De trop minces consolations
Canadiens mercredi, 30 nov. 2016. 02:05 mercredi, 11 déc. 2024. 21:03Oui, le Canadien a connu une solide fin de match. Une finale à l’image de son bon début de rencontre. Oui, il a obtenu 40 tirs sur la cage défendue par John Gibson. Oui, il a ajouté à ces 40 tirs cadrés 24 autres qui ont été bloqués ou qui ont raté la cible.
Mais en marge du revers de 2-1 qu’il a encaissé aux mains des Ducks d’Anaheim, toutes ces belles statistiques représentent de trop minces consolations pour que l’on puisse parler d’une défaite honorable. Encore moins d’une victoire morale.
Car s’il est vrai qu’il a bien amorcé et bien terminé le match, le Canadien s’est retrouvé dans un trou de beigne béant entre ces deux bonnes, mais trop courtes, bonnes séquences.
Les tirs? Les 74 rondelles tirées confirment un temps de possession intéressant du Canadien. J’en conviens.
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Mais ce n’est pas comme si les Ducks avaient battu de l’aile. Ils ont tiré 62 fois au cours du match. Trente-quatre de ces tirs ont été bloqués par Carey Price et deux rondelles ont déjoué le gardien du Canadien qui ne pouvait se permettre d’accorder ces deux buts s’il voulait donner une chance réelle de victoire à ses coéquipiers.
Car bien qu’il ait obtenu la première étoile de la rencontre John Gibson, bien que solide devant son filet, n’a pas fait face au même nombre de bonnes occasions de marquer que Carey Price.
Oui, il a fait quelques très bons arrêts, mais les joueurs du Canadien lui ont rendu la tâche un brin facile en étant incapables d’aller lui compliquer la vie en convergeant vers son filet. Andrew Shaw l’a fait en fin de rencontre et c’est ce qui lui a permis de marquer le but qui laisse croire que la partie a été plus serrée qu’elle ne l’a vraiment été.
Pour le reste, le Canadien n’a pas été assez incisif autour de la cage des Ducks. Ses joueurs sont demeurés en périphérie davantage que ceux des Ducks l’ont été en zone du Canadien.
D’où le score final.
Et si vous croyez que Gibson a excellé, dites-vous que les joueurs des Ducks considèrent que Price a lui aussi brillé devant sa cage en dépit des deux buts marqués à ses dépens.
Parlons-en de ces buts.
Pendant que Shea Weber écoulait une pénalité au cachot au lieu d’assurer une protection de tous les instants autour du filet de Carey Price, Emelin s’est laissé attirer loin du filet et Markov a effectué une glissade du désespoir qui a fait perdre le bâton de son gardien au lieu d’aider sa cause.
C’était 1-0.
Sur le deuxième, Price s’est fait prendre du côté court sur un tir de l’enclave qui n’avait rien de trop dangereux. Du moins, c’est ce que je croyais jusqu’à ce que la reprise confirme qu’Alex Galchenyuk a mystifié son gardien en faisant dévier ce tir qui est passé d’anodin à dangereux en une fraction de seconde.
C’était 2-0.
Parallèlement à ces deux buts, Price a réalisé, deux, trois, cinq, peut-être sept arrêts qui ont foutu les Ducks en rogne. Corey Perry s’est couché en pensant au but que Price lui a volé en troisième période.
Gibson n’a pas eu à réaliser autant de vol, car le Canadien a lui-même bousillé plusieurs de ses meilleures occasions en ratant la cible.
Au-delà le score serré, l’efficacité des Ducks a pesé bien plus lourd dans la balance que l’efficacité du Canadien.
D’où la défaite.
Plekanec surutilisé
Parce qu’il est un vieux de la vieille dans la LNH, parce qu’il a vite fait d’analyser les forces et les faiblesses du Canadien, Randy Carlyle a pris le moyen le plus efficace dont profite un entraîneur-chef qui joue à la maison pour museler l’attaque de son adversaire.
