Courte victoire, long soupir de soulagement!
Canadiens dimanche, 24 janv. 2016. 00:35 dimanche, 15 déc. 2024. 00:00Après s’être contenté trop souvent de passer proche de gagner depuis le début de sa séquence atroce, le Canadien est passé proche de la catastrophe samedi à Toronto. Mais comme passer proche, c’est juste bon aux fers et à la pétanque, le Canadien est finalement sorti gagnant du Centre Air Canada.
Et c’est tout ce qui compte.
C’est vrai que le Canadien a laissé filer une avance de deux buts; c’est vrai qu’il a encore raté le filet 40 fois alors que seulement 29 des 69 tirs qu’il a décochés ont atteint la cible; c’est vrai que l’attaque massive a prolongé sa disette en bousillant les quatre supériorités – le Canadien a seulement six buts à ses 71 dernières attaques à cinq pour une efficacité de 8,45 % – offertes par les Leafs; et c’est vrai aussi que le Canadien s’est contenté de deux buts contre des Leafs qui étaient loin de représenter un adversaire coriace à l’attaque comme en défense.
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Mais le Canadien a gagné. Et je suis d’accord avec l’entraîneur-chef Michel Therrien qui a soutenu qu’en dépit de la courte victoire arrachée à Toronto, son club méritait de gagner.
Bon! Il faudra que le Canadien soit bien meilleur qu’il ne l’a été samedi s’il veut étendre à deux sa série de victoires pour la première fois depuis les 25 et 27 novembre dernier. Mais pour se rendre à deux victoires, il faut d’abord en signer une. C’est toujours ça de fait.
Et comme c’est à Columbus qu’il jouera son prochain match lundi, et que dès le lendemain le Canadien sera l’hôte des misérables Blue Jackets, le Tricolore n’a pas le choix : s’il veut être pris au sérieux dans sa quête de reprendre sa place au sein des huit équipes invitées à prendre part aux séries, il devra gagner les deux dernières rencontres avant la pause du Match des étoiles. Ou au moins récolter trois des quatre points à l’enjeu.
Prudence malsaine
Pour y arriver, il serait bon de mieux jouer qu’il ne l’a fait samedi à Toronto. En fait non. Il serait mieux de prendre les moyens pour résister aux assauts de ses adversaires.
Car samedi, sans disputer un grand match, le Canadien a quand même connu une bonne rencontre. Il a très bien entrepris la partie. Il a bien muselé les Leafs qui ont patienté jusqu’à la mi-période avant d’obtenir leur premier tir de la rencontre. Et encore, on ne pouvait pas vraiment considérer ce dégagement du centre de la patinoire comme un tir.
Le Canadien a limité Toronto à trois tirs en première, à huit en deuxième, à quatre en troisième et quatre autres en prolongation alors que les deux équipes ont offert du jeu soutenu et un brin spectaculaire.
Pour limiter un adversaire à 15 tirs en 60 minutes – même si cet adversaire est le Maple Leafs de Toronto –, il faut faire de bonnes choses sur la patinoire. Ce que le Canadien a fait.
Mais comme l’a indiqué avec une franchise qui l’honore David Desharnais, lorsque les Leafs ont marqué leur premier but, on a senti le Canadien se retrouver sur les talons. Lorsque les Leafs ont nivelé les chances, on a vite cru que cela en était fait des chances du Tricolore.
Est-il nécessaire de souligner ici les conséquences néfastes qu’aurait entraînées un revers, fut-il encaissé en prolongation ou en tirs de barrage?
Malgré tous les espoirs soulevés par Mike Babcock derrière le banc des Leafs, cette équipe bien ordinaire n’avait pas gagné cette année alors qu’elle tirait de l’arrière après deux périodes (0-13-2). Une chance pour Michel Therrien qui semblait fort soulagé dans son point de presse, pour ses joueurs et pour leurs partisans à bout de souffle, les Leafs n’ont toujours pas signé de remontée gagnante.
Je sais que la confiance du Canadien est très fragile en ce moment. Avec seulement cinq gains en 22 matchs, il est bien normal qu’elle soit fragile. Mais pour maximiser ses chances de victoires, il faudra que le Canadien sombre moins dans ce genre de prudence malsaine qui ouvre la porte aux adversaires au lieu de les museler.
Ça viendra peut-être avec les victoires. Si elles viennent...
