Mike Condon veut brouiller les cartes dans le rôle de substitut chez le CH
Canadiens samedi, 19 sept. 2015. 18:25 vendredi, 13 déc. 2024. 20:29BROSSARD – Mike Condon avait seulement deux cours à son horaire, et donc beaucoup temps pour réfléchir, alors que tirait à sa fin son dernier semestre à l’Université Princeton.
Diplômé en science politique, le grand rouquin envisageait une carrière sérieuse dans le monde des finances, mais une pensée refusait de quitter son esprit. Condon, qui avait gardé les buts des Tigers pendant ses quatre années sur le campus de la prestigieuse institution, voulait tenter sa chance au hockey professionnel. Avec un peu de chance, un club oserait lui donner un essai. Au pire, peut-être qu’on voudrait de lui comme coach.
« Je me suis lancé dans le vide avec l’esprit ouvert et les meilleures intentions. Dans ce temps-là, de bonnes choses ont tendance à arriver. J’ai été très chanceux », raconte humblement le jeune homme de 25 ans qui, trois ans après avoir décidé de mettre sa « vraie » vie en veilleuse, se retrouve en position pour se battre pour le job de deuxième gardien du Canadien de Montréal.
Les postes disponibles sont rares cette année au camp d’entraînement du CH. À l’attaque, l’ajout des vétérans Alexander Semin et Tomas Fleischmann dans le portrait et une congestion apparente parmi les joueurs de soutien semblent avoir bloqué la route aux quelques jeunes qui pouvaient aspirer à une promotion. La brigade défensive pourrait être affectée dans sa profondeur, mais son noyau est stable et prévisible.
Devant le filet réside bien sûr la principale force du club. Carey Price, qui a remporté à peu près tous les trophées imaginables au terme de la saison dernière, est une valeur sûre. Mais derrière lui pourrait se trouver une ouverture dans laquelle tentera de s’immiscer discrètement Condon au cours des prochaines semaines.
« Il s’est très bien développé à Hamilton l’année dernière. On va laisser les performances au camp dicter nos décisions en temps et lieu », s’est limité à dire Michel Therrien sur le sujet, laissant sous-entendre que la place de Dustin Tokarski dans le rôle d’auxiliaire qu’il occupait la saison dernière n’est pas coulée dans le béton.
Pour Condon, l’accession à la Ligue nationale représenterait l’accomplissement d’un parcours aussi inusité qu’inspirant.
« J’étais libre comme l’air quand ma dernière saison à Princeton a pris fin avec notre élimination contre Cornell, a-t-il pris le temps de raconter samedi au milieu d’un vestiaire du Complexe sportif Bell. Je n’avais pas d’agent, je n’ai reçu aucun appel. J’ai finalement trouvé quelqu’un qui m’a placé sur un avion pour la Californie, dans lequel je suis monté avec un peu d’espoir et bien des prières. Je m’en allais simplement là-bas pour avoir du plaisir. »
Condon a joué quatre matchs pour le Reign d’Ontario, une équipe de la Ligue de la Côte Est (ECHL), puis a profité d’une épidémie de blessures pour faire un bref saut avec les Aeros de Houston, dans la Ligue Américaine (LAH). Il était prêt à ranger ses jambières et repasser ses plus beaux habits pour commencer une carrière sérieuse quand le Canadien l’a appelé pour lui offrir un contrat qu’il a signé en mai 2013.
Condon a passé sa première saison dans l’organisation du Tricolore avec les Nailers de Wheeling, dans la ECHL. L’année suivante, il s’est taillé un poste chez les Bulldogs de Hamilton. Désigné pour seconder le vétéran Joey MacDonald à l’automne, il a éventuellement dépassé le maître et a terminé la saison avec une moyenne de buts alloués de 2,44 en 48 départs. Au milieu de l’hiver, le Canadien lui a offert une prolongation de contrat de deux ans et lorsque les séries éliminatoires de la LAH ont commencé sans les Bulldogs, le cerbère de 6 pieds 2 pouces a été rappelé « en haut » pour suivre le grand club dans son propre parcours éliminatoire.
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« Il y a trois ans, je n’étais qu’un kid au collège et je n’avais jamais vu un tir de la LNH de ma vie. Il y a deux ans, j’étais dans la East Coast et je me sentais encore très loin de la LNH. L’expérience que j’ai prise dans la Ligue américaine n’est peut-être pas comparable à la LNH, mais ça m’a préparé. Le jeu devant moi est de moins en moins rapide année après année, jour après jour. »
Habitué de brûler les étapes, Condon pourrait donc brouiller les cartes au camp d’entraînement du Canadien. Pendant que Zachary Fucale et Edward Pasquale batailleront pour le seconder à Saint John’s, nouvelle terre d’accueil du club-école, le natif du Massachussetts tentera d’offrir le même genre de compétition à Tokarski, qui a vu de l’action dans 17 matchs en remplacement de Price la saison dernière.
« Je ne veux pas penser à un objectif final, prévient-il toutefois. J’essaie plutôt de me concentrer sur les petits détails du quotidien en me disant que si je m’occupe de mes affaires, des bonnes choses vont arriver. On peut se rendre fou quand on se met à penser aux places disponibles au sein de la formation et à ce genre de truc. »
« Le but demeure toujours d’atteindre le niveau supérieur, mais c’est aussi important de vivre le moment présent et de ne pas se projeter trop loin dans l’avenir. Si vous ne vous concentrez pas sur l’endroit où vous êtes, vous n’irez jamais nulle part. »