Bien malin celui ou celle qui peut lancer sans risque de se tromper que Martin Brodeur a disputé mardi son dernier match en carrière au Centre Bell. Pas sûr du tout que le principal intéressé ait lui-même une réponse définitive à offrir.

Mais s’il a profité de son 70e affrontement en carrière face au Tricolore pour tirer sa révérence, Brodeur s’est assuré de le faire avec le panache qu’on lui connaît.

Bon! Sa sélection à titre de première étoile était un brin ou deux émotives. Mais avec ses 29 arrêts, dont quelques-uns à l’image du gardien qu’il a été, et qu’il est encore, il serait injurieux de prétendre qu’il ne la méritait pas. Car Brodeur a été un acteur principal dans la victoire de 4-1 de ses Devils aux dépens du Canadien.

Aidé par une brigade défensive anonyme, mais ô combien efficace, Brodeur a profité de ce 70e duel en carrière contre le Canadien pour signer sa 45e victoire.

C’est énorme.

N’eût été la qualité du tir des poignets décoché par Max Pacioretty pour inscrire le premier but de la rencontre, Brodeur aurait pu réaliser un 10e jeu blanc en 45 victoires. S’il prend sa retraite au terme de la saison, il devra donc se contenter de neuf. C’est quand même pas mal…

Et son dossier final face à l’équipe de son enfance sera de 45 gains, 16 revers et 6 verdicts nuls ou défaites en prolongation ou fusillade.

Certains diront que Brodeur a été aidé par ses poteaux qui ont réalisé deux arrêts en relève hier. Ce n’est pas faux.

D’autres diront que les responsables des reprises vidéo ont erré lorsque, de leur salle de contrôle de Toronto, ils ont refusé un but à Brendan Gallagher jugeant que le petit et fougueux attaquant avait botté la rondelle derrière le gardien québécois. Ce qui est un peu vrai. Mais aussi un peu faux. On y reviendra plus loin.

Mais au-delà toutes ces considérations, Brodeur a réalisé 29 arrêts. Il a su fermer la porte quand la situation l’exigeait. Et s’il est vrai que le but refusé à Gallagher, un but qui aurait ramené le Canadien  dans le coup alors qu’il tirait de l’arrière 3-1 en début de deuxième période, a fait mal au Tricolore, les nombreux arrêts de Brodeur ont fait plus mal encore.

Même qu’à un moment au dernier tiers, on a senti que plusieurs partisans du Tricolore ont décidé d’y aller mollo sur l’appui à leurs favoris, prêts qu’ils étaient à assister à une victoire qui pourrait occuper une place dans l’histoire du Canadien. Mais aussi, mais surtout, dans l’histoire de Martin Brodeur.

Quitter Jersey

Mais attention! Martin Brodeur n’a peut-être pas disputé son dernier match à Montréal après tout.

Le Canadien et les Devils, s’ils accèdent tous deux aux séries, pourraient se croiser à un moment donné. C’est toutefois peu probable. Les Devils – et le Canadien pourrait les rejoindre – occupent une place au sein d’un groupe d’équipes qui sont loin d’être assurées d’une place en séries.

Et si le Canadien et les Devils y accédaient, il est loin d’être évident que l’un des clubs serait suffisamment haut perché au classement pour affronter l’autre en première ronde.

Et si Brodeur changeait de club d’ici la date limite des transactions? Si, à sa demande ou celle de son patron, grand ami et presque père Lou Lamoriello, il quittait le New Jersey le temps d’une fin de saison et des séries éliminatoires afin de soulever une quatrième coupe Stanley?

C’est possible.

Des équipes de tête en manque d’un gardien solide pour maximiser leurs chances de se rendre jusqu’au bout en séries pourraient certainement s’intéresser à Brodeur.

On parle depuis l’automne de la possibilité que Ryan Miller, des Sabres de Buffalo, aboutisse à St Louis. Ce serait une très bonne prise des Blues en attendant que Jake Allen prouve qu’il est en mesure d’assumer le rôle de numéro un.

