Avec ses 33 buts, Max Pacioretty est au cœur de la lutte pour le championnat des marqueurs, exploit qui lui permettrait de soulever le convoité trophée Maurice-Richard. Bien que la course soit des plus serrées et qu’il n’est nullement assuré que le capitaine du Canadien en sorte vainqueur, il faut avouer qu’il est l’un des plus prolifiques marqueurs de la LNH, et ce, saison après saison. Son outil de prédilection pour accomplir pareil fait d’armes : son tir du poignet. Celui-ci s’avère assurément être l’un des meilleurs du circuit Bettman, permettant continuellement à l’Américain de se positionner avantageusement dans la colonne des buteurs.

Tous sont au fait que le tir de Pacioretty est une arme létale et dans le plan de match des opposants de la Sainte-Flanelle, le 67 est vraisemblablement identifié comme un élément devant être neutralisé, quoique les équipes adverses n’arrivent pas à exécuter cette mission. Comment se fait-il que la menace que représente Pacioretty continue de faire des ravages en dépit des efforts déployés pour le contrer? La réponse est bien simple : son tir est foudroyant, imprévisible et il l’utilise à satiété.

La clé du tir de Pacioretty est que sa détente est extrêmement prompte, de quoi laisser dubitatifs les cerbères adverses qui ne sont pas en mesure d’anticiper le moment où le 67 décochera. Ces centièmes de seconde font toute la différence dans un sport où la vitesse est reine.

Les gardiens sont si bons qu’il est aujourd’hui pratiquement impossible de les battre à l’aide d’un tir en provenance de la périphérie. Cela explique que 76 % des buts inscrits dans la LNH le sont depuis l’enclave. Seuls les meilleurs francs-tireurs sont en mesure de marquer à distance avec régularité, groupe sélect auquel appartient Pacioretty.

Le capitaine arrive à se hisser parmi les meilleurs buteurs du circuit, même s’il ne décoche que 35,9 % de ses tirs depuis l’enclave. Seuls Andreas Martinsen et Michael McCarron exécutent cette action moins souvent chez les attaquants du Tricolore. Décidément, Pacioretty n’a pas besoin de se positionner dans l’enclave, contrairement à la majorité des joueurs, pour enfiler l’aiguille, essentiellement en raison de la vitesse avec laquelle il dégaine. Cette capacité à tromper les gardiens depuis une distance éloignée lui procure un avantage énorme sur ses pairs et nous permet également de constater à quel point son lancer est dévastateur.

En effet, six des filets inscrits par Pacioretty ne provenaient pas de l’enclave (aucun de ceux-ci ne fut marqué dans un filet désert) et le capitaine du Canadien noircit la feuille de pointage lorsqu’il se trouve en moyenne à 6,80 mètres (22,3 pieds) du filet adverse. Chez le Canadien, seul Alex Galchenyuk parvient à tromper la vigilance des gardiens depuis plus loin.

Ce qui est d’autant plus impressionnant, malgré le fait qu’il décoche ses tirs à distance, c’est que Pacioretty affiche le troisième meilleur taux de tentatives de tir converties en buts chez le Canadien à 6,9 %, alors que seuls Paul Byron et Galchenyuk font mieux à ce chapitre. Pourtant, comme Pacioretty lance depuis une plus grande distance, ce taux de conversion devrait être normalement être plus faible, ce qui est d’autant plus flatteur pour le capitaine.

Il n’y a pas que le fait que Pacioretty dégaine plus vite que son ombre qui rend son tir si dangereux, sa provenance est également imprévisible.

Les équipes adverses savent pertinemment que le tir de Pacioretty fait des ravages, mais malgré tout, elles semblent incapables de le couvrir. Cela s’explique par le fait qu’il est pratiquement impossible d’établir un plan de match précis contre l’Américain vu sa grande versatilité, celui-ci étant aussi à l’aise pour décocher depuis le flanc gauche que du flanc droit. Cette saison, 36,4 % des tentatives de tir de Pacioretty avaient pour origine le côté gauche, contre 37,7 % pour le côté droit. Cette symétrie presque parfaite est frappante et très révélatrice, illustrant que le numéro 67 ne se confine pas à un endroit de prédilection en zone offensive. La défense est ainsi obligée de s’ajuster à ses déplacements au moment de le couvrir, comme il est impossible d’anticiper où il décidera de se poster en territoire adverse.

C’est également cette habileté à marauder en zone offensive qui permet à Pacioretty de se faire oublier dans l’enclave. Bien que négliger un tel marqueur dans cette zone fatidique relève du danger, cela survient fréquemment, alors que le capitaine y capte 1,8 passe pour chaque tranche de 20 minutes jouées, un sommet chez le Canadien. Cela explique aussi qu’il soit le joueur du Canadien décochant le plus de tirs depuis l’enclave (1,6) pour ce même intervalle. Non seulement le tir de Pacioretty est foudroyant, mais s’il est en mesure de lancer depuis l’endroit offrant le meilleur angle et le moins de temps de réaction aux gardiens, cela ne leur laisse que peu de chance de réagir.

Certes, les adversaires de Pacioretty se méfient de son tir, mais le principal intéressé étant au fait de son hégémonie, il n’hésite pas à l’exploiter à profusion. Il est le joueur du Canadien tentant de diriger le plus de tirs au but proportionnellement à son temps d’utilisation, soit à 7,1 reprises pour chaque tranche de 20 minutes de jeu. Lorsqu’un joueur aussi talentueux envoie aussi souvent le disque vers le filet, de bonnes choses vont inévitablement se produire.