BROSSARD, Qc - Si quelqu'un peut comprendre ce que vit Carey Price en tant que joueur de hockey, c'est bien Jake Allen.

Allen, qui a été l'auxiliaire de Price la saison dernière et qui est devenu le gardien no 1 de l'équipe en son absence cette saison, a démontré beaucoup d'empathie pour son coéquipier mercredi après la séance d'entraînement du Canadien de Montréal au Complexe sportif Bell de Brossard.

Le Néo-Brunswickois âgé de 31 ans est d'ailleurs revenu sur le message que Price a publié sur Instagram en fin d'après-midi, mardi, dans lequel le gardien de but du Canadien a levé le voile sur les raisons qui l'ont poussé à s'isoler pendant un mois.

Price a indiqué mardi s'être rendu dans un centre de traitement pour usage de substances lors de son séjour de 30 jours dans le programme d'aide aux joueurs de la LNH et de l'Association des joueurs de la LNH, après des années à "sombrer dans un état de noirceur dont il m'est devenu impossible de sortir sans aide".

« Vous savez, nous sommes des personnes avant d'être des joueurs de hockey, a rappelé Allen. Il a la tribune pour réaliser de grandes choses. Carey a accompli tellement de choses sur la patinoire au fil de sa carrière, mais il faut souligner le courage qu'il a eu de poser le geste qu'il vient de poser. Bien des gens se sont tus dans le passé (sur cet enjeu), mais il s'est levé et a posé un geste concret. Je crois que ça changera sa vie pour le mieux, et ça démontre que ça peut arriver à n'importe qui - que tu sois le meilleur gardien au monde ou non.

« Nous verrons un Carey Price amélioré, peu importe le moment où il choisira d'effectuer son retour au jeu », a ajouté Allen.

Il en a aussi profité pour revenir sur la rencontre de quelques minutes tenue mardi matin entre les joueurs et le no 31. Même s'il a indiqué qu'il n'avait toujours pas eu de discussion en tête à tête avec lui afin de prendre de ses nouvelles, Allen a assuré qu'il le fera dès que Price sera prêt.

« C'était bien de le revoir hier. Il est entré dans le vestiaire et nous a tous parlé ensemble. Ça faisait un bout de temps qu'on ne l'avait pas vu, et il voulait nous expliquer un peu la situation dans laquelle il se trouvait, et quel était son plan pour la suite des choses. Mais entendre sa voix, et le voir dans l'entourage de l'équipe, ç'a été un soulagement pour plusieurs gars. C'était bien de revoir un visage familier, surtout en sachant qu'il traverse un moment difficile dans sa vie. Il avait l'air heureux, léger. »

Ducharme a été surpris

Il reste que plusieurs personnes ont été surprises lorsqu'elles ont lu le message de Price sur les réseaux sociaux.

Ç'a été le cas de l'entraîneur-chef Dominique Ducharme, qui a assuré ne pas avoir vu de signes de détresse de son gardien avant qu'il ne quitte subitement l'équipe le mois dernier.

« Non, et même en parlant avec les joueurs, qui sont encore plus près de lui que nous-mêmes au quotidien - ils se voient à l'extérieur de la patinoire, de l'aréna, ils se côtoient -, ç'a été une surprise, un peu, pour tout le monde. Ça n'était pas un problème dans l'environnement de l'équipe », a évoqué Ducharme.

Il a néanmoins salué la sortie publique de Price, qui contribuera selon lui à déstigmatiser les enjeux de santé mentale tant dans le hockey que dans la société en général.

« Ç'a aura de l'impact dans le monde du hockey - on l'a vu un petit peu avec Nate (Thompson) et Jonathan (Drouin), même si ce sont des cas différents -, mais aussi pour le monde en général. Pour les jeunes, pour les plus vieux, pour les Premières Nations, pour tout le monde qui regarde Carey et qui voit l'influence qu'il peut avoir comme joueur de hockey et comme personnalité. Un gars comme lui a démontré le courage nécessaire pour aller chercher de l'aide, pour devenir encore une meilleure personne. C'est un exemple positif, qui démontre aussi que chacun de nos joueurs est un être humain lui aussi », a-t-il souligné.

« On fait face à des défis qui sont importants, et parfois, la façon de t'évader, de t'échapper de ça des fois, ce n'est peut-être pas la meilleure solution; ça peut te tendre des pièges. Mais de faire face au problème, et de l'admettre, c'est probablement la meilleure chose à faire », a renchéri le pilote du CH.

« Personne n'arrêtera de travailler »