Dominique Ducharme a bougé, ses joueurs l’ont récompensé
Canadiens jeudi, 11 mars 2021. 07:56 jeudi, 11 mars 2021. 10:42MONTRÉAL - Le Canadien ne s’est pas contenté de dominer les Canucks, mercredi soir, à Vancouver. Il a pris les moyens pour couronner cette domination des buts nécessaires afin d’éviter une prolongation et ainsi maximiser ses chances de victoire.
«On vient de jouer notre meilleur match», a d’ailleurs confirmé Dominique Ducharme après la victoire sans appel de 5-1 de son équipe.
Une victoire qui a permis de racheter celle que le Canadien a bêtement laissé filer entre ses doigts lundi alors que les Canucks avaient nivelé les chances avec 41 secondes à faire en troisième période avant de l’emporter en tirs de barrage.
Une victoire qui permettra de débarquer à Calgary dans le cadre d’un deuxième match en moins de 24 heures, sans Ben Chiarot qui s’est blessé – peut-être à long terme – contre des Flames ravivés par l’arrivée de Darryl Sutter derrière le banc, sans avoir l’obligation de gagner.
Pas que le Canadien donnera le match aux Flames pour autant. Mais dans les circonstances pas évidentes qui l’attendent, ce soir, à Calgary, disons que c’est une bonne chose que le Tricolore ait trois points en banque après les deux premiers matchs de sa virée de six parties dans l’Ouest canadien.
Imputabilité accrue pour KK
Revenons au match :
Il est impératif de souligner les nombreux points positifs associés à cette 12e victoire de la saison (12-6-4-3), à cette septième victoire à l’étranger où le Canadien n’a perdu qu’une seule fois en temps réglementaire (7-1-3-3), à cette troisième victoire de Dominique Ducharme dont l’équipe a récolté au moins un point dans six des sept matchs (3-1-2-1) qu’il a dirigés depuis qu’il est venu en relève à Claude Julien.
Par où ou par qui commencer?
Par Dominique Duchame : par le coach qui, lentement, mais sûrement, met son équipe à sa main. Par le coach dont les permutations apportées sur le flanc droit des trois premiers trios de son équipe ont porté fruit jeudi.
En ajoutant Brendan Gallagher à sa droite alors qu’il profitait déjà de la complicité de Tyler Toffoli à sa gauche, Ducharme a clairement indiqué à Jesperi Kotkaniemi qu’il était maintenant temps pour lui de produire. Une obligation s’il veut mousser son utilisation en quantité et en qualité.
Si l’on se fie au match qu’il a disputé, Kotkaniemi a compris. Et ça dépasse le but qu’il a marqué.
Je ne crois pas avoir vu KK être aussi actif sur la patinoire qu’il l’a été au cours de la partie de jeudi. Actif avec la rondelle. Actif sans la rondelle. Actif tout court. Le match venait à peine de commencer que KK obtenait une bonne occasion de marquer dans l’enclave. Il en a obtenu une autre pas longtemps après. À la troisième, il a finalement enfilé le but qui lançait son équipe en avant.
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«J’ai eu un match facile ce soir. Vous connaissez tous la fougue de Brendan Gallagher. Il a fait tout le sale boulot pour moi. J’avais juste à me tenir prêt», que Kotkaniemi a prétendu en point de presse.
Ce n’est pas tout à fait vrai. Car s’il est clair que Gallagher a fait ce que Gallagher fait le mieux au hockey en bataillant pour toutes les rondelles disponibles et même celles qui ne le sont pas vraiment, Kotkaniemi a affiché une conviction nouvelle à mes yeux. Bon! Peut-être pas nouvelle, mais plus évidente. Plus convaincante. Comme s’il se rendait compte qu’il doit maintenant être imputable de la production de son trio.
Je fais partie des nombreux observateurs qui croient que KK a un potentiel fou. Qui croient qu’il est important de lui accorder le temps nécessaire pour atteindre son plein potentiel. Ça ne veut pas dire de tout accepter. Ça non! Ça veut juste dire de composer avec sa réalité. Une réalité qui diffère de celle de Brady Tkachuk que le Canadien a «laissé» aux Sénateurs d’Ottawa en misant sur Kotkaniemi tout juste avant lui au repêchage de 2018. Une réalité qui diffère de celle Tim Stützle et des autres «surdoués» qui produisent davantage que KK alors qu’ils sont plus jeunes en âge et en expérience dans la LNH.
En l’encadrant de Toffoli et de Gallagher, Ducharme donne peut-être les moyens à Kotkaniemi de passer à un autre niveau en matière de performance et de production.
Chose certaine, il a finalement marqué son troisième but et récolté sa 11e passe lors du 24e match de la saison. Certains diront que ces 14 points demeurent un brin timides. Et c’est vrai. Mais si le match de mercredi lui sert de tremplin, la deuxième moitié de saison pourrait être nettement plus productive.
Le temps le dira.
