Encore le premier trio

La question me fut posée directement par mon ami Terry Dimonte, lundi matin, sur les ondes de CHOM-FM. « Les succès présents de Max Pacioretty sont-ils directement liés à l’arrivée de Thomas Vanek avec le Canadien ? »

En partie, oui, mon cher Terry. Mais en partie seulement. Car d’autres facteurs expliquent aussi la production offensive remarquable de l’attaquant du CH depuis le début de la saison. Et Pacioretty, lui-même, mérite assurément beaucoup de crédit pour ses résultats retentissants sur la patinoire.

Sur le plan collectif, il est clair que la composition du trio Pacioretty-Desharnais-Vanek par Michel Therrien, s’est avérée un véritable coup de génie. Il est carrément l’un des meilleurs de la Ligue nationale depuis ses tous premiers pas officiels, soit lors du match historique contre les Sénateurs d’Ottawa, le 15 mars dernier! Encore samedi, il fut au cœur même de la victoire du Canadien, récoltant tous les buts du match et amassant 7 points au total. À chaque présence, les trois joueurs étaient dominants, « trop forts pour l’adversaire », s’est même exclamé mon analyste Marc Denis, lors du reportage. On a parfois l’impression que les trois compagnons de trio évoluent ensemble depuis plusieurs saisons tellement ils font preuve de cohésion et de synchronisme en zone offensive!

La production offensive de Pacioretty va aussi (et d’abord) de pair avec le réveil de Desharnais autour de la mi-novembre. Depuis son fameux but gagnant en tirs de barrage à Columbus, le talentueux joueur de centre affiche un rendement remarquable de 48 points en 55 matchs, dont 33 mentions d’assistance. Au cours du même segment, Pacioretty a marqué 32 buts et amassé 49 points au total. La corrélation est criante!

Mais Max Pacioretty est aussi en pleine évolution sur le plan individuel et il récolte assurément le fruit de sa propre démarche en tant qu’athlète. En entrevue d’avant-match, samedi, il me confiait à quel point il établit pour lui-même des standards extrêmement élevés et qu’il cherche quotidiennement à s’améliorer en tant que joueur. Il racontait notamment que Michel Therrien s’est adressé directement à lui et à ses compagnons de jeu en leur lançant le défi d’être ceux qui allaient transporter l’attaque de l’équipe et à quel point ce fut pour lui un gigantesque facteur de motivation.

Pacioretty a aussi gagné en maturité cette saison, lui qui a atteint la mi-vingtaine en novembre dernier. Il affirme, par ailleurs, avoir grandi beaucoup en portant les couleur des États-Unis lors des Jeux de Sotchi, même si son rôle fut plutôt modeste et que l’aventure s’est soldée par une élimination en demi-finale contre le Canada.

En terminant, il est impératif de souligner à quel point Max Pacioretty fait preuve d’un esprit d’équipe exceptionnel. On l’a remarqué au plus haut point quand il est venu si souvent à la rescousse de David Desharnais, devant les journalistes, quand le petit joueur du centre traversait son interminable léthargie. On l’a encore vu samedi soir, en fin de match, quand il a sacrifié son tour du chapeau pour refiler la rondelle à Desharnais qui marqua alors dans un filet désert.

De la couenne de capitaine, dites-vous?

George Parros et Krys BarchLe « code d’honneur » violé?

Je suis de ceux qui croient que les bagarres gratuites et planifiées, celles qu’on aime étiqueter comme étant simplement pour « secouer l’équipe » quand les choses ne tournent pas rond, n’ont plus leur place dans la LNH. Elles devraient être punies très sévèrement dans le but éventuel des les éliminer, tout simplement.

Cela dit, tant et aussi longtemps que la Ligue nationale va les tolérer, les formations du circuit n’ont pas vraiment le choix que de compter sur au moins un « policier » de service pour jouer ce rôle de soutien, lorsque nécessaire. Ces bagarreurs sont en général des coéquipiers fort appréciés, de très « bons gars », comme on dit chez nous. Il suffit de bavarder en privé avec Shawn Thornton, des Bruins de Boston, par exemple, pour s’en convaincre. Et je vous dirais qu’il suffit de côtoyer George Parros un tant soit peu pour découvrir un homme rempli d’humour, de joie de vivre, d’appréciation pour son équipe, un homme fort intelligent, du reste.

Chez ces joueurs, il existe une complicité aussi forte que la haine qui semble les habiter quand ils jettent les gants les uns contre les autres. Et il existe aussi un « code d’honneur », qui remonte pratiquement aux origines de la LNH. On ne compte plus les occasions où un bagarreur se retire dès que son adversaire se trouve dans une position fâcheuse. Le « code » en question est aussi vrai quand un de ces joueurs est blessé, ou qu’il est incapable de jeter les gants, pour une raison ou une autre. Suffit d’un petit message subtil lors de la séance d’échauffement…

Or, tout le monde sait que George Parros est mal en point depuis sa chute sur la patinoire lors du tout premier match de la saison et que sa situation s’est détériorée depuis, lors de bagarres subséquentes. Colton Orr, son agresseur lors du premier match au Centre Bell, a délibérément patiné loin de Parros lorsque les deux hommes se sont retrouvés sur la patinoire en même temps, lors d’un match subséquent. On a vu systématiquement la même chose lors des quelques matchs où le colosse du Canadien a revêtu l’uniforme au cours des derniers mois.

Mais samedi soir, un certain Krys Barch a violé le « code d’honneur ». Envoyé sur la patinoire face à Parros, alors que son équipe tirait de l’arrière 2-0, le bagarreur des Panthers a jeté les gants et celui du Canadien n’avait d’autre choix que d’accepter l’invitation. Là encore, Barch aurait pu « tricher » et épargner Parros, tout en donnant l’impression de gagner le combat, en le renversant sur la patinoire ou quelque chose du genre. Parros aurait même probablement joué le jeu, pour son profit et/ou celui de son rival. Mais certains joueurs manquent parfois de jugement. Et Barch a frappé sans retenue et dangereusement un adversaire très vulnérable.

Retournant triomphant au vestiaire de son équipe, Barch a reçu quelques critiques acerbes de la part des joueurs du Canadien. Croisé sur la galerie de presse lors de l’entracte, le regard de Marc Bergevin en disait très long sur sa propre appréciation de l’incident…