Dans un ring, un boxeur ne doit pas frapper sur un adversaire qui a un genou au sol.

Le Canadien a un genou au sol. Peut-être même les deux. Le Canadien est éliminé. Le Canadien est décimé par des blessures qui frappent en plus plusieurs de ses meilleurs joueurs. Dans ces circonstances, on veut bien l’épargner un peu. Ne pas trop lui frapper dessus.

Mais il y a des limites.

Car s’il est évident que le Canadien est découragé, il est impératif d’ajouter d’un même jet qu’il est aussi décourageant.

Il est décourageant de voir une équipe abandonner comme le Canadien a abandonné encore hier alors qu’il s’est fait blanchir 5-0 par Roberto Luongo et les Panthers de la Floride.

En passant: c’était la dixième fois déjà cette saison que le Canadien était blanchi. Oui c’est le pire total de la LNH alors que les Sénateurs suivent avec huit. C’est aussi un triste record pour le Canadien en plus de 100 ans d’histoire. Des dix jeux blancs encaissés, six l’ont été sur la route.

Je sais : les Panthers ont le vent dans les voiles. Ils viennent de disputer un huitième match de suite au terme duquel ils ont récolté au moins un point (7-0-1), ils n’ont subi que trois revers en temps réglementaire (14-3-1) depuis le 30 décembre dernier. Ils sont motivés par une course aux séries qui est loin d’être terminée.

Le Canadien? Il a simplement hâte de fermer les livres et de partir en congé estival.

« On traverse des moments durs, mais il faut rester dans le coup »,  a indiqué Claude Julien après le match. Son 250^e en carrière derrière le banc du Tricolore.

« Nous avons beaucoup de jeunes et beaucoup de joueurs blessés. Nos jeunes sont appelés à remplir des rôles qui ne sont pas prêts à remplir. Mais on doit espérer qu’ils sauront apprendre de cette situation difficile », a poursuivi l’entraîneur-chef du Canadien.

Je veux bien. Mais il y a des limites à abandonner son gardien comme le Canadien a abandonné Charlie Lindgren dans un deuxième match de suite. Lindgren a accordé cinq buts sur les 32 tirs des Panthers. Mais on ne peut rien lui reprocher. En fait, on doit même le féliciter de s’être défendu comme il a pu alors que ses coéquipiers ne le défendaient plus.

En fait, l’ont-ils vraiment défendu dans le cadre du match d’hier?

Ne vous laissez pas berner par les 40 arrêts réalisés par Roberto Luongo. Car même si le gardien montréalais a fait du bon boulot devant sa cage, Lindgren a fait face à bien plus de bonnes occasions de marquer que lui.

Vrai que Luongo s’est signalé devant Jeff Petry qui a profité d’une longue échappée pour décocher l’un de ses 11 tirs, dont huit ont atteint la cible. Oui huit! C’est le double d’Alex Galchenyuk qui a été le meilleur attaquant du Canadien à ce chapitre.

Menés par Petry (8) et Noah Juulsen (4) les six défenseurs du Canadien ont généré 19 des 40 tirs du Tricolore…

Mes observations :

1. Où étaient Drouin et Galchenyuk?
2. De La Rose est retourné dans l’ombre
3. Juulsen apprend à la dure
4. Donnons de la corde à Scherbak
5. Unités loin d’être spéciales...

Chiffre du match : 75 – Roberto Luongo a signé son 75^e jeu blanc en carrière aux dépens du Canadien jeudi. Il occupe le premier rang chez les gardiens actifs – devant Henrik Lundqvist (63) et Marc-André Fleury (45) – et le 11^e dans l’histoire de la LNH. Son prochain jeu blanc lui permettra de rejoindre Ed Belfour et Tony Esposito. Ses prochaines cibles seront ensuite Dominik Hasek, Tiny Thompson et Alec Connel qui en revendiquent 81. Martin Brodeur occupe le premier rang avec un total impressionnant de 125 blanchissages.

Où étaient Drouin et Galchenyuk?

Je veux bien être indulgent à l’endroit des jeunes fraîchement rappelés de la Ligue américaine et des autres qui ne sont pas encore installés dans la LNH ou qui ne réussiront jamais à s’y installer.

Pas question toutefois de l’être avec Jonathan Drouin et Alex Galchenyk qui devraient profiter de l’absence de joueurs importants pour démontrer du leadership. Pour prendre le contrôle de l’équipe. Pour donner le ton et inviter les autres à les suivre.

