Leafs 4 - CH 0 : des mots d'espoir dans une atmosphère de funérailles
Canadiens mercredi, 26 mai 2021. 02:57 jeudi, 12 déc. 2024. 15:10MONTRÉAL – Jeff Petry s’est laissé tomber contre le dossier de sa chaise et a vidé ses poumons d’un soupir qui en disait long. Son regard vide, celui d’un gars dont la journée déjà trop longue ne voulait plus finir, a brièvement fixé un point indéfini. Il a saisi son masque et appuyé ses deux mains sur le bureau placé devant lui, utilisant tout ce qui lui restait d’énergie pour se lever et sortir du champ de la caméra.
Les sept minutes qu’il venait de passer à répondre patiemment aux questions des journalistes semblaient lui avoir été plus pénibles que le match qui venait de se conclure. C’est tout dire, parce que le match en question avait été pénible rare. Pour lui, en particulier, mais aussi pour pas mal tous ses coéquipiers.
Le Canadien, cette équipe supposément bâtie pour les séries, continue de jouer comme s’il s’agissait de la deuxième semaine du camp d’entraînement. Des gars qui jouent ensemble depuis des mois donnent l’impression d’être en train de faire connaissance. Les automatismes n’y sont pas, tout semble aller un peu trop vite et les idées pour remédier à tout ça semblent se perdre quelque part entre la conception et l’exécution.
De la volonté? Non, il ne semble pas en manquer dans cette édition jadis porteuse d’espoir du Tricolore. Mais du talent, oui, sans doute encore un peu. Et de l’énergie, ça, ça crève les yeux. Cette équipe, maintenant battue trois fois de suite par un pointage combiné de 11-2, n’est pas la plus douée, mais elle a surtout l’air complètement à plat.
Tout ce qui doit être dit dans de telles circonstances a été dit après une défaite de 4-0 qui collait le Tricolore au pied du proverbial mur, mardi soir.
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« On comprend la position dans laquelle on est et personne n’a abandonné. On y croit encore. Il faut juste se regrouper et se préparer pour le prochain match », a laissé tomber Petry avec l’air d’un bovin en chemin vers l’abattoir.
« On va y aller un match à la fois. Il y a aussi la motivation de revenir et de voir nos fans pour le match 6 qui va être un gros facteur. On va jouer avec émotions là-bas. Faut ramener ça ici pour le match 6 », se répétait Phillip Danault.
« Je pense qu’il faut juste oublier ce match-là rapidement, proposait Joel Armia. Je n’ai pas l’impression que c’est fini. L’atmosphère est bonne dans le vestiaire, tout le monde sait que ce n’est pas fini. On va travailler fort pour aller chercher le prochain. »
« Si t’es pas compétiteur, t’es pas à la bonne place, disait Dominique Ducharme. Nous autres, on s’en va là et on s’en va là pour gagner. On peut bien compter ce que ça prend, compter le nombre de victoires... on s’en va là pour gagner là-bas et revenir ici. »
Ducharme a comparé son équipe à un franc-tireur plongé dans une léthargie.
« [Les Leafs] font du bon travail défensivement, c’est un fait. J’ai trouvé qu’on s’est créé assez de chances pour marquer ce soir, on a eu de bonnes occasions. Parfois les gars pensent un peu trop, ils serrent leur bâton. La confiance est très importante pour marquer des buts. On tente de trouver des moyens de se créer plus de chances, mais à un moment donné, il faut finir quand on est là. C’est une combinaison de plusieurs facteurs, mais dès qu’on en mettra une ou deux dedans... On le voit avec les marqueurs, parfois ils traversent des longues périodes sans succès, ils marquent un but et finissent par en marquer cinq en cinq matchs. C’est un peu la même chose pour une équipe. Il faut bûcher fort pour aller en chercher un et notre confiance pourra grandir à partir de là. »
Jeff Petry convient que le Canadien a rendu la tâche un peu trop facile au gardien Jack Campbell, qui a bloqué 32 tirs pour réussir le blanchissage mardi.
« Il faut trouver une façon de rentrer vers l’intérieur. Beaucoup de nos tirs provenaient de la périphérie. [Campbell] aspire les rondelles et ne donne pas de retour. Il faut lui obstruer la vue, dévier des rondelles, produire un but dans les tranchées pour partir la machine. »
« Je pense qu’on ne capitalise pas sur nos chances, a ajouté Danault. On dirait qu’il n’y a pas de deuxième rebond, on n’est pas trop agressifs devant le filet non plus. »
Rien dans cette enfilade de clichés n’était très convaincant. La proximité de l’échec va souvent donner aux analyses instantanées ce ton fataliste qu’une bonne nuit de sommeil peut suffire à apaiser. Dans ce cas-ci, une sorte d’extrême lucidité, tranchante et indélébile, émanait de cette amertume inhérente à la défaite.
Les Maple Leafs ont battu le Canadien 10 fois en 14 occasions en 2021. Le Canadien doit maintenant battre les Maple Leafs trois fois de suite pour sauver sa saison.
On a déjà soupiré pour moins que ça.