Canadien-Wings : le jour et la nuit
Canadiens mercredi, 3 nov. 2021. 07:48 samedi, 14 déc. 2024. 01:06MONTRÉAL - Le Canadien a encore des tas de choses à se faire pardonner en marge de l’affreux début de saison au cours duquel il a encaissé huit défaites en dix matchs, dont quatre revers particulièrement gênants contre Buffalo, San Jose, Los Angeles et Anaheim.
En blanchissant les Red Wings de Detroit 3-0 mardi, il a fait un premier pas en direction du Grand Pardon qu’il tente d’obtenir de ses partisans.
Bon! Les Wings sont loin de former un club capable de parler sérieusement de ses chances d’accéder aux séries. Pis encore, c’est privé de Dylan Larkin et de leur meilleur marqueur Tyler Bertuzzi – faute d’avoir reçu les vaccins nécessaires, il n’a pas le droit de franchir la frontière canadienne – qu’ils sont débarqués au Centre Bell.
Mais le Canadien, qui est très loin de jouer à la hauteur des performances qui lui ont permis d’atteindre la finale de la coupe Stanley l’été dernier, a pris les moyens pour clouer au sol ces Wings qui battaient de l’aile.
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«C’était le jour et la nuit», a d’ailleurs candidement admis le gardien Jake Allen après la rencontre.
Ce commentaire était d’abord associé au fait qu’il venait de signer une victoire par jeu blanc – son deuxième de la saison, et 23e en carrière dans la LNH – bien plus facile (22 arrêts) que celle au cours de laquelle il avait dû multiplier 45 arrêts pour blanchir les Sharks 5-0, jeudi dernier, à San Jose.
«Si j’ai été beaucoup moins occupé ce soir c’est parce que, devant moi, les gars ont disputé leur meilleur match de la saison. Ils ont été exceptionnels du début à la fin», a assuré le gardien qui a reçu la coupe Molson – joueur ayant obtenu le plus d’étoiles – pour le mois d’octobre avant la rencontre.
Vrai que le match de mardi tranchait avec les récentes et trop nombreuses contre-performances du Tricolore.
Entre la première mise en jeu du match, gagnée par Christian Dvorak, et le premier arrêt de jeu sifflé 115 secondes plus tard, le Canadien a pris le plein contrôle du match qui l’opposait au Red Wings, et il ne l’a ensuite jamais perdu.
Le Canadien n’a pas marqué lors de ces 115 secondes. Mais en confinant les Wings dans leur territoire, et les poussant à commettre trois revirements qui ont mené à cinq tirs décochés dont trois ont atteint la cible, on sentait le premier but approcher comme un putois en santé annonce son arrivée imminente.
Ce but est d’ailleurs venu 11 secondes plus tard lorsque Nick Suzuki a frappé, au vol, la rondelle que venait de stopper Alex Nedeljkovic.
Après un vol du gardien des Wings aux dépens de Jake Evans, Josh Anderson a réussi à doubler l’avance du Canadien.
Bien que l’issue du match semblait jouée, le Canadien n’a pas été en mesure de s’offrir une avance qui aurait rassuré tout le monde. Les Wings ont frappé quelques fois à la porte, mais Allen a su s’imposer à quelques reprises et Brendan Gallagher, dans un filet désert, a évité tout risque d’effondrement en toute fin de rencontre.
«On a enfin joué un match à notre image. Pour la première fois de la saison, on a joué comme on doit le faire pendant 60 minutes. On avait eu de bonnes séquences ici et là lors des 10 premières parties, mais ce soir, nous avons été constants. Nous avions notre identité», a ajouté Dominique Ducharme qui semblait un brin soulagé devant les journalistes.
Difficile à affronter
Qu’est-ce qui a permis au Canadien de passer de l’ombre à la lumière comme il l’a fait mardi?
Un tas de facteurs : l’intensité déployée dans les trois zones a atteint un niveau jamais affiché jusqu’ici cette saison. La qualité de l’échec avant a poussé les Wings vers plusieurs revirements et autres formes de pertes de rondelle. Mais pour une rare fois, une trop rare fois, le Canadien a aussi mis de la pression sur les Wings avec des replis efficaces et soutenus. Ce faisant, il a réduit l’espace pour manœuvrer des Wings autour de Jake Allen et a surtout réduit le temps accordé pour orchestrer des jeux. Rien à voir avec les grandes ouvertures et les longues secondes dont ont pu profiter les Kings et les Ducks samedi et dimanche.
