BROSSARD – Aucun partisan du Canadien n’a oublié l’entrée en scène de Ryan Poehling dans la LNH alors qu’il avait soulevé le Centre Bell avec trois buts et un autre en fusillade. Deux ans et demi plus tard, le camp d’entraînement devrait nous démontrer s’il est prêt à assumer un rôle régulier avec le Tricolore. 

Malheureusement, cette réussite éclatante n’a fait que vaciller le jeu de Poehling par la suite. Il s’est cherché autant sportivement que mentalement. 

Sous l’influence de Joël Bouchard et ses adjoints avec le Rocket de Laval, Poehling a enfin retrouvé une partie de ses repères la saison dernière dans la Ligue américaine. Ça tombe bien puisque Phillip Danault a quitté sous d’autres cieux et ça lui ouvre une porte au centre chez le Canadien. 

Pour le début de cette audition cruciale, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme l’a inséré au centre d’Artturi Lehkonen et Laurent Dauphin alors que plusieurs joueurs sont amochés et que les patineurs sont répartis en deux groupes. Ducharme a convenu qu’un poste est à sa portée. 

« Ça se pourrait. On aime la façon dont il a progressé durant la dernière année. Je le répète, mais on n’entend jamais qu’un joueur est arrivé trop tard dans la LNH. Son sort repose entre ses mains, il a eu une bonne journée et les matchs commencent bientôt », a-t-il réagi. 

Mais Ducharme a martelé sur quelques points jeudi dont celui que les réponses seront dévoilées durant les matchs. 

« Mais déjà, il est bonne forme et ça se voit de la façon dont il bouge. Il est plus mature physiquement et je voyais des détails dans son jeu. Plus efficace, plus fort sur la rondelle, meilleure protection... », a décrit Ducharme. 

Par le passé, Poehling n’a pas toujours affiché une condition physique optimale. Au fil du temps, il a saisi le message et la dernière saison a été très bénéfique pour son apprentissage. 

« La confiance, c’est est la première chose, j’ai réussi un gros pas dans la bonne direction. Joël a accompli un bon boulot pour nous enseigner à jouer de la bonne façon », a indiqué Poehling.  

« Ma constance n’était pas là auparavant. J’en ai parlé avec les entraîneurs à Laval et on a insisté là-dessus », a-t-il ajouté.  

Toutefois, c’est assurément au niveau mental que Poehling a trouvé sa zone de confort. Inutile pour lui, le choix de première ronde du Canadien 2017, de se comparer à Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi. 

« Tout le monde a son propre chemin, j’ai fini par le réaliser avec le temps que je dois continuer d’avancer sur ma voie. La saison dernière a été un bon départ et je dois poursuivre avec cette approche », a-t-il admis. 

« Honnêtement, ça m’a pris du temps (pour le comprendre). Tu arrives de l’université, tu es lancé dans le feu de l’action et tu connais un bon premier match. En chutant ainsi par la suite, je sentais que le monde s’écroulait. Mais j’ai enfin réalisé que je devais m’accrocher à mon parcours », a ajouté le gaucher de 22 ans qui a surmonté quelques frustrations en route.   

« Assurément, je me sentais si près du but et tout s’effondre ensuite. Il y a les attentes de la famille, des amis... Ça m’a pris du temps à comprendre que je devais me concentrer sur moi-même », a reconnu l’Américain. 

Concrètement, ce sera intéressant de voir où ce cheminement le mènera cette saison et lorsqu’il arrivera à son plein potentiel. Dans sa tête, il se voit dans la formation du CH en 2021-2022 et il ne veut pas se fixer de limites pour le reste. 

« La Ligue américaine peut te propulser ou mettre un terme à ta carrière. Peu de gars sont dans la LAH pour devenir des joueurs de l’élite offensivement. Je veux bien jouer défensivement et créer des chances offensivement. Au final, je veux que les entraîneurs puissent se fier sur moi », a-t-il répété quelques fois. 

Pour Ducharme, c’est tout simplement trop tôt pour jouer aux prédictions. 

« C’est lui qui détient la réponse. Il doit d’abord se battre pour un poste, obtenir un rôle, grandir dans ce rôle, mériter un plus grand rôle. On veut qu’il soit efficace des deux côtés de la patinoire », a cerné l’entraîneur. 

Poehling sera content d’entendre, ou de lire, que Nick Suzuki a plaidé en sa faveur. 

« Je lui ai parlé plusieurs fois cet été. Il paraissait très bien sur la patinoire (jeudi). Il a l’air plus gros, je pense qu’il a passé bien du temps au gym. J’ai toujours aimé son jeu, en espérant qu’il puisse pousser pour obtenir un rôle. Son jeu s’est beaucoup amélioré l’an dernier, il a joué beaucoup de minutes et les entraîneurs l’ont bien aidé. Il a toujours été intelligent et il a plusieurs habiletés », a souligné Suzuki. 

Au niveau physique, Poehling se sent plus fort que par le passé et particulièrement dans la force de ses jambes. Il est également rétabli de sa blessure au poignet gauche qui lui a fait rater le dernier droit de la saison du Rocket. 

« J'ai hâte de voir comment nos jeunes ont progressé »