Enfin la chance de faire mieux pour Trevor Timmins
Canadiens vendredi, 30 mars 2018. 11:36 dimanche, 15 déc. 2024. 08:36Quelle part des insuccès du Canadien revient réellement à Trevor Timmins? Comment faire un portrait juste de ses bons et moins bons coups depuis son entrée en poste en 2003? Lorsque vient le temps d’évaluer le travail de l’homme qui supervise le recrutement amateur du Tricolore, les chiffres en disent long. Mais sur le podium comme sur la glace, les impondérables sont nombreux.
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À l’ère du plafond salariale, la preuve n’est plus à faire que le succès passe par la qualité du recrutement et du développement dans la LNH. C’est avec cette recette que les Blackhawks, Kings et Penguins, notamment, ont pu garnir leur banque de talent; profiter d’aubaines chez leurs joueurs recrues; se permettre de transiger pour obtenir les pièces manquantes; et ultimement, remporter la Coupe Stanley. Et alors qu’à Montréal, la profondeur de l’organisation n’a jamais autant été remise en doute, il semble se faire tard pour le grand manitou du recrutement amateur du Tricolore.
Cinq années fastes suivies de dix ans de vache maigre...C’est de cette façon que plusieurs ont résumé le travail de Trevor Timmins au cours des derniers mois. Et ce n’est pas un portrait entièrement faux. Le CH a repêché 42 joueurs depuis 2003 qui ont joué dans la LNH. De ce nombre, plus de la moitié a été sélectionné dans les 5 premières années Timmins. 23 sur 42. C’est donc dire qu’au cours des 10 années suivantes, seulement 19 joueurs repêchés ont disputé une rencontre dans la Ligue nationale. À peine deux par année.
Mais pour que Timmins ait réussi à remplir la banque de talent du Canadien, encore faut-il qu’il ait eu les choix pour le faire. En établissant une échelle à partir des choix de premières et deuxièmes rondes des 30 équipes de la LNH depuis 2003 (Vegas exclu), on peut se donner une bonne idée de la qualité des choix qu’une équipe a eus à sa disposition au cours de cette période. Ainsi, même si aucune échelle statistique n’est parfaite pour cette évaluation en raison de la qualité des cuvées, qui diffère d’une année à l’autre, supposons que :
- Un premier choix au total vaut 7 points
- Un 2e ou 3e choix au total vaut 5 points
- Un choix 4 à 10 vaut 3 points
- Un choix 11 à 30 vaut 2 points
- Un choix de 2e ronde vaut 1 point
On en arrive au portrait suivant pour les séances de sélection de 2003 à 2017 :
Qualité des choix que les équipes ont eus à leur disposition depuis 15 ans
1. EDMONTON : 28 + 5 + 12 + 18 + 14 = 77 PTS
2. FLORIDE : 7 + 20 + 12 + 16 + 18 = 73 PTS
3. ARIZONA : 0 + 10 + 15 + 26 + 17 = 68 PTS
4. CHICAGO : 7 + 10 + 3 + 20 + 26 = 66 PTS
5. COLUMBUS : 0 + 10 + 24 + 12 + 18 = 64 PTS
6. BUFFALO : 0 + 10 + 12 + 22 + 19 = 63 PTS
7. ST. LOUIS : 7 + 0 + 3 + 28 + 22 =60 PTS
8. ANAHEIM : 0 + 5 + 9 + 28 + 18 = 60 PTS
9. COLORADO : 7 + 10 + 9 + 12 + 21 = 59 PTS
10. NY ISLANDERS : 7 + 0 + 18 + 20 + 14 = 59 PTS
11. WASHINGTON : 7 + 0 + 6 + 32 + 14 = 59 PTS
12. WINNIPEG : 0 + 10 + 21 + 16 + 12 = 59 PTS
13. TAMPA BAY : 7 + 10 + 6 + 18 + 17 = 58 PTS
14. BOSTON : 0 + 5 + 9 + 24 + 19 = 57 PTS
15. CAROLINE : 0 + 10 + 15 + 14 + 16 = 55 PTS
16. PITTSBURGH : 14 + 10 + 3 + 12 + 14 = 53 PTS
17. DALLAS : 0 + 5 + 6 + 22 + 20 = 53 PTS
18. LOS ANGELES : 0 + 5 + 6 + 24 + 16 = 51 PTS
19. MONTRÉAL : 0 + 5 + 9 + 22 + 14 = 50 PTS
20. PHILADELPHIE : 0 + 10 + 6 + 22 + 11 = 49 PTS
21. VANCOUVER : 0 + 0 + 18 + 20 + 9 = 47 PTS