Eller, Carr, Desharnais
Dans un rôle qui lui va bien au centre du troisième trio, Lars Eller a disputé un match solide. Il faut le souligner, car je ne manque pas de relever ce qu’il fait de croche sur la patinoire.
Daniel Carr, qui n’aurait jamais dû être renvoyé dans la Ligue américaine parce qu’il est déjà pas mal plus utile au Canadien que certains vétérans qui ne méritent pas leur temps d’utilisation – le nom de Devante Smith-Pelly vient en tête de liste –, a eu un impact immédiat sur le Canadien.
Il ne remplacera personne au sein du premier trio. C’est évident. Si jamais il doit le faire, le Canadien sera alors encore plus dans le trouble qu’il ne l’est déjà. Mais ce jeune joueur fougueux a compris ce qu’il devait faire lorsqu’il a obtenu une chance pendant l’absence de Brendan Gallagher. Il fonce au filet, il est incisif en échec avant et il ne peut se permettre le moindre relâchement sur la glace. Tant qu’il offrira ce tiercé gagnant à Michel Therrien, le coach serait bien malvenu de ne pas en profiter.
Je comprends que le Canadien a dû lui préférer Jacob De La Rose le temps de quelques matchs parce qu’un ou deux – je ne peux pas croire qu’elles étaient trois – équipes de la LNH voulaient analyser son jeu avec le grand club avant de décider si elles allaient ou non discuter transaction avec le Tricolore.
Pour le bien de Carr et du Canadien, De La Rose mérite bien plus de demeurer sur la galerie de presse ou dans la Ligue américaine. Car avec Daniel Carr au sein de la formation, le Tricolore compte sur un joueur qui s’implique et provoque des choses.
David Desharnais a lui aussi disputé un solide match. En plus de marquer le premier but, il a orchestré quelques belles poussées en cours de rencontre. Il a bousillé une échappée en prolongation et n’a pas marqué en tir de barrage. C’est vrai. Mais il a aussi complété un très beau repli pour aider Mike Condon – qui a effectué du bon boulot samedi – en prolongation.
Alex Galchenyuk a généré de l’attaque avec Desharnais et Weise. On doit applaudir les huit tirs qu’il a décochés. Mais on doit lui reprocher avec véhémence le fait d’avoir raté la cible cinq fois.
L’avenir offensif du Canadien repose sur ce joueur qui doit obtenir plus de résultats qu’il en obtient depuis le début de la saison. Surtout que samedi, au sein d’un deuxième trio qui a été supérieur au premier, Galchenyuk a obtenu près de 20 minutes d’utilisation, sa soirée de travail la plus occupée de l’année.
Malgré un différentiel de moins-2 qui n’a rien de reluisant, P.K. Subban a joué près de 32 minutes. C’est énorme. Même si le match est allé en prolongation. Il a touché la cible trois fois, il a donné des mises en échec, il a bloqué cinq tirs. Oui il a ménagé ses énergies à quelques occasions et oui il s’est rendu coupable d’un ou deux revirements bêtes. Mais en jouant autant, il est normal que cela arrive.
Une fois encore samedi, j’ai beaucoup aimé la performance de Mark Barberio. Il a est rapide, il est éveillé sur la patinoire, il a un bon flair offensif et il est clair à mes yeux qu’il devra demeurer au sein de la formation même lorsque Tom Gilbert sera en mesure de revenir au jeu.
De fait, je crois que l’éclosion de Barberio devrait inciter le Canadien à offrir quelques soirées de congé à Andrei Markov ici et là.
Parce que la victoire comptait plus que tout samedi et que cette victoire arrachée en tirs de barrage permet de couvrir les lacunes relevées lors de la rencontre, on ne fera pas un plat de la timidité relative du premier trio. Mais en dépit du presque but de Brendan Gallagher en fin de troisième période, en dépit du but crucial de Max Pacioretty qui a nivelé les chances pour prolonger la séance de tirs de barrage, le premier trio du Canadien devra être beaucoup plus dominant qu’il ne l’a été samedi si le Canadien veut bâtir sur le gain de samedi.
Beaucoup!
Mais au moins le Canadien a gagné. Ce faisant, il peut se préparer en vue de ses deux derniers matchs avant la pause du Match des étoiles sans être torturé par la critique et les appels au congédiement de Michel Therrien.
Il ne lui reste qu’à gagner la prochaine partie, et l’autre aussi tant qu’à y être...