MONTRÉAL - John Moore a dit à ceux qui s'étaient réunis pour célébrer les funérailles de son célèbre père, Dickie Moore, que ce dernier était un homme chanceux.

Surplombant le cercueil drapé des couleurs du Canadien de son illustre père, John a dit de celui-ci qu'il écoutait toujours les commentaires des gens au sujet du club. Après avoir aidé le Canadien à remporter six coupes Stanley, dont cinq d'affilée dans les années 1950, Moore comptait plusieurs partisans.

« Il s'assurait de répondre à toutes les lettres avec une signature que les gens pouvaient lire, a indiqué John. Oui, il était chanceux. Mais je l'étais particulièrement: mon père était Dickie Moore. »

Plusieurs anciens joueurs de la LNH, dont les ex-vedettes du Canadien Guy Lafleur, Serge Savard et Yvan Cournoyer, figuraient parmi l'assistance afin de rendre hommage à Moore, qui a été décrit comme un homme de famille loyal et humble qui était très généreux de son temps.

Moore, qui a grandi à Montréal au sein d'une famille de 12 enfants et qui était le plus jeune de neuf garçons, est décédé à Montréal le 19 décembre à l'âge de 84 ans.

Admis au Temple de la renommée en 1974, Moore a disputé ses 12 premières saisons avec le Canadien. Il était une menace à l'attaque sur le flanc gauche d'un trio complété par les frères Maurice et Henri Richard. Son no 12 a été retiré par le Tricolore afin de l'honorer, en compagnie de Cournoyer.

Il occupe le troisième rang de l'histoire du club pour les buts marqués et les aides par un ailier gauche. En 14 saisons en tout dans la LNH, il a récolté 608 points, dont 261 buts, en 719 rencontres.

Après sa carrière de hockeyeur, Moore a fait carrière dans le monde des affaires. Sa compagnie de location d'équipements de construction s'est transformée en véritable succès. Mais malgré tous ses succès hors de la patinoire, son service funèbre a sans nul doute permis de constater quelle partie de sa vie a davantage occupé l'avant-scène.

Près de son cercueil, une couronne de fleurs formant le logo du Canadien faisait paraître bien petit le crucifix juste à côté. La page frontispice du livret funéraire le montrait entouré de six coupes Stanley étincelantes.

Réjean Houle, le président des Anciens Canadiens, a dit de Moore qu'il était toujours là pour venir en aide aux anciens joueurs et qu'avant l'existence d'un fonds d'urgence, Moore répondait toujours aux appels à l'aide. C'est les lèvres tremblantes que l'ex-directeur général du Tricolore a rappelé que Moore n'était que la plus récente légende du CH à avoir rendu l'âme au cours des derniers mois.

« On a perdu un autre gars, a-t-il déclaré à l'extérieur de l'église Mountainside United. Après Jean Béliveau, Gilles Tremblay, Henri (Richard) est malade. C'est difficile pour nous quand nous perdons de ces légendes. »

Béliveau est décédé en décembre dernier, quelques jours seulement après Tremblay.

Lafleur a de son côté indiqué que Moore a connu du succès en affaires car il était un homme intelligent, issu d'une époque au cours de laquelle les hockeyeurs ne pouvaient pas compter sur leur salaire dans la LNH.

« À l'époque, ces gars-là travaillaient l'été, a noté Lafleur. Ils ne faisaient pas beaucoup d'argent. (Moore) était un travailleur acharné. Même à 75 ou 80 ans, il était au bureau à sept heures le matin. C'était un bourreau de travail, sur la glace et dans sa deuxième carrière. »