québec et des francophones. »

Digne dans la maladie

Son ami Réjean Houle, ancien joueur et dirigeant du Canadien, a salué l’œuvre d’un homme authentique possédant de grandes qualités humaines et des valeurs exceptionnelles.

« Le plus grand ambassadeur »

« Depuis les dernières années, il était affecté par la maladie. Il a dû se battre sans relâche contre tous ces ennuis de santé, mais il l’a toujours fait avec énormément de dignité », a souligné M. Houle, de passage dans les studios de RDS.

« C’est un personnage hors norme qu’on perd. Toute la famille du Canadien est ébranlée et affectée par cette nouvelle. M. Béliveau a été un grand personnage, un homme de famille humble, un homme de parole, prêt à aider son prochain à tout moment. C’est vraiment un monument qui nous a quittés », a-t-il martelé.

Un modèle pour un jeune capitaine

En tant qu’ancien capitaine du Tricolore, Vincent Damphousse s’est remémoré ses premières rencontres avec M. Béliveau, au début des années 1990. Il admet qu’il a rapidement trouvé un modèle de calme et de prestance auquel il n'a jamais cessé de s'identifier.

« J'ai beaucoup appris de monsieur Béliveau »

« Je me souviens de mon arrivée avec le club en 1992. Les anciens grands joueurs du Tricolore, dont M. Béliveau, étaient très présents dans l’entourage de l’équipe. On ne pouvait faire autrement que sentir qu’on avait une responsabilité. C’était un sentiment unique que d’entrer dans ce vestiaire, sachant qui était passé par là », a-t-il confié.

« Avant d’être nommé capitaine du Canadien, j’ai passé cinq ou six saisons avec l’organisation. J’ai eu le temps d’apprendre juste en regardant M. Béliveau se comporter. Pour moi, il est le modèle par excellence. Il était toujours d’un respect exemplaire, d’un grand calme, et le meilleur pour fraterniser avec les partisans. Il imposait le respect par sa prestance », a souligné l’ancien no 25 du CH.

Le grand no 4 du Canadien dégageait calme, élégance et charisme, et il n’avait jamais besoin de faire entendre sa voix plus fort qu’un autre pour y parvenir.

« Je n’ai jamais vu M. Béliveau perdre sa contenance ou élever le ton. Il avait cette qualité fascinante d’être un rassembleur sans même avoir à parler. Ça se faisait tout naturellement, et c’est ce que je retiens de lui. »

Que de l'admiration

Le commissaire de la Ligue nationale de hockey Gary Bettman a pour sa part tenu à rendre hommage à un hockeyeur ayant marqué l'imaginaire collectif, un homme qui a su représenter le Canadien avec une distinction et une grâce peu communes.

« Aucune image, aucune feuille de statistiques ne peut rendre justice à la grandeur de Jean Béliveau. Son élégance et son talent sur la patinoire lui ont valu l'admiration de la planète hockey, tandis que sa grande humilité et ses qualités humaines lui ont valu les accolades de tous les partisans de notre sport », a-t-il mentionné dans un communiqué.

« Le départ de M. Béliveau laisse un vide immense. Alors que le hockey tout entier est en deuil, nous devons apprécier ce qu'il nous a légué de plus beau : sa force de caractère, sa dignité et sa grande classe. »

Au Minnesota, l’attaquant du Wild, Jason Pominville, était attristé par cette histoire.

« Il a été un homme spécial pour tous les gens du Québec, il représente tellement pour la population et pour le monde du hockey. C’est une nouvelle très triste, mais on va se rappeler de lui extrêmement longtemps », a déclaré le sympathique joueur.

Même s’il a évolué dans la LNH à une époque complètement différente, Pominville saisissait l’ampleur de ce personnage.

« Il a représenté le Canadien pendant de nombreuses années (même après sa carrière de joueur). C’est un modèle pour moi et plusieurs personnes », a convenu Pominville qui a discuté du sujet du jour avec ses coéquipiers et ses entraîneurs mercredi.

Pominville n’a pas eu le privilège de rencontrer M. Béliveau, mais il accorde une grande importance à un souvenir qu’il possède de ce meneur incontesté.

« Ma femme avait réussi à m’avoir une photo encadrée avec une dédicace personnalisée de sa part. C’est un souvenir précieux pour moi », a précisé l’athlète de 32 ans.

Un mot du Premier ministre

Le Premier ministre du Canada Stephen Harper a également réagi en matinée au décès du légendaire capitaine du Canadien.

« Affectueusement surnommé 'Le Gros Bill', M. Béliveau était tout simplement l’un des joueurs les plus talentueux et les plus courtois de l’histoire de ce sport », a affirmé l'homme politique.

« Il était également un philanthrope qui contribuait à la Société Alzheimer et aux Grands frères et Grandes sœurs, ainsi qu’à une multitude d’activités destinées aux enfants handicapés, notamment par le biais de la Fondation Jean Béliveau. »

« Nous nous souviendrons de M. Béliveau comme d’un géant du hockey, qui a inspiré un pays grâce à son talent exceptionnel, à son humilité et à son véritable amour du hockey. Son héritage demeure bien vivant, grâce aux records qu’il a établis, aux innombrables hockeyeurs qu’il a inspirés et à l’amour profond qu’il vouait à sa province, le Québec. »

Pour le premier ministre du Québec, Béliveau était un grand homme, pas seulement en raison de ses performances inoubliables sur la glace, mais aussi pour l'image forte qu'il renvoyait aux Québécois d'eux-même.