22. OTTAWA : 0 + 0 + 9 + 26 + 12 = 47 PTS
23. TORONTO : 7 + 0 + 15 + 12 + 12 = 46 PTS
24. NEW JERSEY : 7 + 0 + 6 + 18 + 14 = 45 PTS
25. MINNESOTA : 0 + 0 + 15 + 18 + 12 = 45 PTS
26. CALGARY : 0 + 0 + 12 + 22 + 11 = 45 PTS
27. NASHVILLE : 0 + 0 + 9 + 18 + 18 = 45 PTS
28. SAN JOSE : 0 + 0 + 12 + 18 + 14 = 44 PTS
29. NY RANGERS : 0 + 0 + 9 + 20 + 15 = 44 PTS
30. DETROIT : 0 + 0 + 3 + 16 + 17 = 36 PTS
Selon ce calcul, le Canadien est donc la 19e équipe ayant disposé des meilleurs choix au cours des 15 dernières années. En d’autres mots, pour toutes sortes de raisons (performances de l’équipe, choix transigés ou autres), on peut affirmer que Trevor Timmins n’a pas été très gâté depuis son arrivée à Montréal.
En prenant cette facette en ligne de compte, le responsable du recrutement a-t-il fait le travail? A-t-il pu maximiser ses choix en les transformant en joueurs de la LNH, qui plus est, en joueurs d’impact dans la LNH? Comme Timmins est 19e pour la qualité des choix à sa disposition depuis 2003, doit-on exiger qu’il se classe au moins 19e pour la qualité des joueurs repêchés et leur production?
L’Antichambre a dévoilé l’autre partie de la réponse, vendredi soir. Ainsi, depuis 2003 :
- Le CH arrive au 20e rang pour le nombre de joueurs ayant disputé au moins un match dans la LNH, avec 42.
- Ces 42 joueurs ont disputé 10 218 matchs dans la Ligue nationale, au 11e rang du circuit Bettman.
- Enfin, ces joueurs ont obtenu un total combiné de 4 323 points*, ce qui est bon pour le 12e rang de la LNH.
Des résultats dont Timmins n’a pas à rougir, surtout sachant que l’organisation n’a pu lui « offrir » mieux que le 19e rang en termes de qualité de choix. Évidemment, même si les matchs joués et les points ne veulent pas tout dire au hockey, l’exercice devient pertinent pour faire ce type d’évaluation. Voilà donc une conclusion qui donne un certain poids à ceux qui avancent que le responsable du recrutement du CH paye pour certains gestes douteux de ses directeurs généraux. Quand on considère que seulement 12 des 42 joueurs de calibre LNH repêchés par le Tricolore depuis 2003 sont encore avec l’équipe, on comprend mieux pourquoi l’organisation manque de ressources au niveau de sa banque d’espoirs. La réalité veut que les statistiques de joueurs comme McDonagh, Subban et Sergachev continuent de s’accumuler sur la feuille de route de Timmins...mais ces joueurs évoluent maintenant ailleurs et n’aident plus la cause du Tricolore.
*Pour les gardiens, le nombre de victoires a été comptabilisé
En juin prochain, avec 10 sélections en poche lors du prochain repêchage de la LNH, Trevor Timmins n’aura jamais eu autant de choix à sa disposition depuis que l’encan amateur est passé de 9 à 7 rondes en 2005. En fait, la dernière fois qu'il en avait eus autant, c’était en 2007...la fameuse cuvée en or McDonagh-Pacioretty-Subban. Ajoutez à ça un choix potentiel parmi le top-3 au total et le fait que 5 des 10 choix sont dans les 2 premières rondes (une 1re depuis 1982 à Montréal) et vous avez les ingrédients du succès. Encore faut-il que le Chef ne rate pas son coup.
Car à travers l’interminable tempête que représentent la saison 2017-18 du Canadien et celle de son club-école à Laval, les partisans peuvent s’accrocher à un espoir de jours meilleurs. Celui de voir Trevor Timmins frapper un grand coup lors de la séance de sélection 2018. Une chose est sûre. Cette fois, il aura les munitions pour le faire. L’échec n’est pas une option.