« C’est une mauvaise soirée » - Dominique Ducharme
Canadiens dimanche, 4 avr. 2021. 02:07 jeudi, 12 déc. 2024. 00:03MONTRÉAL – Tout semblait tomber en place pour le Canadien.
L’équipe avait remporté ses trois derniers matchs, les deux plus récents grâce à des performances défensives impeccables. L’arrivée des Sénateurs d’Ottawa au Centre Bell permettait d’envisager de façon réaliste une quatrième victoire consécutive. C’est le genre de séquence qui n’est pas coutume à Montréal. La dernière remontait à plus de deux ans.
Ces succès, ceux qui avaient précédé le match de samedi et ceux qui étaient anticipés à sa suite, offraient soudainement une perspective différente sur les résultats du dernier mois, changeait la trame narrative à laquelle on avait tous adhéré. L’équipe qui était incapable d’acheter une victoire en prolongation était devenue une équipe qui vendait chèrement sa peau soir après soir, une équipe qui avait récolté un point dans six matchs de suite et qui n’avait subi que trois défaites à la régulière depuis l’entrée en poste de Dominique Ducharme.
Dans cette optique, cette défaite de 6-3 contre la pire formation de la division Nord, une formation si facilement écartée deux jours plus tôt, a quelque chose de l’aberration, de l’anomalie.
C’est en tout cas comme ça que décidait de la voir Ducharme alors que les marques laissées par la gifle encaissée par ses hommes étaient encore fraîches.
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« Si on regarde les matchs en général, depuis 15 ou 16 matchs, on en a eu deux comme ça, c’est vrai, calculait l’entraîneur en faisant référence à la défaite du 13 mars à Calgary. Donc ça en fait 13 ou 14 qui sont solides. Ça n’a pas tout le temps été des victoires, mais je pense qu’on est une équipe qui va être dure à affronter. On est rapides, mais ça nous prend notre exécution. On n’était juste pas bons ce soir. C’est une mauvaise soirée. »
Très tôt, on a compris que le Canadien était peut-être dû pour en perdre une. Brendan Gallagher a écopé d’une double pénalité mineure dès la 28e seconde du match. Il n’avait pas encore eu le temps de prendre une gorgée d’eau au banc de pénalité que Brady Tkachuk donnait les devants aux visiteurs.
Le Canadien a répliqué relativement rapidement, mais cette réponse positive n’a pas convaincu quiconque regardait avec moindrement d’attention. Trois avantages numériques ont été gérés de façon atroce. Des occasions de prendre des tirs de qualité ont été gaspillées dans l’inexplicable quête d’un jeu parfait. Les rondelles contestées étaient pour la plupart rapatriées par l’adversaire. Ce n’était pas chic.
Limités à 23 tirs cadrés durant le premier match de cette série aller-retour, les Sénateurs en comptaient déjà 13 après une période.
« C’est malheureux, mais on a couru après notre queue durant toute la partie, a mentionné Tyler Toffoli, de retour au jeu après une absence de trois matchs. Gally n’a pas fait exprès, mais ce n’était pas la bonne façon de commencer le match. Ce n’est pas la recette du succès contre n’importe quelle équipe. »
« C’est une équipe qui travaille fort, je l’ai dit avant notre premier match de la saison contre eux, a répété Josh Anderson. Ses jeunes joueurs travaillent fort à chacune de leurs présences, ils jouent bien en équipe. Ils avaient une longueur d’avance sur nous ce soir et ils ont capitalisé quand ils ont eu des chances. Soyons honnête, ça n’était pas notre meilleure performance. »
Le Canadien montre maintenant une fiche de 3-2-2 contre les Sénateurs depuis le début de la saison.
« Tu ne la mets pas aux poubelles, a tempéré Ducharme. On veut être une équipe qui est constante. Tu vas en avoir des mauvaises soirées [...], ça arrive de temps en temps. Il ne faut pas que ça arrive trop souvent. Mais même quand tu as une mauvaise soirée, il faut que tu trouves une façon de contrôler ce qui est contrôlable. On a fait des cadeaux ce soir. Ça, même dans une mauvaise soirée, il faut que tu sois capable de le gérer. »
La théorie du gros bon sens
Sur papier, le Canadien a terminé la soirée avec un rendement acceptable en avantage numérique. Un but en cinq opportunités équivaut à un taux de réussite de 20%. À grande échelle, c’est une moyenne que n’importe quelle équipe acceptera avec grand plaisir.
Mais ce n’est pas le sentiment qui ressortait de la contre-performance de samedi. En plus de leurs trois opérations très approximatives en première période, les spécialistes offensifs du Tricolore ont bafoué deux occasions de rétrécir l’écart entre la dernière minute de la deuxième période et la 17e minute de la troisième.
Pire encore, chacune de ces occasions loupées a été suivi d’un but de l’adversaire.
« [Les Sénateurs] appliquaient beaucoup de pression en amont et étaient très agressifs une fois qu’on était installés dans leur zone, a expliqué Ducharme. Et si votre exécution n’est pas à point à 5-contre-5, vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’elle le soit sur l’avantage numérique. Quand vous êtes sur la coche à forces égales, que les sorties de zone se font bien et que ça coule bien en zone neutre et jusqu’en zone offensive, vous pouvez vous attendre à ce que ça se transporte dans votre jeu de puissance. Le contraire est aussi vrai. Je n’ai jamais vu une équipe connaître un mauvais match et commencer à cliquer comme par magie en avantage numérique. Ce n’est pas comme s’il y avait un bouton sur lequel on pouvait appuyer. »
Les yeux de Petry
Jeff Petry a tous les traits d’un grand gentleman. Ses relations avec les membres des médias sont empreintes de patience, de gentillesse et de respect. On ne croit pas l’avoir entendu hausser la voix ne serait-ce qu’une fois depuis qu’il a son casier dans le vestiaire du Canadien. Mais si ses yeux pouvaient parler, ils auraient prononcé des mots qu’il nous aurait été impossible de transcrire samedi soir.
Petry a été bon joueur en acceptant de livrer ses états d’âme après un match qu’il a terminé à -5, mais il n’avait pas l’intention de s’éterniser. Son passage devant la caméra s’est terminé par un regard assassin pendant que le collègue Eric Engels, de Sportsnet, lui demandait ce qu’il souhaitait retenir de son match avant de le jeter aux poubelles.
« Rien », a laissé tomber Petry avant d’aller évacuer sa frustration loin de la lentille.