C’est dans une poche protectrice aux couleurs des Bulldogs que Mike Condon a glissé son masque après la défaite de 4-3 du Canadien aux mains des Capitals de Washington.

Mais s’il connaît d’autres sorties aussi brillantes que celle de jeudi d’ici la fin du calendrier préparatoire et qu’il maintient ce niveau de performance une fois de retour avec le club-école en début de saison, il ne faudrait pas se surprendre que Condon glisse un jour ce même masque dans une poche protectrice aux couleurs du Canadien.

Parfait face aux 21 tirs qu’il a affrontés en deuxième moitié de match et en prolongation, Condon a malgré tout été victime du but de la victoire. Un but de toute beauté marqué par T.J. Oshie à qui Barry Trotz a donné le mandat d’amorcer la fusillade pour les Caps. Une très bonne idée si l’on considère que l’Américain est le maitre des tirs de barrage dans la LNH. Oshie a servi une, deux, trois feintes du tonnerre à Condon qu’il a déjoué en levant la rondelle dans la lucarne. Le genre de feinte qu’Oshie a servi aux meilleurs gardiens de la LNH. Le genre de feinte qui lui a permis de battre les Russes lors des derniers Jeux olympiques d’hiver à Sotchi. «J’ai tenté de me souvenir de ce qu’il avait fait contre Bobrovski (Sergei), mais de toute évidence je ne m’en souvenais pas. Il m’a battu avec un bon tir. Je tenterai de me reprendre la prochaine fois», a lancé Condon dans le vestiaire après la rencontre.

Pour le reste, Mike Condon a été excellent. Toujours bien posté, toujours en équilibre, toujours en contrôle, rapide et précis dans des déplacements latéraux, il a offert une performance bien meilleure que celle de Dustin Tokarski qui a connu un début de match difficile. Tokarski a accordé deux buts sur les 15 tirs des Caps au premier tiers. Il en a concédé trois sur les 22 tirs qu’il a affrontés au cours de sa moitié de partie.

L’adjoint – jusqu’à preuve du contraire – de Carey Price n’est toutefois pas le seul à blâmer. De fait, il n’est pas vraiment à blâmer sur ces trois buts. Bon ! Il aurait eu avantage à garder son bâton sur la glace pour maximiser ses chances de faire l’arrêt sur le premier. Mais les deux autres ont complété de très beaux jeux des Capitals. De plus, en début de rencontre, ses coéquipiers jouaient à son image devant lui : ils étaient brouillons, sur les talons, mal placés et multipliaient les mauvaises décisions.

Dans le style approximatif qui le caractérise, Tokarski a quand même réalisé quelques bons arrêts. Mais il s’est aussi retrouvé – ça lui arrive souvent – face à son filet alors que la rondelle glissait dangereusement dans l’enclave derrière lui. Mettons que ce n’est pas la meilleure façon de réaliser des arrêts. Et que ce n’est certainement pas la meilleure façon de protéger sa place d’adjoint dans la LNH.

Arroseur arrosé 

Est-ce que Mike Condon pourrait remplacer Dustin Tokarski dès le début de la saison régulière ?

J’ai posé la question à Michel Therrien après le match. Le coach du Canadien a contourné la question en répondant que ses deux gardiens venaient de connaître un bon match. Cette réponse n’avait rien à voir avec la question. J’en conviens. Mais cette réponse en disait long aussi. Elle nous permettait de conclure que dans les plans actuels du Canadien – ou au moins du coach – c’est Dustin Tokarski – à moins qu’il ne se blesse ou qu’il passe plus de temps à regarder dans son filet qu’à défier les tirs de ses adversaires – qui amorcera l’année à Montréal.

Après ? On verra.

Parce que Dustin Tokarski n’a pas été en mesure de faire le travail en relève à Carey Price l’an dernier, parce qu’il est brouillon devant son filet et qu’il est loin d’attiser la confiance du club quand il saute dans la mêlée, il est en train de se rendre coupable des mêmes erreurs commises par Peter Budaj il y a deux ans. Il ne faudrait pas oublier que c’est parce que l’état-major avait perdu confiance en Budaj que le Canadien s’est tourné vers Tokarski lorsque Carey Price est tombé au combat face aux Rangers de New York en finale de l’Est.