En surmultipliant les présences de Ryan Getzlaf – le centre numéro un des Ducks a passé 24:48 sur la patinoire, seul Shea Weber (25:28) a joué plus que lui – sur la patinoire, Carlyle a obligé Michel Therrien à lui opposer Tomas Plekanec plus souvent qu’il ne l’aurait voulu.
Résultat : Tomas Plekanec qui a passé près de huit minutes sur la patinoire en première période – oui c’est trop! – a une fois encore été le centre le plus utilisé (18:45) du Canadien hier soir.
Mais attention! Moins d’une minute de temps d’utilisation le sépare d’Alex Galchenyuk qui a joué 17:54.
Les mises en jeu et les unités spéciales, en plus des missions défensives, ont contribué à ce léger déséquilibre, mais déséquilibre quand même.
Plekanec a disputé 25 mises en jeu (13 gagnées, 12 perdues) soit huit de plus que Galchenyuk qui a encore connu une soirée difficile (6-11) sur ce front. Ce déséquilibre est normal, car Michel Therrien comme n’importe quel entraîneur-chef tient à maximiser ses chances de remporter des mises en jeu en zone défensive.
Il est aussi normal que Plekanec ait passé 88 secondes en désavantage numérique alors que Galchenyuk n’a pas touché la patinoire pendant que le Canadien écoulait des pénalités. Remarquez qu’on pourrait obliger Galchenyuk à améliorer ces deux facettes qui le privent de précieuses minutes et possiblement aussi de plus précieuses encore occasions de marquer.
Là où la normalité ne tient plus, c’est en avantage numérique. Je veux bien croire que le Canadien n’a obtenu que trois supériorités numériques, mais Plekanec – que j’aime beaucoup malgré tout et qui ne reçoit pas la reconnaissance qu’il mérite pour l’efficacité de son jeu défensif et aux cercles de mise en jeu – a passé cinq secondes de plus que Galchenyuk sur la glace à cinq contre quatre.
Ce n’est presque rien cinq secondes. Mais ce déséquilibre devrait être bien plus imposant en faveur de Galchenyuk lorsque le Canadien obtient des attaques massives.
De plus, contre les Ducks mardi, c’est David Desharnais qui a été le centre le plus menaçant à l’attaque. Je sais que ça n’arrive pas souvent cette saison. Mais comme il semblait dans une bonne disposition, Desharnais aurait pu, voire dû, jouer plus que Plekanec en avantage numérique hier soir.
À moins que la feuille de match soit fautive, Desharnais a passé 18 secondes sur la glace lors des trois attaques à cinq de son club.
À l’exemple des Ducks
Le fait que Michel Therrien avait les mains liées en ce qui a trait aux derniers changements à effectuer lors des arrêts de jeu, il n’a pu jongler avec ses effectifs avec la même facilité que l’a fait son homologue des Ducks. On est tous conscients de ça. Mais la façon dont Carlyle a jonglé avec l’utilisation du Québécois Antoine Vermette donne à réfléchir.
Vermette est le centre le plus efficace de la LNH cette saison aux cercles des mises en jeu. Normal qu’il en dispute beaucoup.
Dans les faits, Vermette en a disputé 22 mardi soir. Son capitaine en a disputé le même nombre. Mais pendant que Getzlaf faisait monter le compteur à 24:48 d’utilisation, Vermette s’est contenté de 14 min 50 s sur la patinoire. Comme quoi il est possible de remplir des missions spécifiques lors de mises en jeu importantes, voire cruciales, et de retraiter au banc pour donner plus de place aux joueurs plus enclins à mousser les chances de succès à l’attaque.
L’an dernier lors de sa virée californienne, le Canadien avait sauvé un point en s’inclinant en prolongation aux mains des Ducks.
Ce point lui a filé entre les doigts. Il devra maintenant se reprendre à San Jose et/ou Los Angeles où le Tricolore s’est fait rosser 6-2 par les Sharks – pour une deuxième année de suite dans le cadre de la journée mettant un terme à la période des transactions dans la LNH – en plus de s’incliner 3-2 en temps réglo face aux Kings.
Comme quoi il n’y en aura pas de facile vendredi et dimanche. Pas plus que mardi prochain à St Louis.