Mais Martin Brodeur en serait peut-être une meilleure encore considérant qu’il ne réclamera pas un contrat d’aussi longue durée que celui que Miller signera pour s’assurer de sortir du merdier de Buffalo.

On verra ce qui arrivera.

Mais à la lumière de sa performance d’hier, Brodeur a prouvé qu’il pouvait être beaucoup plus qu’un mentor ou un second d’expérience.

Car même à 41 ans, après 1246 parties de saison régulière et 205 autres de séries éliminatoires, il est en mesure d’afficher la confiance et les performances dignes d’un numéro un. D’un numéro un qui pourrait l’être encore l’an prochain.

Ce qui serait loin d’être une bonne nouvelle pour Cory Schneider que les Devils sont allés chercher pour hériter du trône de Brodeur. Un trône que le Québécois refuse de quitter. Pas seulement parce qu’il est très têtu et ultra compétitif. Mais bien plus simplement parce qu’il est encore bon.

Non! Très bon…

Ce qui nous amène à la grande question : Brodeur préférera-t-il se retirer dans la gloire plutôt que d’étirer une carrière qui pourrait alors pâlir. Pas beaucoup. Juste un peu.

Personnellement, ça fait deux, voire trois ans, que je crois que ce moment est arrivé pour Brodeur. Que j’espère qu’il raccrochera dans la gloire au lieu de prolonger sa carrière une saison de trop. Chaque fois, à sa façon, avec ce flegme, ce sang glacé qui lui coule dans les veines, il m’a prouvé que j’avais tort de ne pas lui faire davantage confiance.

À la lumière de sa performance d’hier, il pourrait me faire mentir encore l’an prochain.

Et si ça arrive, nous pourrons célébrer encore une fois l’éventuel dernier match à Montréal du grand gardien.

Et personne ne s’en plaindra.

À part peut-être les joueurs du Canadien.

Bon match malgré tout

Trois jours après la victoire du Canadien aux dépens des Blackhawks de Chicago, on se demandait si le Tricolore serait en mesure d’offrir un aussi bon match. Une aussi bonne performance. De battre les Devils.

Il a fait chou blanc.

En fait non! Le Canadien n’a pas disputé un si mauvais match hier. Trente tirs, contre les Devils, ce n’est pas mal.

En fait, c’est pas mal bien.

Mais le Canadien n’a pas su maximiser ses chances. Oui il s’est buté à un Brodeur en grande forme. Mais au-delà de la première étoile du match, le Canadien n’a pas su en donner assez en attaque.

Surtout en attaque à cinq.

Car oui, le Canadien a été blanchi en trois occasions hier. Encore, je devrais ajouter. Car sa disette (0 en 17) s’est prolongée à un cinquième match mardi.

Depuis le 4 décembre, dans le cadre d’une séquence de 19 matchs amorcée justement contre les Devils, le Canadien s’est contenté de six buts 60 occasions. Si je sais bien compter, ça donne une efficacité de 10 %.

Pas besoin d’être docteur en mathématique pour comprendre que ce n’est pas fort…

Ce qui n’a pas marché encore hier en avantage numérique? Le fait que le Canadien soit beaucoup trop prévisible.

Malgré trois attaques massives, P.K. Subban n’a pas obtenu le moindre tir cadré hier. Trois de ses tirs ont été bloqués en défensive avant qu’ils n’atteignent Brodeur. Deux autres ont raté la cible. Au total, le Canadien n’a pas marqué en attaque massive en dépit de ses six tirs au but.

Inversement, les Devils, par le biais d’un bon tir de la pointe décoché par le défenseur Éric Gélinas, ont frappé dans le mille lors de leur seul tir obtenu en trois attaques massives.

Opportunistes vous dites?

Mettez-en!

Mais c’est la force des Devils. Leur identité. Leur pain et leur beurre. Car les Devils, en raison de la qualité du jeu collectif qu’ils préconisent, de la responsabilité affichée par chaque joueur – Michael Ryder avec un bête revirement qui a mené au but du Canadien est l’exception qui confirme la règle – de leur efficacité vendent chèrement leur peau.