Mais en jouant comme ils l’ont encore fait hier, Drouin et Galchenyuk ont simplement guidé leurs coéquipiers tout droit dans le mur.

Combien de revirements doit-on reprocher à Galchenyuk jeudi? Les statistiques officielles de la LNH indiquent un seul. Dans les faits, il s’est rendu coupable de trois, voire quatre, au cours de la seule première période.

Et Drouin? Combien de fois a-t-il perdu la rondelle dans le cadre de bagarres à un contre un ? Ou de semblant de bagarre puisqu’il n’a pas offert assez d’implication pour au moins prétendre s’être battu? Trop!

Et il y a pire. On a encore vu Jonathan Droit se laisser glisser sur la glace comme un voilier se laisse pousser par le vent alors qu’il aurait dû patiner à fond la caisse pour venir aider la cause de ses défenseurs et de son gardien.

Mais pourquoi se forcer? La saison est terminée!

Au lendemain d’une sortie par le biais de laquelle Claude Julien a défendu son jeune joueur qui connaît une saison misérable, après avoir saisi au vol et relancé le plus loin possible toutes les grenades lancées par les journalistes qui tentaient d’obtenir des réponses reliées au jeu mollasson du jeune surdoué, Drouin aurait dû se défoncer à l’ouvrage pour remercier son coach. Il n’avait pas à marquer un, deux ou trois buts pour le remercier Claude Julien. Il n’avait qu’à se donner pour la cause de l’équipe au lieu de se vautrer dans l’indifférence.

« Je voudrais voir des vétérans prendre plus de place et assumer plus de leadership en l’absence de joueurs importants qui sont blessés », a convenu Claude Julien après la rencontre.

L’entraîneur-chef n’a jamais nommé Drouin et Galchenyuk.

Mais Claude Julien n’a pas eu le choix lorsque la question suivante a fait référence au fait que les couvertures hermétiques dont ils sont maintenant l’objets, surtout sur la route, compliquent de beaucoup le travail de Drouin et Galchenyuk.

« Nous n’avons pas le dernier changement sur la route c’est vrai, mais c’est la même chose pour les meilleurs joueurs de toutes les équipes lorsqu’ils se retrouvent sur la route. Ils doivent prendre des moyens pour se démarquer des couvertures défensives. Je ne veux pas commencer à trouver des excuses, je veux que nous trouvions tous des solutions », a ajouté Julien.

Jonathan Drouin a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-3 jeudi. Il a cadré un des quatre tirs qu’il a décochés. Il a perdu neuf des 16 mises en jeu qu’il a disputées.

En 32 matchs disputés sur la route jusqu’ici cette saison, Jonathan Drouin s’est contenté de 3 buts et 11 points. Il affiche un différentiel de moins-13.

Au Centre Bell? Drouin affiche 7 buts et 22 points en 30 rencontres. Son différentiel n’est que moins-5.

Simple concours de circonstances ou signe que Drouin se démarque surtout lorsque les défis sont plus faciles à relever?

Je vous laisse répondre à cette question.

Les statistiques d’Alex Galchenyuk sont plus balancées. Il faut dire que son tour du chapeau et sa soirée de quatre points vendredi dernier à Brooklyn a aidé sa cause gonflant à 8 buts, 15 points et un différentiel de moins-13 sa production en 33 matchs sur la route.

À la maison : Galchenyuk revendique 24 points (sept buts) en 34 matchs.

À titre de comparaison, Brendan Gallagher a marqué 15 de ses 24 buts et récolté 24 de ses 41 points loin du confort du Centre Bell. Comme quoi avec du travail et de l’implication, il y a moyen de réussir sur la route autant qu’au Centre Bell. Pourvu qu’on s’en donne vraiment la peine…

De La Rose est retourné dans l’ombre

Jacob De La Rose a donné raison à tous ceux et celles qui refusaient de se laisser attendrir par ses deux buts marqués mardi au New Jersey et ses quatre points en quatre matchs.

En retournant dans l’ombre où il s’est tapi depuis le début de la saison, De La Rose a démontré que sa soirée faste de mardi tenait bien plus d’un accident de parcours que d’un éveil tardif. Voire d’une révélation.

En 19 présences sur la patinoire, De La Rose n’a pas obtenu un seul tir au but. Une de ses tentatives a raté la cible, l’autre a été bloquée en défensive. Il a asséné une mise en échec, il s’est emparé de deux rondelles libres et a perdu neuf des 13 mises en jeu qu’il a disputées.