« L'ensemble des Québécois a du chagrin aujourd'hui », a-t-il ajouté.

Il s'est rappelé sa première rencontre avec le célèbre joueur.

« À 13 ans, première fois, j'étais allé me cacher derrière le Forum pour attendre les joueurs après leur pratique. En 1970. Puis, j'avais réussi à avoir un autographe de chaque joueur, incluant le sien », s'est remémoré M. Couillard, le sourire dans la voix en racontant ce souvenir. Une expédition près du Forum que beaucoup de petits garçons et de filles au Québec ont aussi faite.

« Ce qui m'a frappé, c'est que je l'ai retrouvé des années plus tard, où j'ai eu un autre autographe, puis l'écriture n'avait absolument pas changé », a-t-il confié.

« C'était un grand Québécois, pas seulement pour le sport, mais aussi pour l'image encore une fois qu'il renvoyait aux Québécois d'eux-mêmes. »

L'Assemblée nationale a d'ailleurs observé une minute de silence en sa mémoire mercredi matin, après que tous les partis lui eurent rendu hommage.

Les nombreuses réactions au décès de l'ancien capitaine du Canadien, survenu à Longueuil mardi soir à l'âge de 83 ans, montrent que l'homme a marqué l'imaginaire de plusieurs générations.

Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, un fervent amateur de hockey, l'a qualifié de « véritable légende ».

« Affectueusement surnommé 'le Gros Bill', M. Béliveau était tout simplement l'un des joueurs les plus talentueux et les plus courtois de l'histoire de ce sport. Ses habiletés bien connues à titre de joueur de centre - y compris son coup de patin et son incroyable maniement du bâton - n'ont peut-être été surpassées que par son esprit sportif à toute épreuve et son comportement exemplaire sur la patinoire comme à l'extérieur. »

M. Harper a aussi rappelé qu'il était également un philanthrope qui contribuait à la Société Alzheimer et aux Grands frères et Grandes surs, ainsi qu'à une multitude d'activités destinées aux enfants handicapés, notamment par le biais de la Fondation Jean Béliveau.

« Son héritage demeure bien vivant, grâce aux records qu'il a établis, aux innombrables hockeyeurs qu'il a inspirés et à l'amour profond qu'il vouait à sa province, le Québec », a souligné le premier ministre.

Son bureau a d'ailleurs annoncé que les drapeaux des édifices fédéraux au Québec seront mis en berne en l'honneur du grand capitaine.

Pour le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) à Ottawa, Thomas Mulcair, Jean Béliveau « était un homme extraordinaire, un athlète hors pair et quelqu'un qui a toujours su mener en donnant l'exemple ».

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, l'a appelé un « géant au grand coeur ».

« Les gens de ma génération, on a grandi avec lui. On se souvient tous des matchs du samedi soir ou on se souvient que le capitaine, c'était Jean Béliveau ».

Il s'est rappelé avec affection la visite du joueur dans sa ville de Sainte-Anne-de-Bellevue. Faisant alors partie d'un corps de clairons et tambours, François Legault se rappelle avoir appris la chanson 'Le Gros Bill' en son honneur.

Le député péquiste Pierre Karl Péladeau aussi écoutait religieusement la « Soirée du hockey ».

Il se rappelle le calibre du joueur : « C'était Jean Béliveau le compteur toutes étoiles ».

« Après sa carrière de hockeyeur, ça a été aussi le symbole de l'intégrité. Un homme d'une intégrité sans faille et un homme qui est une source d'inspiration pour les Québécois », a ajouté le député péquiste de Saint-Jérôme.

La députée Manon Massé, de Québec Solidaire, a affirmé voir la mesure de l'homme et « son empreinte sur notre peuple ».

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a soutenu que M. Béliveau avait été une inspiration pour tous, qu'il avait été un gentleman. « Malgré son succès incroyable, il est toujours resté très accessible et près de ses nombreux admirateurs. Son parcours exemplaire continuera d'inspirer les générations à venir », rappelle le maire.

Le propriétaire des Canadiens de Montréal, Geoff Molson, a écrit dans un communiqué que tous les membres de l'organisation étaient profondément peinés et touchés par le décès de Jean Béliveau. Il a ajouté que la contribution de cette célébrité au développement du hockey et de la société avait été immense.

M. Molson a aussi mentionné que son organisation avait accepté de se charger des cérémonies qui se dérouleront au cours des prochains jours.

La ville de Longueuil, où habitait M. Béliveau jusqu'à sa mort, a prévu plusieurs cérémonies pour honorer son célèbre résidant.

Une veillée aux chandelles aura lieu vendredi au Colisée Jean-Béliveau devant la statue de bronze à son effigie. Des séances de signatures sont prévues au Colisée et à l'hôtel de ville dès ce mercredi. Le conseil municipal lui rendra aussi hommage mardi soir prochain.