Surtout que Kotkaniemi semble prêt à écouter les conseils de son coach au lieu de se contenter de les entendre. Sur sa première bonne occasion de marquer, KK a jonglé avec la rondelle avant de tirer. Son hésitation a permis à Tatcher Demko de réaliser l’arrêt à ses dépens.
Sur la séquence qui a mené à son but, une séquence très semblable à la première, Kotkaniemi a dégainé rapidement. «On lui dit très souvent pendant les matchs, lors des entraînements et même après alors qu’on fait du temps supplémentaire avec lui. KK a un très bon tir. On veut qu’il l’utilise. Des fois, c’est une question de confiance. Une question d’habitude. Il faut l’aider à modifier ses habitudes. À tirer sans d’abord jouer avec la rondelle. On lui fait cette remarque aussi souvent qu’on le peut», a expliqué Ducharme.
Danault secoue sa guigne
En remplaçant Gallagher par Armia à la droite de Phillip Danault, Dominique Ducharme aurait pu perdre le Québécois. Car maintenant qu’il est flanqué de Tatar et Armia – deux joueurs qui sont eux aussi en fin de contrat et dont l’avenir avec le Canadien est, disons, incertain – Danault pilote un trio plus directement défensif.
Comment Danault et ses ailiers ont réagi? Avec fougue. Ils ont disputé un match solide dans les trois zones. Et Danault qui affiche toujours la même conviction sur la patinoire a même finalement marqué son premier but de la saison.
Un soulagement?
«Ça va vous – les journalistes – soulager plus que moi», a d’abord prétendu le centre québécois.
Mais à entendre le cri poussé par le principal intéressé lorsqu’il a marqué ce but sans la moindre importance pour l’équipe, à le voir mimer – plusieurs fois – le geste par lequel il chassait le mauvais sort accroché à son dos, à le voir sourire alors que ses coéquipiers célébraient à ses côtés – même Carey Price a quitté son but pour féliciter le seul attaquant qui n’avait pas encore marqué cette année – il était clair que les journalistes n’étaient pas les seuls à être préoccupés par la guigne qui s’acharnait sur Danault.
«C’est sûr que ça commençait à me fatiguer. Mais mon jeu était solide. Il fallait que je demeure positif. Que j’affiche toujours une bonne énergie. Mes coéquipiers m’ont beaucoup appuyé et je dois aussi rendre hommage à mon épouse qui m’a épaulé tout le long. Oui, c’est un gros soulagement», que Danault a finalement reconnu.
Weber et l’attaque massive
L’attaque massive du Canadien a une fois encore marqué mercredi. Elle a donné au Tricolore un sixième but – en 16 occasions réparties sur sept matchs – depuis l’arrivée d’Alex Burrows en relève à Kirk Muller à titre de chef d’orchestre du «power play».
Shea Weber a inscrit son cinquième but de l’année – troisième en attaque à cinq – en déjouant le gardien des Canucks d’un puissant tir frappé. Josh Anderson, Nick Suzuki et Tyler Toffoli ont fait du gros travail le long des bandes pour récupérer la rondelle et permettre ensuite à Jonathan Drouin d’offrir une passe parfaite au capitaine afin de lui donner l’occasion de décocher un tir sur réception.
Weber a eu le rôle le plus facile sur la séquence. Mais au moins, il a finalement touché le filet. Un filet qu’il rate deux brins trop souvent cette année. En passant, le capitaine a maintenant récolté sept de ses 11 points lors d’attaques massives.
Plus encouragent encore que le but qui prolonge les succès obtenus depuis l’arrivée de Burrows, c’est le fait que le Canadien a poussé les Canucks à la faute à cinq reprises.
C’était la quatrième fois seulement cette année et la première en 17 matchs – depuis le 1er février – que le Canadien obtenait au moins cinq supériorités numériques au cours d’une rencontre. Une statistique qui a fait plaisir à l’entraîneur-chef.
«On demande à nos gars d’être plus dynamiques sur la patinoire et ils l’ont été. On demande à nos gars de respecter des plans imposés à l’ensemble de l’équipe. Mais ils ont aussi chacun des forces à exploiter. Peu importe le trio au sein duquel ils jouent», a souligné Ducharme.
Petry réécrit l’histoire
Si Shea Weber rate la cible plus souvent qu’à son tour, Jeff Petry a encore démontré sa précision et ses aptitudes offensives mercredi.
En début de troisième, le vétéran défenseur s’est assuré de minimiser les chances de remontée des Canucks en donnant une avance de trois buts au Canadien. Petry a flairé la bonne occasion. Il est venu appuyer l’attaque et a atteint le plateau des 10 buts cette saison en logeant la rondelle dans la lucarne.
Avec ce but, Petry s’est hissé au premier rang des défenseurs de la LNH pour le nombre de buts – Aaron Ekblad suit avec 9 – et au deuxième pour le nombre de points (24), derrière Victor Hedman qui en revendique 25. Petry partage cette deuxième place avec Quinn Hugues des Canucks (2 buts, 22 passes) mais l’arrière du Tricolore affiche un différentiel de +16 alors que le jeune arrière affiche un différentiel diamétralement opposé de -16.
