On va se le dire clairement : le Canadien s’est fait planter royalement. Après la revanche historique de mercredi aux dépens des Canucks, revanche qui lui a permis de couronner le meilleur début de son histoire, le Canadien s’est fait humilier presque aussi historiquement.

De fait, il faut remonter au 2 décembre 1995 pour retracer la dernière défaite par 10 buts encaissée par le Tricolore. Eh oui! C’était lors du dernier match en carrière de Patrick Roy qui s’était fait poivrer neuf buts par les Red Wings qui l’avaient finalement emporté 11-1 dans un Forum qui ne s’est jamais vraiment remis de cette défaite. Quant au revers de 10-0 infligé par les Blue Jackets hier, il faut remonter à l’hiver 1942 pour retracer la dernière fois que le Tricolore s’est fait blanchir aussi blanc… si vous me permettez le vilain jeu de mots.

Pour les adeptes des statistiques, j’ajouterai que c’était la quatrième fois de son histoire que le Canadien était blanchi 10-0 et qu’il n’a jamais encaissé de jeu blanc plus humiliant.

Déjà pas mal humiliant on en conviendra tous, le jeu blanc de vendredi aurait pu être pire si les Jackets n’avaient pas vu un de leurs buts être refusé après que la reprise eut clairement démontré que la rondelle avait été bottée derrière le gardien Al Montoya.

Mais bon! Perdre 10-0 ou 11-0 ça ne fait pas une grande différence.

Remarquez qu’on peut aussi prétendre que perdre 10-0 n’est pas pire que de perdre 1-0. Une prétention avec laquelle je ne suis pas complètement d’accord. Je veux bien croire qu’elle soit

ContentId(3.1205372):Canadiens : On efface et on recommence
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vraie dans les faits – après tout on ne perd que deux points au classement – mais cette prétention ne l’est pas sur le fond alors qu’un revers de 10-0 comme celui encaissé à Columbus témoigne du fait que personne, mais alors là personne n’a bien joué. Que personne ne s’est présenté. Que personne n’a compétitionné.

Promesse en l’air

Après avoir convenu qu’ils avaient disputé un match affreux contre les Cancuks et que Carey Price était le seul responsable des deux points ajoutés au classement en raison du gain de 3-0 aux dépens de Vancouver, les joueurs du Canadien avaient promis qu’ils se reprendraient lors du prochain match. Qu’ils avaient appris une bonne leçon. Qu’ils amorceraient la prochaine partie à la même heure que leurs prochains adversaires tout en déployant la même intensité.

Ils n’ont pas tenu promesse.

Que non!

Car dès la première mise en jeu du match de vendredi à Columbus il était clair que les Blue Jackets étaient les maîtres du Nationwide Arena. Pendant que le Canadien jouait lentement, mollement et qu’il cafouillait dans tous les aspects du jeu, les Jackets patinaient, s’impliquaient et poussaient le Canadien à l’erreur avec un échec avant incisif et efficace.

On a vite compris que les Jackets allaient gagner la partie alors que la seule question en suspens était associée au nombre de buts qu’ils allaient marquer et au nombre qu’ils allaient accorder.

Le Canadien mérite pleinement les coups de canon qui ont tonné trop souvent au Nationwide Arena et les 10 coups de poing au menton qui l’ont envoyé au tapis hier.

Mais au-delà tout ce dont on a été témoin de laid, de très laid, voire d’affreux au cours de la rencontre, il serait important de se rappeler que cette défaite ne peut effacer d’un coup tout ce que le Canadien a fait de bien depuis le début de la saison.

Oui le Canadien a des lacunes à l’attaque et à la ligne bleue. Mais ce n’est pas parce qu’il s’est fait planter 10-0 qu’il devient soudainement un club fragile, un club sans caractère, un club qui

Une dégelée historique!

va piquer du nez comme il l’a fait l’an dernier.

Peut-être que c’est en raison des souvenirs douloureux de l’an dernier que bon nombre de partisans – les médias sociaux tendent parfois à exagérer les remarques négatives – ont commencé à tout remettre en question au fil de la première défaite de la saison de leurs favoris… ou ennemis. Allez savoir. Soudainement, il n’y avait plus rien de bon chez le Canadien. Le coach devait être changé, le capitaine devait être échangé et le reste de l’équipe devait être largué.

À go : on respire par le nez!

Car cette première défaite en temps réglementaire allait arriver un moment ou l’autre.

Bon! Le Canadien n’avait pas à se faire planter comme il s’est fait planter : j’en conviens. Mais comme les joueurs n’ont pas été fichus de tenir promesse après leur victoire ô combien non méritée de mercredi, ils ne méritaient pas mieux que d’en prendre plein la poire hier soir.

Peut-être que de cette façon, ils tiendront promesse samedi soir alors qu’ils auront la chance de se reprendre – à défaut de faire oublier la dégelée de vendredi – en battant les Flyers de Philadelphie qui feront leur deuxième visite au Centre Bell cette saison.

La victoire n’est pas acquise.

Loin de là.

Mais comme Carey Price sera de retour devant le filet, le Canadien sera mieux protégé qu’il ne l’était hier. Mais ses coéquipiers décident de l’abandonner comme ils ont abandonné Al Montoya vendredi à Columbus, Pacioretty et sa bande mériteront une deuxième humiliation consécutive.

Mais si cette équipe qui a ébloui ses partisans et la LNH au grand complet en récoltant 19 points sur les 20 à l’enjeu lors de sa première tranche de 10 matchs est aussi forte qu’elle le prétend; qu’elle a autant de caractère qu’elle le prétend; qu’elle a autant de confiance qu’elle le prétend, elle le démontrera en évitant de prolonger indûment des séquences de revers comme cela a été le cas l’an dernier.

C’est d’ailleurs ce que je vais surveiller le plus samedi soir.

Au-delà la victoire ou la défaite, c’est la façon dont le Canadien jouera samedi qui me servira de baromètre afin de mesurer les conséquences de la raclée de vendredi.

Si Shea Weber est aussi fort qu’on le croit sur la glace comme dans le vestiaire, si Radulov a autant d’énergie et est aussi contagieux qu’on le croit, que Max Pacioretty est un meilleur capitaine qu’il ne l’était l’an dernier lors de la première saison de son règne que les vétérans Markov et Plekanec ont vraiment leur place au sein du groupe de leader, le Canadien prendra les moyens pour se faire pardonner sa désolante et humiliante sortie de vendredi.

En passant, le Canadien a battu Martin Brodeur et les Devils du New Jersey 4-2 lors du match qui a suivi la défaite de 11-1 encaissée par Patrick Roy aux mains des Red Wings lors de son dernier match avec le Tricolore en 1995.

Réagira-t-il de la même façon près de 21 ans plus tard?  On aura la réponse rapidement…