Fort d’une fiche impressionnante de 16-4-2, les succès du Canadien passent par Carey Price, ce n’est pas un secret. La Sainte-Flanelle vit et meurt par les performances de son gardien numéro un, situation parfaitement normale puisqu’il est probablement le meilleur joueur de hockey au monde. Il a d’ailleurs remporté les trophées Hart ainsi que Vézina à sa dernière saison complète et sortit victorieux lors de 13 de ses 15 départs cette saison, affichant un taux d’efficacité de 0,946 et une moyenne remarquable de buts alloués de 1,66 par rencontre. Les performances de Carey Price parlent d’elles-mêmes, le rendant indispensable au Tricolore.

Il ne faut pas fouiller très loin en arrière pour constater l’impact de Price sur le club, celui-ci subissant un véritable cataclysme l’an dernier à la suite de la perte de son cerbère, plongeant alors dans les bas-fonds du classement général. Heureusement, Carey Price est aujourd’hui de retour au sommet de son art.

Pourquoi Carey Price s’avère-t-il aussi indispensable au Tricolore? Certes, Price est assurément le meilleur à son poste, se révélant une forteresse imprenable pour le Canadien de Montréal et subtilisant les points au classement sur une base hebdomadaire. Carey Price est également le capitaine du navire, guidant ses troupes à travers les eaux agitées par son calme légendaire. Un aspect moins médiatisé, sur lequel je souhaite m’attarder, est son rendement aux alentours de son filet, alors que le numéro 31 n’est pas uniquement un mur de brique et un leader hors-pair, il s’avère également être un brillant maraudeur, excellant au moment de récupérer les rondelles libres, d’orchestrer les sorties de zone, de rejoindre ses coéquipiers et de bloquer des passes. Contrairement à la majorité de ses confrères, Carey Price est extrêmement polyvalent et brille dans toutes les facettes du jeu possibles pour un gardien de but. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de quantifier cet impact.

Le rendement de Carey Price en possession de la rondelleEn zone défensive, Carey Price est un véritable maraudeur en fond de territoire, alors qu’il est le joueur du circuit Bettman y récupérant le plus grand nombre de rondelles libres par rencontre, soit 23,9, devançant ainsi par une marge significative son plus proche poursuivant, le double récipiendaire du trophée Norris, Erik Karlsson (21,0). En prenant possession du disque, Carey Price a un impact indéniable en défensive, alors qu’il met immédiatement un terme aux attaques adverses.

Ce qui est d’autant plus impressionnant, c’est que Price récupère le disque à 17,9 occasions par partie lorsque l’adversaire le rejette en zone du Tricolore, avant d’exercer de la pression en échec-avant, le gardien moyen ne faisant de même qu’à 9,5 reprises dans le même intervalle. Il s’agit d’une donnée cruciale à bien des égards.

Pour commencer, lorsque Carey Price récupère la rondelle en de telle circonstances, il est alors impossible pour l’adversaire de battre de vitesse le défenseur du Canadien de manière à remporter sa bataille à un contre un, car Price l’a déjà pris de court.

Cela évite également aux joueurs du Tricolore de se faire frapper en fond de territoire, alors qu’ils sont vulnérables, étant à la poursuite du disque. Cette action de Price leur fait économiser de l’énergie et peut même leur éviter des blessures, eux qui n’auront pas à encaisser un contact de la part d’un joueur s’amenant à pleine vitesse. Sur un calendrier éreintant de 82 rencontres, il ne faut pas sous-estimer ce facteur.

De plus, comme le défenseur ne récupère pas la rondelle sous pression, il est moins probable qu’un revirement ne soit commis. Lorsque le gardien récupère le disque, le défenseur devient même une option de passe supplémentaire, ce qui augmente considérablement les chances de succès d’une éventuelle sortie de zone. En effet, le Canadien réussit normalement à quitter son territoire 70,8% du temps lorsqu’il tente une sortie de territoire, chiffre grimpant à 79,9 %, soit une hausse de quasi 10 %, lorsque Carey Price est à l’origine d’une telle manœuvre. Cette donnée prend d’autant plus d’importance que les revirements commis en zone défensive sont souvent impardonnables, menant fréquemment à des surnombres et à des chances de marquer.

Le rendement de Carey Price en possession de la rondelleLe seul bémol à ce sujet est que Carey Price connait moins de succès que la plupart des gardiens au moment d’organiser une sortie de zone, alors que le taux de réussite moyen est de 81,4 %. Cela s’explique par le fait que Carey Price tente des jeux plus risqués, ne se contentant pas de remettre la rondelle à son défenseur. Plus précisément, seul Ben Bishop (5,8) tente plus de passes par rencontre dans l’optique d’orchestrer lui-même une sortie de zone que Carey Price (4,9). Comme un grand nombre de gardiens préfèrent être plus passifs, remettant simplement le disque à un défenseur sans réelle intention d’orchestrer une sortie de territoire, il est normal que son taux de réussite soit plus bas que la moyenne.

Carey Price peut se permettre de prendre plus de risques, comme il est excellent pour manier la rondelle, complétant 21,2 passes par rencontre, ce qui est presque le double du portier moyen. Même qu’à ce chapitre, il se classe premier chez les gardiens et dixième dans la LNH, tous joueurs confondus. C’est également cette habileté déconcertante qui lui permet de récupérer un plus grand nombre de rondelles libres, car il a pleine confiance en ses moyens, ce qui lui permet de s’aventurer davantage dans sa zone défensive.

Il en résulte que Carey Price génère un temps de possession moyen de 40 secondes par partie, seul Pekka Rinne pouvant se vanter de faire mieux. Bref, Price domine outrageusement toutes les catégories relatives au temps de possession chez les gardiens.

Carey Price mène également le bal chez les cerbères au moment de couper les lignes de passe, réalisant cette action 1,1 fois par rencontre, ce qui enraye plus souvent qu’autrement une chance de marquer, comme ces passes sont souvent à destination du bas de l’enclave, d’où sont aujourd’hui inscrits 47,2 % des buts dans la LNH.

En somme, Carey Price est le meilleur de sa profession devant les poteaux, mais il semble aussi qu’il soit le meilleur aux alentours de son filet, lui qui est déjà dans une classe à part. C’est à se demander s’il est réellement humain. Plus sérieusement, en comptant sur un tel talent dans ses rangs, le Canadien doit impérativement profiter de cette fenêtre d’opportunité pour remporter les grands honneurs.