On va l’écrire bien simplement : le Canadien n’avait pas le droit de perdre le match de vendredi en Caroline.

Il n’avait pas le droit de perdre ce match, car il a eu un tas d’occasions de le mettre hors de portée des Hurricanes qui ne semblaient pas en mesure de rivaliser avec le Tricolore. En fait non : qui semblaient prêts à baisser pavillon tant le Canadien a dominé les 40 premières minutes.

Pourquoi le Canadien a perdu?

L’effondrement général du Tricolore en début de troisième période sera invoqué par plusieurs comme première explication au revers inexcusable encaissé en Caroline. Vrai que cet effondrement collectif dont les Hurricanes ont profité pour marquer trois fois sans riposte a fait mal. Très mal même. Surtout qu’après avoir ramené son équipe à un petit but d’une égalité, Andrew Shaw a ensuite anéanti la remontée amorcée en écopant une pénalité coûteuse en fond de territoire offensif.

Les gardiens? Cam Ward a été solide. Al Montoya? Il n’a pas joué de chance avec des rondelles déviées qui se sont faufilées derrière lui. De là à imputer le revers à la performance de l’auxiliaire qui vient d’encaisser trois défaites de suite? Non! Du moins pas à mes yeux.

Difficile de voir Price sur le banc

Bon! C’est vrai qu’il est difficile d’encaisser un revers quand le meilleur gardien de la LNH est assis au bout du banc au lieu d’être là où il devrait être : devant le but de son équipe.

Mais la direction du Canadien a pris une décision d’organisation : elle a décidé que Price ne disputerait pas – ou le moins possible – de séquences de deux matchs en deux soirs. On veut l’épargner. En fait non. On veut minimiser les risques de blessures.

Je comprends. Surtout que si on revient sur les trois dernières saisons du Tricolore, Carey Price a terminé l’année avant ses coéquipiers alors que des blessures ont mis des termes hâtifs à ses saisons.

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Mais la majorité des grands gardiens de l’histoire de la LNH ont disputé beaucoup de matchs dans une saison. Pensez à Martin Brodeur qui était toujours devant le filet des Devils et qui traversait les séquences de deux matchs en deux soirs avec joie et facilité. Pensez à Patrick Roy qui décidait lui-même de l’utilisation de ses adjoints.

Le Canadien complique peut-être un peu trop le travail de ses gardiens à cause de ses lacunes défensives pour multiplier les présences de Price dans les séquences de matchs rapprochés.

Allez savoir? Votre réponse est aussi bonne que la mienne.

Cela dit, en dépit des risques de blessure, il me semble qu’une séquence de deux matchs en deux soirs comme celle de vendredi et samedi – une séquence qui est précédée et suivie de deux jours de congé – ne devrait pas automatiquement entraîner un partage du travail par Price et Montoya.

Mais bon! Ce n’est pas moi qui décide. Et peut-être que la direction de l’équipe a des informations qui me (nous) manquent pour comprendre entièrement son raisonnement.

Trop d’occasions bousillées

Anyway! Ce n’est pas parce que Al Montoya était devant le filet et Carey Price était sur le banc que le Canadien a perdu.

Il a perdu parce qu’il a gaspillé bien trop d’occasions de marquer.

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Avec des dominations de 21 tirs contre huit au cours des deux premières périodes, le Canadien aurait facilement pu s’offrir une avance bien plus confortable que la mince priorité d’un but dont il profitait. En fait, il aurait non seulement pu, mais il aurait dû. Car en plus de 21 tirs cadrés, Nathan Beaulieu a raté une occasion en or en tirant au-dessus du filet déserté par Ward. Max Pacioretty a tiré à la droite de la cage des Canes après qu’il eut reçu une passe parfaite d’Andrew Shaw. À titre de l’un des bons francs-tireurs de la LNH, le capitaine du Canadien n’avait pas le droit de rater une occasion pareille. Gallagher a raté une chance en or également. Le Tricolore a aussi frappé deux poteaux.

Tout ça pour dire que le Canadien n’a pas su tirer avantage du fait qu’il a dominé les deux premières périodes pour sortir son adversaire du match. Il lui a donné l’occasion de revenir, et c’est lui qui s’est retrouvé le bec à l’eau ou le cul sur la paille. Je vous laisse choisir…

Et dans un match comme celui de vendredi, surtout en l’absence d’Alexander Radulov qui est la bougie d’allumage du Tricolore, d’autres vétérans devaient se lever.

Le nom de Tomas Plekanec doit venir tout en haut de la liste. Suivi de celui de Pacioretty, de Desharnais et des autres gars vers qui on doit se tourner quand on a besoin de buts. Oui les Mitchell, Danault et Byron ont sauvé les meubles depuis le début de l’année. Mais on ne peut pas demander à ces joueurs de combler le manque à gagner offensif sur une longue séquence. Ce n’est pas leur rôle. Et c’est pour cette raison qu’ils sont des joueurs de soutien alors que les Pacioretty, Plekanec, Gallagher, voire Desharnais sont des gars qui doivent contribuer. Du moins devraient…

Et si on donne autant de temps de qualité à Andrew Shaw – envoyé encore hier en première vague d’attaque massive – il doit lui aussi répondre en marquant plus qu’il ne le fait. Remarquez qu’il l’a fait hier. Mais je parle de façon plus générale.

Hier encore, à l’exception de Shaw, ils ne l’ont pas fait.

Cette multiplication d’occasions ratées par les ailiers et les centres qui ne devraient pas autant les rater a coulé le Canadien parce que Price n’était pas devant sa cage pour combler toutes les lacunes de son club. Ou du moins y arriver mieux que Montoya; parce que Radulov manquait à l’appel; parce que le Canadien a pris un adversaire ordinaire, il est vrai, bien trop à la légère en début de troisième période.

Avec les résultats qu’on connaît : une troisième défaite de suite.

Et attention, si le Canadien s’est fait surprendre vendredi en Caroline, il pourrait se faire un autre vilain tour samedi alors que les Maple Leafs de Toronto reviennent une deuxième fois en trois semaines au Centre Bell.

Et les Hurricanes?

Malgré leur victoire arrachée au Canadien vendredi, ils ont encore du chemin à faire avant de redevenir un club respectable dans la LNH.