Plus encore, en enfilant son 10e but lors du 24e match de la saison, Petry est devenu le premier défenseur du Canadien à atteindre le plateau des 10 buts en moins de 25 matchs depuis la saison 1937-1938. Georges Mantha avait inscrit son 10e but lors de la 13e partie de la saison.
Le début de saison sensationnel de Petry pourrait devenir bien plus important pour le Tricolore en raison de l’absence de Ben Chiarot.
Le gros défenseur s’est blessé à la main droite lors d’un combat qu’il a accepté de livrer avec J.T. Miller qui cherchait une manière de secouer son club en fin de première période.
Chiarot a eu l’avantage dans le combat. Mais il pourrait maintenant placer son club dans le pétrin alors qu’on craint qu’il se soit fracturé une main. «Ben ne jouera à Calgary, mais on aura plus de détails sur sa blessure demain seulement», a indiqué l’entraîneur-chef Dominique Ducharme.
Victor Mete qui n’a disputé que cinq matchs cette saison pourrait venir en relève. Il a déjà évolué à la gauche de Shea Weber au fil de deux dernières saisons. Il sera toutefois intéressant de voir si Ducharme ne profitera pas de l’occasion pour remanier ses duos et peut-être donner l’occasion à Alexander Romanov d’effectuer des présences à la gauche du capitaine.
Price : un petit but par match
À l’image du match de samedi alors que ses coéquipiers lui ont offert un coussin de sept buts, Carey Price n’a pas joué un rôle de premier plan dans la victoire.
Il a quand même réalisé quelques bons arrêts sur les 25 tirs qu’il a affrontés. Et il ne pouvait rien sur le but de Brock Boeser que le franc-tireur des Canucks a marqué à la manière d’Alexander Ovechkin : à l’aide d’un puissant tir frappé décoché du cercle des mises en jeu à la droite du gardien du Canadien.
Après un début de saison très ordinaire, Carey Price n’a accordé qu’un petit but à chacune de ses quatre dernières parties. Une statistique encourageante. Une statistique qui devrait raviver la confiance des amateurs – à tout le moins une partie d’entre eux – à son endroit. Une confiance qui n’était toutefois pas ébranlée au sein du vestiaire.
«Carey est solide. Il n’y a jamais personne qui a douté de sa valeur au sein de notre équipe», a affirmé haut et fort Phillip Danault après la rencontre.
«Ce n’est pas tant Carey qui joue mieux que nous qui sommes meilleurs devant lui. En début de saison, nous avons bien trop souvent abandonné nos gardiens. Que ce soit Carey ou Jake. On les plaçait dans des situations très difficiles», a poursuivi le capitaine qui était vraiment satisfait du déroulement de la rencontre. «On a joué une grosse première. On s’est bien tenu en deuxième et on a trouvé la manière de fermer les livres en troisième», a ainsi résumé Weber.
Entre les lignes
- Corey Perry a été le cinquième marqueur du Canadien mercredi. Il a donné les devants 2-0 au Tricolore dès le début de la période médiane. Après avoir accepté une très belle passe de Paul Byron en territoire ennemi, Perry a mystifié le gardien des Canucks avec une feinte savante. Embauché pour un an à un salaire de 750 000 $, Perry affiche maintenant quatre buts et neuf points en 18 matchs.
- En marquant son 10e but de la saison mercredi, Jeff Petry a prolongé à cinq sa série de matchs avec au moins un point : quatre buts, 2 passes.
- Le Canadien a établi deux sommets offensifs dans le cadre du match de mercredi à Vancouver. Il a cadré 45 rondelles sur la cage défendue par Tacher Demko. Il a aussi décoché un total de 79 tirs. Outre les 45 rondelles qui ont atteint la cible, 19 ont été bloquées en défensives et 15 ont raté la cible.
- C’était la quatrième fois que le Canadien obtenait plus de 40 tirs dans un match. La troisième aux dépens des Canucks à qui il a joué le tour le 21 janvier (45 tirs dans une victoire de 73) à Vancouver et le 1er février (40 tirs dans une victoire de 62) au Centre Bell. Le Tricolore a totalisé 41 tirs le 27 février, à Winnipeg, dans une victoire de 2-1 en prolongation des Jets.
-Ironiquement, c’était la quatrième fois que le Canadien décochait plus de 70 tirs dans une partie, mais la première fois dans une cause gagnante. Le Canadien a été blanchi par les Flames de Calgary malgré 75 tirs tentés (37 cadrés) le 30 janvier, a été battu 32 par Ottawa malgré 72 tirs tentés (38 cadrés) le 4 février et a perdu 2-1 en prolongation malgré 78 tirs tentés (41 cadrés) à Winnipeg le 27 février.