Il a aussi effectué de l’obstruction à l’endroit de Roberto Luongo pour entraîner l’annulation d’un but marqué par le Canadien. Un but qui n’aurait rien changé à l’issue du match, mais qui aurait au moins évité l’injure d’un 10^e jeu blanc cette saison.

Les partisans de De La Rose souligneront que cette décision des arbitres témoigne au moins du fait que le nébuleux joueur de centre s’est rendu au filet sur le jeu. Ce à quoi je répondrai : ah bon! 

Juulsen apprend à la dure

J’avais hâte de voir de quelle façon Noah Juulsen réagirait au surlendemain du mauvais match qu’il a disputé au New Jersey mardi.

La bonne nouvelle, c’est que Juulsen ne semblait pas afficher de séquelles émotives de cette vilaine – et tout à fait normale – partie. Il s’est attelé à la tâche et affichait le genre de confiance qu’il affiche depuis son rappel du club-école. Du moins c’est l’impression que j’ai eue.

La moins bonne nouvelle : Juulsen a souvent été pris à contrepied défensivement encore jeudi. Il s’est fait contourné pas une, mais deux fois de suite par Vincent Trocheck. Il a perdu une rondelle dans le coin de patinoire dans le cadre d’une sortie de zone effectuée sous pression.

Malgré tout, il a passé près de 22 minutes sur la patinoire, maximisant ainsi l’apprentissage dont il profite en ce moment. Un apprentissage à la dure, c’est vrai, mais un apprentissage qui maximisera ses chances de commencer la saison avec le grand club l’an prochain et d’y rester.

Rinat Valiev? Il n’a effectué que 11 présences sur la patinoire en raison d’une blessure indéterminée. Le Canadien a d’ailleurs rappelé Brett Lurnout après la rencontre. Il rejoindra le club à Tampa Bay où le Canadien affrontera le Lightning samedi après-midi (13 h) dans le cadre d’un autre match pas facile.

Donnons de la corde à Scherbak

Ce qui est vrai pour Juulsen qui apprend à la dure en jouant beaucoup devrait l’être aussi pour Nikita Scherbak. Du moins, il me semble.

Si l’heure est aux expériences et à l’apprentissage pourquoi ne pas utiliser davantage le jeune qui a passé 13:30 sur la patinoire jeudi. Confiné à un troisième trio, on semble vouloir miser sur l’apprentissage du jeu responsable. Ce qui est certainement essentiel. Mais bien qu’on l’ait vu en attaque massive – 2 :46 de temps d’utilisation de qualité – le moment me semble bien choisi pour voir ce que le petit gars a dans les mains et dans l’œil.

Car il faudra marquer des buts l’an prochain si le Canadien veut gagner plus souvent ou à tout le moins, se faire blanchir moins souvent.

Unités loin d’être spéciales...

Le Canadien a continué à plonger au bas de classement de la LNH en accordant un 37^e but en désavantage numérique sur la route. C’est six buts de plus que le Wild du Minnesota et l’Avalanche du Colorado que le Tricolore devance au 31^e et dernier rang dans la Ligue au grand complet.

Le Canadien affiche une efficacité ô combien inefficace de 68,6 % en infériorité numérique sur la route. Les 30 autres clubs sont tous au-dessus de la barre des 71 % d’efficacité.

À la maison? Le Canadien occupe le quatrième rang avec une efficacité de 85,6 %. Allez savoir pourquoi, car Shea Weber a manqué autant de matchs sur la route qu’à domicile... ou à peu près alors qu’il a raté 21 matchs sur la route et 18 à la maison…

En plus d’accorder le premier but alors qu’il se défendait à quatre contre cinq en première période, le Canadien a aussi accordé un but alors qu’il tentait de profiter d’une attaque massive.

Employé à la pointe – certainement pas pour ses aptitudes défensives – Jonathan Drouin a été incapable de stopper une rondelle dégagée le long de la bande. Pris sur les talons alors que Jeff Petry venait de faire une chute à l’autre bout de la ligne bleue des Panthers, Drouin a été incapable de contrer Vincent Trocheck qui a déjoué Charlie Lindgren au terme d’une échappée.

Quand ça va mal chez le Canadien, ça va encore plus mal...

Ça n’augure rien de bon pour samedi à Tampa.