Le Canadien vient d’en perdre quatre de suite, dont trois en temps réglementaire, pour la première fois de la saison. Pour trois de ces défaites, les clubs rencontrés représentaient des défis de taille, puisqu’ils devançaient le CH, ce qui n’était pas le cas pour les Panthers de la Floride.

Bref, est-il en train d’arriver quelque chose au CH qui glisse rapidement au classement? À mon avis, il y a trois possibilités : soit, le club souffre d’un complexe d’infériorité, soit les limites de l’équipe ont été atteintes, soit ce n’est qu’une mauvaise passe dont les joueurs doivent se sortir.

Analysons la première hypothèse : le complexe. Un sentiment d’infériorité se définit comme un ensemble de préoccupations centrées sur un défaut réel ou imaginaire qui peut être physique ou intellectuel. Par exemple, une personne plus petite que la moyenne peut souffrir d’un tel complexe, se sentant diminuée face aux autres. De la même façon, une personne peut se sentir moins intelligente que son entourage et refuser de prendre la parole en groupe de peur d’avoir l’air stupide. Revenons maintenant au Canadien, tout en rappelant qu’il est souvent périlleux de comparer une équipe à une personne. Dans ce cas, si on analyse la façon dont ils jouent et ont joué, non seulement les dernières parties, mais tout ce début de saison, l’idée d’un complexe d’infériorité ne surgit pas instantanément. Les joueurs m’ont toujours semblé répondre coup pour coup aux attaques adverses. De plus, ils acceptent à la fois les plans de matchs prônés par l’entraîneur et leur rôle, car ils savent qu’ils ont des forces et des faiblesses autant comme équipe que comme individus. Tout ça n’implique pas qu’un joueur se sente diminué ou inférieur aux autres. Chacun possède des qualités qu’il met au profit du club, car ils forment une véritable équipe avec un solide esprit de corps.

Alors non, il ne s’agit probablement pas d’un complexe d’infériorité face aux autres équipes.

Le CH peut-il alors avoir atteint sa limite? C’est-à-dire, les joueurs ont-ils donné tout ce qu’ils avaient et faut-il comprendre qu’ils ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec ceux qui les devancent au classement?

La réponse est moins claire. Peut-être, comme le croient certains, le CH est rendu dans une phase où il ne peut offrir plus.

Toutefois, en ce qui me concerne, quand je regarde le comportement des joueurs sur la glace, quand je vois leur détermination dans les coins de patinoire pour aller chercher la rondelle, quand j’examine leurs réponses aux questions des journalistes, je n’ai pas l’impression qu’il s’agit d’une équipe déclassée. Je ne sens pas que le CH ait été surévalué et révèle maintenant sa véritable nature. Le Canadien a le talent, la vitesse, les habiletés et la détermination. Est-ce que ça implique qu’il n’y a pas de lacunes? Poser la question, c’est y répondre. Il y a encore du travail à faire et des efforts à fournir, c’est certain.

Reste donc la dernière hypothèse : le club traverse une mauvaise passe.

Ça ne vous étonnera pas si je penche pour cette option. Le langage corporel des joueurs et des entraîneurs, l’aplomb dont ils font preuve, le caractère devant les situations parfois difficiles et l’attitude générale du club me laissent croire qu’il s’agit d’une mauvaise période. Cela ne signifie absolument pas qu’il leur sera facile de s’en sortir. L’équipe devra travailler avec encore plus d’acharnement, les entraîneurs devront innover dans leurs plans de match et tous devront se serrer les coudes pour passer à travers les prochaines semaines et les prochains mois. Il devra aussi y avoir un examen de conscience individuel. Il faut accepter de se regarder honnêtement pour corriger certaines lacunes. Par exemple, chacun donne-t-il toujours son maximum à chaque présence? Certains joueurs ont-ils la mèche trop courte en certaines occasions ce qui amène des pénalités et met le club dans l’embarras? D’autres tournent-ils parfois les coins un peu ronds, ne fournissant pas cet effort additionnel, ce qui peut entraîner soit des pénalités, soit des revirements? Il n’y a aucun doute que c’est parfois le cas.

Il y a donc toute une prise de conscience à faire au niveau de la glace, mais peut-être aussi au niveau de l’administration, alors qu’approche la date limite des transactions. À cause des dernières parties, le doute prend forme dans l’esprit des partisans. Il est clair que la saison dernière (et un peu celles d’avant) a largement miné notre confiance. On veut y croire, mais si le passé est garant de l’avenir, il est facile d’imaginer que le club ne jouera pas longtemps ce printemps encore.

Cependant, si tous les éléments sont pris en compte, le CH peut certainement sortir de sa torpeur et se rendre en séries de fin de saison. Il en a le potentiel. Après... impossible de savoir ce qui pourra arriver, mais il est indéniable que la première étape passe un rapide retour à la victoire.

Autrement...

Un mot en terminant pour féliciter l’équipe canadienne féminine qui a remporté la « Série de la rivalité » face aux Américaines. En gagnant ce 2-de-3, les Canadiennes ont prouvé qu’elles pouvaient dominer le hockey féminin face à leurs éternelles adversaires. Il faut espérer que ces matchs enlevants guideront d’autres jeunes filles vers le hockey. En passant, les joueurs du CH devraient peut-être y trouver un peu d’inspiration pour le dernier droit de leur saison.