Si Tokarski soulève de l’inquiétude et que Condon lui soulève de la confiance autour de lui, on se retrouvera dans une situation d’arroseur arrosé. Ce sera tant pis pour Tokarski, mais tant mieux pour Condon et surtout pour le Canadien qui pourrait être bien mieux servi par le gardien originaire de la région de Boston.

Patient et philosophe

Comme je l’écrivais plus haut, ça n’arrivera pas demain. Après demain non plus. Du moins, je ne crois pas. Car dans les faits, Mike Condon disputait son 4e match seulement sur la glace du Centre Bell. Son premier avec le grand club dans le cadre d’un vrai match, même s’il était préparatoire.

À 25 ans, on peut dire que Condon frappe à la porte de la LNH un brin ou deux tardivement. Mais comme il l’a admis après sa brillante sortie de jeudi, il n’est pas pressé et il est prêt à patienter le temps qu’il faudra pour atteindre son objectif qui demeure la LNH. «Je vais attendre de disputer une vraie rencontre dans la LNH pour garder mon chandail en souvenir. Pour l’instant, je suis juste excité d’avoir la chance de disputer des matchs et de démontrer ce que je suis capable d’accomplir», a répété Condon.

Au-delà des clichés habituels, Condon assure faire appel à la maturité que lui procurent ses 25 ans pour bien composer avec la situation qui se dresse devant lui. «Plus je vieillis, plus je réalise à quel point il est nécessaire de me concentrer sur le moment présent et non sur les objectifs à long terme. Il est hors de question de m’asseoir sur mes lauriers et de me satisfaire de ce que j’ai accompli jusqu’ici dans ma carrière. Je veux continuer à grimper vers la LNH. Mais je comprends aujourd’hui qu’il est inutile de m’imposer une pression additionnelle en me fixant un délai à respecter pour atteindre mon objectif. Je suis arrivé au camp en me disant d’offrir des performances solides à toutes les occasions qui se présenteront à moi et que le reste suivra son cours.»

Si le match de jeudi nous donne une idée de ce que l’avenir lui réserve, Mike Condon sera un jour l’adjoint de Carey Price. Et ce jour pourrait venir plus vite que plusieurs le croient. À commencer par Dustin Tokarski…

Belle complicité

Si Mike Condon a offert une performance solide et encourageante pour le Canadien, on peut en dire autant des performances de Thomas Fleischmann et David Desharnais à l’attaque. Ces deux joueurs affichaient une belle complicité malgré le peu de temps passé ensemble sur la patinoire.

On a aussi vu de beaux élans de Galchenyuk et Semin avec Lars Eller jamais très loin derrière.

Solide dans toutes les facettes du jeu, Fleischmann a certainement gagné en grade avec sa performance d’hier. Remarquez que le tchèque ne fait que confirmer ses qualités qui sont connues de tous les membres de l’état-major du Canadien. Il ne fait que confirmer qu’il sera en mesure d’aider le Tricolore si on décide de lui offrir un contrat au terme de l’essai que Marc Bergevin lui a accordé.

S’il est resté très vague sur la question des gardiens auxiliaires, Michel Therrien a été très clair en ce qui a trait aux paramètres qui dicteront la suite des choses avec Fleischmann. Contrairement à ce que je croyais, les chances de l’ailier gauche de signer un contrat avec le Canadien n’ont rien à voir avec la durée de l’absence de Max Pacioretty. «Il n’y a aucun rapport entre les deux», a assuré le coach du Canadien. «Nous attendons de voir ce que nos jeunes sont en mesure d’offrir et une décision sera prise une fois les analyses complétées.»

À la lumière de la performance de Fleischmann jeudi et de celles des jeunes qui pourraient lui ravir un poste avec le grand club, le Tchèque peut commencer à regarder des logements.