Pour une très rare fois cette saison, le Canadien a compliqué la tâche de ses adversaires au lieu de se livrer à lui patins et mains liés.
Pour une trop rare fois cette saison, le Canadien s’est élevé au rang de club difficile à affronter.
Il était temps.
Le Canadien aura l’occasion de signer deux victoires de suite jeudi alors que les Islanders feront escale au Centre Bell. Il s’agirait de son premier doublé de la saison.
«Les gars savent déjà ce que je vais leur dire demain (mercredi). Ils savent que je vais leur demander de reproduire jeudi, ce que nous avons fait de bien ce soir. C’est ça l’objectif. Je sais très bien qu’on ne peut pas être au top tous les soirs. Mais on doit éviter d’avoir des gros écarts comme ce fut le cas lors des 10 premiers matchs», a expliqué Dominique Ducharme.
Pour se donner une chance de gagner deux fois de suite, le Canadien devra s’assurer d’être à nouveau difficile à affronter jeudi. Ce qui pourrait être plus ardu face aux Islanders que cela l’a été mardi contre Detroit.
L’éveil de Suzuki
Outre le fait que le Tricolore se soit dressé à son retour au Centre Bell, l’éveil offensif de Nick Suzuki a grandement aidé la cause de son équipe. Au-delà son but, son premier de la saison, Suzuki a aussi récolté des passes – ses sixième et septième – sur les deux autres buts du Canadien. La première a permis à Josh Anderson de filer en zone adverse avant de déjouer le gardien des Wings d’un bon tir. La deuxième a récompensé le jeune joueur de centre qui a bloqué un tir de Filip Zadina pour amorcer la contre-attaque qui a permis à Gallagher de tirer dans un filet désert.
Après s’être autoflagellé dimanche en qualifiant son match face aux Ducks de «pire en carrière», Suzuki ne s’est pas contenté de broyer du noir.
Il a rencontré l’entraîneur-adjoint Trevor Letowski qui lui a fait comprendre certaines choses par le biais de reprises vidéo : «Trevor m’a montré des séquences sur lesquelles je m’éloignais de la rondelle en m’effaçant dans les batailles à un contre un au lieu de m’impliquer de façon plus soutenue pour les gagner», a expliqué Suzuki.
Les bandes vidéo ne mentaient pas. Au contraire, après un camp d’entraînement au cours duquel il a pris les choses très aisées, Suzuki n’a pas haussé le rythme lors des dix premiers matchs. Non seulement n’avait-il pas marqué à ses dix premières rencontres, mais il était loin d’assumer son rôle de premier centre.
Mardi, contre Detroit, Suzuki a assumé ce rôle avec aplomb. Et cela dépasse le but qu’il a marqué et les deux passes qu’il a obtenues.
Il s’est battu dans les trois zones. Il a été efficace dans les trois zones. Il a même excellé aux cercles des mises en jeu où il a gagné 13 des 19 duels qu’il a livrés.
Drouin blessé
L’éveil de Suzuki est tombé à point. Amorçant une première rencontre cette saison au centre pour aider à combler les nombreuses brèches qui minent la ligne de centre déjà fragile du Canadien, Jonathan Drouin a quitté le match dès sa troisième présence après qu’il eut été à la tête par la rondelle à la suite d’un tir de la pointe de Brett Kulak.
Envoyé à l’hôpital par mesure préventive, Drouin était de retour au Centre Bell après la rencontre. Des examens supplémentaires seront effectués mercredi, mais il semble qu’il ait évité le pire. Ce qui pourrait lui permettre de reprendre son poste jeudi.
Les deux premières présences de Drouin au centre flanqué de Mike Hoffman à gauche et de Josh Anderson à droite ont permis de voir ce qu’on pouvait attendre de ce trio. Beaucoup de mouvements et de menaces potentielles en zone ennemie; beaucoup d’improvisations et de risques d’effondrements en zone défensive.
Attendons la suite de l’expérience avant de sauter aux conclusions.
