MONTRÉAL – La première fois, Carey Price a sorti la mitaine. Simplement spectaculaire. La deuxième fois, ce fut la jambière gauche. Il était moins une.

La troisième fois, il n’a rien pu faire. On ne contient pas Sidney Crosby éternellement.

Price a tout essayé, mais il n’a pu sauver les meubles à lui seul. Le Canadien purgeait sa troisième pénalité en un peu plus de dix minutes quand le capitaine des Penguins de Pittsburgh l’a finalement déjoué à 3:41 de la période de prolongation, procurant aux visiteurs une victoire de 2-1 samedi soir au Centre Bell.

Alex Galchenyuk était au cachot – le CH s’était fait prendre avec un homme en trop sur la patinoire – et Tomas Plekanec se débrouillait sans bâton lorsque Crosby a reçu une passe d’Evgeni Malkin et l’a aussitôt propulsée derrière Price sur le 37e tir des Penguins.

Le Tricolore s’est ainsi incliné dans un deuxième match consécutif, encore une fois contre l’une des équipes de pointe de l’Association Est. Mardi, à son retour à domicile après un long voyage parfait, il avait baissé pavillon devant le Lightning de Tampa Bay.

« J'ai pas aimé notre avantage numérique »

« J’ai aimé la façon dont on a joué à 5 contre 5. C’était un match serré, c’est ce qu’on voulait avoir contre une équipe qui a beaucoup de punch à l’attaque. Mais notre jeu de puissance ne nous a pas donné de momentum, au contraire. Je pense que c’est un peu là que ça s’est joué. »

Les chiffres donnent raison à l’entraîneur du Canadien. Son jeu de puissance a été tenu en échec à chacun de ses quatre déploiements et n’a rien produit pour la sixième fois en sept matchs. En trois matchs cette saison contre les Penguins, il montre un rendement de 0-en-11.

Non seulement le Canadien n’a pu tirer profit de ses chances avec un homme en plus, mais il a pratiquement déroulé le tapis rouge aux Penguins avec son indiscipline en troisième période. Tom Gilbert a été déclaré coupable d’obstruction à la treizième minute, puis Alexei Emelin a été puni pour la deuxième fois du match moins de deux minutes plus tard.

Les échos de vestiaire du CH

Mais sur le coup, Price, qui avait reçu son invitation pour le match des étoiles une heure avant la rencontre, ne s’est pas montré ébranlé. Il a frustré Crosby une première fois en captant un boulet en plein vol, la vivacité du mouvement l’écrasant sur les fesses alors que son gant pointait, en signe de victoire, vers les hauteurs de l’amphithéâtre.

« J’avais bien lu ses intentions, j’avais le pressentiment qu’il viserait le côté éloigné, a analysé Price. Mais il s’est repris en prolongation, alors... un à un. »

En prolongation, un déplacement latéral éclair de Price lui a permis de glisser à sa gauche juste à temps pour refuser l’accès à Crosby à l’embouchure du filet. David Perron a obtenu la même réponse quelques instants plus tard.

Crosby a persisté. Il a déjoué Price une première fois lorsqu’il a réussi à faufiler la rondelle entre les jambières du cerbère, mais une intervention divine d’Emelin a freiné la course du disque alors qu’il s’apprêtait à franchir la ligne rouge. « Ah ouais? », a semblé dire Crosby, qui a mis toute la gomme sur le puissant lancer frappé qui a résulté en son 12e but de la saison. Personne n’aurait osé se mettre devant celui-là.

Les échos de vestiaire des Penguins

« Ce n’est pas la façon dont on veut s’avouer vaincu, mais c’est le sort qu’on doit accepter ce soir. Il n’y a pas grand-chose à ajouter », se résignait Price.

« J’ai l’impression que c’est la même histoire qu’à notre match précédent, a noté Max Pacioretty, faisant référence aux deux buts encaissés par les unités spéciales face au Lightning. La bonne nouvelle, c’est qu’on sait ce qu’on doit améliorer, mais le fait demeure qu’on ne reverra jamais ces deux points. »

Malkin, l’architecte du but gagnant, avait lui-même créé l’égalité en fin de deuxième période.

