Originaire de Wapella, une petite contrée de 300 âmes en Saskatchewan, Bud Holloway aura dû faire des arrêts à Seattle, au New Hampshire, en Californie, en Suède, en Suisse et à St. John’s pour finalement vivre son baptême de la LNH à ... 27 ans.

Rappelé du club-école du Canadien où il dominait au chapitre des points, Holloway a appris jeudi matin de la bouche de Michel Therrien qu’il allait savourer ce moment tant attendu vendredi soir contre les Devils.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Holloway ne l’aura pas volé ce premier match dans le circuit Bettman.

« J’étais vraiment excité quand j’ai appris la nouvelle », a témoigné, avec son plus beau sourire, le droitier aux aptitudes intrigantes.

« Je vais vraiment essayer de profiter du moment. Je sais comment me débrouiller dans ce sport et le système du Canadien est plutôt similaire à celui des IceCaps », a poursuivi le patineur de six pieds et 200 livres.

À la suite de cet entraînement qui aura changé sa vie, le discours de Holloway ressemblait à celui de la majorité des joueurs qui s’apprêtent à franchir l’étape ultime de la LNH. Par contre, son chemin n’a rien de banal ou de commun.

Sélectionné en troisième ronde par les Kings de Los Angeles en 2006, Holloway s’est illustré partout où il est passé sans obtenir la récompense désirée. À titre d’exemple, il a amassé 61 points à sa dernière saison avec les Monarchs de Manchester, la filiale des Kings dans la Ligue américaine.

Déçu, et probablement frustré de la situation, Holloway s’est exilé en Suède et il a encore une fois été contraint d’exercer sa patience.

« Il a quitté de lui-même en Suède en pensant sûrement qu’une transaction surviendrait, mais ça ne s’est pas passé ainsi et il a dû rester là-bas plus longtemps », a expliqué Guy Boucher qui a été son entraîneur lors de son prochain arrêt à Berne la saison dernière.

Sans approfondir dans les détails, Holloway a admis que sa décision de franchir l’Atlantique était audacieuse.

« Tu ne sais jamais vraiment ce qui se produira et c’était un peu comme un pari de ma part, mais je voulais me développer en allant là-bas et revenir par la suite. Maintenant, on peut dire que le plan a assez bien fonctionné sauf que la suite aurait pu aller dans toutes les directions », a-t-il reconnu.

Holloway dit juste quand il précise qu’un détour en Europe peut s’accompagner d’étapes imprévues, mais il s’est rendu jusqu’à la LNH grâce à son rendement concluant. D’ailleurs, l’entraîneur du Canadien s’est assuré de le préciser.

« Ça faisait partie de nos plans de lui trouver un match et je ne dirais pas que c’était pour le récompenser parce qu’il le mérite. Il a été très bon à St. John’s et il mérite amplement de faire ses débuts dans la LNH », a vanté Therrien.

« Je lui avais dit que je ferais tout pour lui donner cette première chance. On aime utiliser notre monde », a poursuivi l’entraîneur à propos de celui qui a été rappelé le 22 novembre.

Étant donné qu’il a pu se familiariser avec le contexte du Canadien, Holloway aura moins l’impression d’être envoyé dans la fosse aux lions. C’est encore plus vrai en raison de son expérience considérable.

« Holloway a des atouts de premier plan »

« Bien sûr, ça aide d’avoir pu bâtir des relations avec ces joueurs. Je suis un peu plus à l’aise dans le groupe », a commenté Holloway dont le véritable prénom est George.

L’attaquant qui portera le numéro 52 pourra également se tourner vers quelques visages plus familiers, comme Sven Andrighetto, si nécessaire. Celui-ci a été épaté par les habiletés de son nouveau coéquipier.

« Il est tellement intelligent sur la patinoire. Il peut accomplir des jeux incroyables et je l’ai vu réussir des jeux que personne ne pensait qu’il pouvait faire », a exprimé Andrighetto en plus de souligner ses qualités humaines.

Une décision payante pour le CH ?

Pour l'instant, il ne s’agit que d’un match et son mandat risque de se limiter au quatrième trio, mais Boucher est persuadé que son ancien joueur saura prouver qu’il mérite sa place à ce niveau.

« Le Canadien a été très clairvoyant là-dedans, il était le premier marqueur dans la LAH quand il appartenait aux Kings. Pour une raison ou une autre, il n’avait pas été rappelé », a dévoilé l’entraîneur québécois en entrevue avec Martin Lemay à l’émission de radio numérique 30 minutes chrono.

« Il demeure un joueur de premier plan et son séjour en Europe n’a pas été nuisible pour lui », a poursuivi Boucher à propos de Holloway qu’il considère comme un individu exceptionnel à l’extérieur de la patinoire. Bud Holloway

Pour l’instant, Holloway remplacera Alexander Semin (blessure), mais à entendre parler Boucher, on pourrait croire qu’il détient les atouts que l’on espérait voir de la part du Russe.

« C’est clair qu’il va alimenter les bons joueurs, il ira chercher la rondelle, la gardera et la distribuera. Son patin est moyen, mais quand il possède la rondelle profondément en zone offensive, il va trouver le joueur à qui la refiler », a exposé Boucher qui n’avait pas assez de marqueurs naturels pour l’entourer à Berne (sur la photo).

« Il a aussi un excellent lancer sur réception comme droitier ce qui est toujours bienvenu. Il peut être un spécialiste du jeu de puissance et évoluer avec de bons joueurs. Il n’est pas du style à aller frapper tout le monde », a détaillé l’entraîneur qui le croit capable de produire quelques buts pour compléter les meilleurs marqueurs.

Durant sa saison de 37 points en 42 matche en Suisse, Holloway a charmé Boucher par sa vision, ses qualités de passeur, son calme sous pression, sa force physique et ses habiletés en avantage numérique ainsi qu’en tirs de barrage.

« Ça lui donne beaucoup d’atouts pour un joueur qui pourrait avoir la chance de rester à un certain moment avec le Canadien », a conclu le collaborateur régulier de l’émission du RDS.ca.