Petry et Gallagher : amochés, mais en uniforme
Si Drouin a rapidement quitté le match, Jeff Petry et Brendan Gallagher ont finalement disputé la partie bien qu’ils soient tous les deux visiblement mal en point.
Bien qu’il affiche toujours la même intensité, Gallagher est lent dans ses déplacements. Bien reposé après avoir écoulé une pénalité mineure au cachot, Gallagher a hérité d’une rondelle libre en zone neutre dès son retour sur la glace. Il aurait pu profiter d’une longue échappée, mais a rapidement été rejoint par Filip Hronek.
Malgré la – ou les – blessure qui le ralentit, Jeff Petry a tenu à endosser l’uniforme. Il a d’ailleurs effectué 25 présences totalisant 26 min 14 s d’utilisation. C’est énorme. Même pour un gars en pleine santé.
«Brendan et Jeff ont fait preuve de leadership en tenant à jouer ce soir», a indiqué Dominique Ducharme qui s’est remet aux joueurs et au personnel médical en marge des décisions de jouer ou de ne pas jouer. Mais une fois ses joueurs en uniforme, le coach les utilise sans retenue.
«S’ils sont capables de jouer, ils jouent. Ils ne sont pas là juste pour remplir un chandail», que le coach a tranché.
Caufield à Laval, Romanov sur la passerelle
Une journée après que Cole Caufield se soit fait montrer la direction de Laval pour aller retrouver sa confiance dans la Ligue américaine, Alexander Romanov a été rayé de la formation.
Une décision rendue nécessaire par la piètre qualité des prises de décisions du jeune défenseur russe au fil des 10 premières rencontres.
«À un moment donné, il faut être capable d’être constant sur la patinoire. Romanov était trop souvent imprévisible. On lui a montré des tas de choses à faire selon les circonstances qui se présentent sur la glace par le biais du vidéo. Là, on a décidé de l’envoyer sur la galerie de presse pour qu’il regarde d’en haut et comprenne ce qu’on attend de lui», a plaidé Dominique Ducharme.
Il faut que le coach et son adjoint responsable des défenseurs Luke Richardson aient été échaudés dangereusement par Romanov au fil des 10 premières rencontres. Car en jumelant des défenseurs aussi «imprévisibles» surtout en défensive que Sami Niku et Chris Wideman ils s’exposaient à des bévues potentiellement nombreuses et lourdes de conséquences en zone défensive.
Des conséquences qui ont été évitées mardi soir.
La restructuration des duos a permis à Jeff Petry de compter sur l’expérience de Ben Chiarot même si ce dernier est loin de jouer du gros hockey orphelin qu’il est de la présence rassurante de Shea Weber à sa droite.
Elle a aussi permis à Brett Kulak de disputer un match intéressant – je me retiens pour ne pas écrire solide en raison de vilains dégagements refusés dont il s’est rendu coupable – en compagnie de David Savard.
En dépit ce qu’ils ont fait de bien, Kulak et Savard seraient à leur mieux au sein du troisième duo et non au sein du deuxième comme c’était le cas lors du match face aux Wings.
Pezzetta et Belzile en renfort
Pour combler le renvoi dans les mineures de Cole Caufield et la première des deux parties de suspension imposées à Cédric Paquette, Alex Belzile et Michael Pezzetta ont affronté les Wings mardi.
Ils ont très bien fait.
Au fil des présences effectuées, ils ont su maintenir le rythme dicté par le Tricolore tout en offrant du hockey de qualité autant en offensive qu’en défensive.
Pezzetta, qui disputait un premier match en carrière dans la LNH, s’est donné la chance d’en obtenir un deuxième. Tout comme Belzile, c’est l’éthique de travail et l’énergie déployées lors des matchs préliminaires qui ont justifié leurs rappels et leur présence au sein de la formation.
Pezzetta a atteint la LNH sous l’œil fier et peut-être un brin humide de ses parents, des plusieurs autres membres de sa famille et de bon nombre de copains venus à Montréal pour l’occasion.
«Ils étaient certainement une trentaine dans les gradins. Ce premier match dans la LNH était un grand moment pour moi comme pour mes parents et amis. J’espère être en mesure de démontrer que je peux remplir un rôle au sein de l’équipe. Je suis très heureux de cette première partie qui est couronnée d’une victoire. Les points viendront plus tard.»