Surtout à Montréal.

Menacés d’un premier balayage aux mains du Canadien depuis des lustres, les Devils ont su rebondir. Sans grande surprise. Car avec leur victoire d’hier, les Devils affichent 13 victoires (13-4) à leurs 17 dernières visites au Centre Bell.

Gallagher : but refusé

C’est incroyable comme les décisions défavorisant le Canadien entraînent des débordements émotifs de la part des partisans qui se sentent lésés.

Brendan Gallagher a-t-il botté la rondelle sur le jeu qui aurait pu lui permettre de marquer son 12e but de l’année? Pas vraiment. Et comme le jeu était loin d’être évident, l’arbitre a fait ce qu’il devait faire : accorder le but.

Ce faisant, il a mandaté les responsables des révisions, à Toronto, de clarifier la situation.

La décision a mis beaucoup de temps à venir confirmant ainsi que le jeu était loin d’être évident. Mais à Toronto, en s’appuyant sur la reprise où on voit les patins en gros plans, on a décidé que Gallagher, en effectuant son pivot, a fait glisser son patin de côté pour pousser la rondelle dans le filet.

Il y a place à interprétation. J’en conviens. Mais ça me semblait la bonne décision après avoir vu et revu les reprises.

Mais si le but avait été accordé, je ne serais pas tombé de la galerie de presse non plus.

D’où l’importance de faire avancer ce règlement que les arbitres, et même les responsables de reprises vidéo, sont loin de tous appliquer de la même façon.

Cela dit : rapides à crier à l’injustice lorsqu’ils sentent leurs favoris lésés, les fans du Canadien sont restés cois lorsque Ryan Clowe a écopé une pénalité pour avoir frappé Max Pacioretty au visage avec son bâton. Ils ont pourtant clairement vu à la reprise que c’est le bâton de Francis Bouillon et non celui de Ryan Clowe qui a frappé Pacioretty au visage.

Je n’ai pas lu de grande protestation non plus lorsque les images de la reprise du premier et seul but du Canadien accordé à Pacioretty en dépit de la présence de sept joueurs du Tricolore sur la patinoire en même temps…

Faut croire que c’est ça être fan!

Chiffres du match

5 – Brendan Gallagher, Tomas Plekanec et Max Pacioretty ont obtenu cinq tirs chacun…

6 – Même s’il n’a toujours pas touché le fond du filet, Rene Bourque a obtenu six tirs au but. Tout ça en 16 min 4 s d’utilisation, dont 2 min 1 s en attaque massive…

14 – Le Canadien a encaissé mardi sa 14e défaite de la saison dans le cadre d’un match au cours duquel il tirait de l’arrière après 40 minutes de jeu. Sa fiche : une victoire, 14 revers et 2 défaites en prolongation ou fusillade…

16 – Avec ses 11 tirs obtenus samedi contre Chicago, Plekanec revendique 16 tirs à ses deux derniers matchs…

82 – Malgré le fait qu’ils totalisent 82 ans bien comptés, Jaromir Jagr et Martin Brodeur ont été deux des meilleurs joueurs des Devils sur la glace du Centre Bell mardi. Deux des meilleurs tout court…

100 – Rene Bourque disputait mardi son 100e match dans l’uniforme du Canadien. Il revendique 18 buts et 28 points en 100 parties…

695 – Jaromir Jagr s’est approché à cinq buts du plateau des 700 dans la LNH en inscrivant le premier but des Devils hier. Jagr occupe le 7e rang dans la LNH, à huit de la 6e place occupée par Mike Gartner…

1726 – avec une passe en plus de son but, Jagr affiche une récolte de 1726 points en carrière. Il vient de devancer Mario Lemieux au 7e rang et s’approche du 6e qui est occupé par Steve Yzerman et ses 1755 points…

Prochain rendez-vous du Canadien : jeudi soir à Ottawa…