Pacioretty avait donné les devants au CH au premier vingt. Marc-André Fleury, qui n’a rien donné par la suite, a fini sa soirée de travail avec 27 arrêts.

Les Penguins ont ainsi vengé l’échec que le Canadien lui avait infligé exactement une semaine plus tôt à Pittsburgh, s’assurant du même coup de remporter les honneurs de la série de trois matchs prévue entre les deux équipes au calendrier de la saison régulière.

Avant la rencontre, l’organisation du Canadien a démontré son support à la nation française, frappée par divers actes terroristes au cours de la dernière semaine, en faisant jouer La Marseillaise, l’hymne national du pays, à l’écran géant.

La réponse de Pacioretty

Ignoré lors de la sélection des joueurs invités au match des étoiles, Pacioretty a répondu en marquant dans un quatrième match de suite, ouvrant le pointage à 18:09 de la première période.

« Même pas P.K.!? »

Les Penguins attaquaient avec de mauvaises intentions quand Pacioretty a récupéré une mauvaise passe de Crosby et s’est retourné sur une pièce de dix sous pour relancer l’attaque. En deux contre un avec Brendan Gallagher, le 67 a patienté avant d’opter pour le tir et déjouer Fleury par-dessus la mitaine.

Avec 18 buts à sa fiche, Pacioretty en compte un de moins qu’à pareille date l’an dernier. Il a bien failli s’approcher encore plus de la vingtaine en enfilant le but vainqueur en fin de troisième, mais son tir a donné contre l’extérieur du filet alors que Fleury avait laissé le haut de son filet sans protection.

« Avec quelques minutes à faire à la période, j’aurais bien aimé jouer les héros, regrettait Pacioretty. L’angle était serré, mais je dois mettre la rondelle dans le fond du filet quand j’obtiens une chance comme celle-là. C’est pour ça que je suis payé. »

Le franc-tireur s’est fait remarquer dans les deux sens de la patinoire. En deuxième période, un beau repli lui a permis d’éteindre une menace de Marcel Goc.

Mandat partiellement rempli

Réunis pour la première fois de la saison sur un quatrième trio à vocation énergisante, les jeunes Michaël Bournival, Sven Andrighetto et Christian Thomas se sont attaqués à leur mandat dès que le signal leur fut donné, appliquant un bon échec avant pour embouteiller les Penguins dans leur territoire.

L’énergie d’Andrighetto a forcé Christian Ehrhoff à écoper de la première pénalité du match à mi-chemin en première période. Le jeu de puissance du Canadien a toutefois fait patate et a éventuellement été complètement blanchi pour la sixième fois en sept matchs.

ContentId(3.1112376):Encore une fois la discipline
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Thomas, qui disputait son premier match de la saison dans la LNH, a obtenu une bonne chance de tester Fleury lors d’une présence subséquente. Une bombe de Nathan Beaulieu lui a permis de descendre en vitesse sur l’aile gauche, mais son tir frappé a facilement été maîtrisé par le cerbère québécois. Quelques secondes plus tard, Andrighetto a été incapable de décocher un tir de l’enclave après avoir reçu une passe de Bournival.

Le petit Suisse a de nouveau frappé à la porte en deuxième, alors qu’une pénalité à retardement était signalée par l’un des officiels. Andrighetto a vu un peu d’action en avantage numérique aux côtés de Brendan Gallagher et Alex Galchenyuk.

Mais le quatrième trio concocté par Therrien a fini par se faire remarquer pour les mauvaises raisons. À la fin d’une longue présence, ses trois membres n’ont pu qu’être témoins du 19e de la saison de Malkin, à 18:28. Le menaçant Russe a fait siffler un plomb par-dessus l’épaule gauche de Price alors que ce dernier avait la vue obstruée par Beau Bennett.

Après le match, Therrien ne tenait pas trop rigueur à ses jeunes pour leur erreur.

« Ils ont passé du temps en zone offensive, ils ont été rapides et malgré le fait qu’ils étaient sur la glace pour un but, je pense qu’ils ont bien fait ça », a conclu le coach.

Andrighetto a néanmoins été rétrogradé aux Bulldogs de Hamilton au terme de la rencontre.