Avec Carey Price qui s’est élevé au sein de l’élite de la LNH, la question du gardien numéro un du Canadien est réglée pour un bon bout de temps. Même ses dénigreurs les plus tenaces ne pourraient mettre en cause le statut de Price devant la cage du Canadien.

C’est bien pour dire.

Mais parce qu’une saison sans controverse de gardien ne serait pas une vraie saison à Montréal, le débat est ouvert sur l’identité de celui qui sera le plus apte à le seconder cette année et peut-être l’an prochain. S’il est vrai que Dustin Tokarski a chassé Peter Budaj du filet le printemps dernier en séries éliminatoires et que ses performances lui ont valu un contrat de deux saisons – contrat de la LNH d’une valeur de 1,125 million $– Budaj semble vouloir reprendre son bien. Depuis le début du camp, l’auxiliaire de Carey Price depuis le départ de Jaroslav Halak offre des performances beaucoup plus soutenues devant le filet que Tokarski qui tente de lui ravir son poste. Les matchs préparatoires seront déterminants pour Budaj et Tokarski. Mais on peut avancer sans trop de risque de se tromper que Budaj héritera du job à moins qu’il ne le laisse filer entre les jambières.

Mais peu importe que Budaj ou Tokarski hérite du rôle d’adjoint de Carey Price cette année, la vraie police d’assurance du Canadien devant le filet s’appelle Zachary Fucale.

Choix de deuxième ronde du Canadien en 2013 (36e sélection au total) le gardien âgé de 19 ans ne se conte pas d’histoire. « J’aimerais bien faire le saut dans la LNH dès cette année, mais j’ai encore des choses à apprendre. De l’expérience à acquérir. Quand je regarde les gardiens que je dois devancer pour me retrouver derrière Carey, je me sens capable de rivaliser avec eux. Je sais que j’ai les aptitudes. J’ai confiance en mes moyens. Mais ces gars-là ont du millage dans le corps. De l’expérience que je n’ai pas encore », lance le gardien avec une confiance évidente en ses moyens. Une confiance évidente sans toutefois être débordante. Une confiance rassurante et non teintée d’une arrogance un brin ou deux inquiétante.

Dernière année junior

Meilleur gardien du Canadien depuis l’ouverture du camp, Zachary Fucale évolue sans grande pression. Il s’est imposé dans les entraînements et matchs simulés lors des premiers jours du camp. Lundi soir, en relève à Carey Price dans le cadre du dernier match simulé, Fucale n’a accordé qu’un but dans une victoire de 2-1 de son équipe. Et le gardien n’a pas à rougir de sa performance. Car le seul but enfilé à ses dépens a été l’œuvre d’Alex Galchenuyk qui lui a servi une feinte du tonnerre après s’être faufilé entre les défenseurs Francis Bouillon et Joe Finley que le nouveau joueur de centre a fait bien mal paraître.

Contrairement à Peter Budaj, Dustin Tokarski, voire Mike Condon qui ne savent pas vraiment s’ils joueront à Montréal, Hamilton ou ailleurs dans la Ligue nationale ou la Ligue américaine, Zachary Fucale sait qu’un job de premier plan l’attend à Halifax avec des Mooseheads qui devraient former une bonne équipe encore cette année dans la LHJMQ. Il sait aussi qu’il défendra les couleurs du Canada pour une deuxième année consécutive au Championnat mondial de hockey junior à Montréal et Toronto. Un défi qui devrait plonger le Lavallois d’origine dans une marmite débordante de pression.

« J’ai disputé cinq matchs l’an dernier avec Équipe Canada Junior. Je dois encore prouver au coach – l’entraîneur-chef d’ÉCJ est Benoit Groulx, l’entraîneur-chef des Olympiques de Gatineau dans la LHJMQ – que je mérite le job de partant au championnat. C’est un défi que j’entends relever, car je veux prouver à tout le monde que le Canada est encore une force mondiale dans le hockey junior », m’expliquait Fucale avec qui je me suis entretenu après l’entraînement du Canadien lundi matin à Brossard.

Une fois de retour dans la LHJMQ en janvier prochain, l’espoir numéro un du Canadien devant le filet pourrait être courtisé par les Remparts de Québec qui seront les hôtes du prochain tournoi de la coupe Memorial ou une autre formation de la LHJMQ – si les Mooseheads ne sont pas dans la course – susceptible d’accompagner les Remparts au rendez-vous annuel des meilleures équipes juniors au pays.

Un scénario que Fucale refuse d’envisager : « J’ai assez de choses à m’occuper pour poursuivre mon développement que je ne me mettrai pas à me demander ce qui pourrait m’arriver après les Fêtes. »

Arrêt après arrêt

Entraîneur des gardiens du Canadien, Stéphane Waite n’hésite pas une seconde avant d’offrir une réponse à la question : quelles sont les trois principales qualités de Zachary Fucale. « Il effectue les arrêts; il effectue les arrêts; il effectue les arrêts », répond Waite avec un sourire dans la voix.

Après sa boutade, l’entraîneur des gardiens du Tricolore se lance dans une analyse plus en profondeur de son jeune protégé. Un gardien en qui Waite affiche une grande confiance. « Zachary affiche une confiance et une maturité impressionnante pour un gars de son âge. Je travaille avec lui depuis un an et je suis emballé par la qualité de sa technique. Il est encore jeune. Il doit encore apprendre bien des choses, mais techniquement il peut rivaliser avec bien des gardiens qui sont déjà dans la LNH. En plus, Zachary est conscient de ce qu’il doit accomplir pour atteindre la LNH et il est prêt à faire le travail nécessaire pour y arriver. »

Débarqué devant le filet d’une excellente équipe à Halifax, Zachary Fucale a été victime de critiques au fil des dernières années. Malgré des statistiques impressionnantes (113 victoires en 163 matchs disputés au cours des trois dernières saisons), Fucale a souvent vu des observateurs associer ces résultats plus encore à la puissance des Mooseheads qu’à son talent devant le filet. Des critiques qui sont loin d’étioler la confiance que Stéphane Waite voue à son jeune gardien.

« C’est vrai que Zachary s’est retrouvé derrière de bons clubs. Mais il a fait le travail aussi. Et plus encore que les succès, il a fait face également à quelques ennuis l’an dernier », racontait Stéphane Waite lundi.

Des ennuis que l’entraîneur des gardiens du Canadien a vu tomber du ciel presque comme une bonne nouvelle.

« Dans le développement de tout joueur de hockey, mais plus encore pour un gardien, il est essentiel de traverser des moments plus difficiles pour apprendre à les affronter. À t’en sortir. Les choses n’ont pas été toujours faciles pour Zach l’an dernier en séries. On s’en est parlé. Et je suis emballé de la façon dont il s’est relevé. Il est arrivé au camp en grande forme. Il est solide. Ça fait partie de la maturité, de la confiance, du sérieux qu’il accorde à son entraînement, à la qualité de son jeu dont je parlais tantôt. Regarde ce qui est arrivé à Carey il y a quelques années. Ce n’a certainement pas été facile de se retrouver sur le banc en séries. Mais il a rebondi comme le grand gardien qu’il est. J’assurais l’an dernier que je n’avais aucune inquiétude quant aux capacités de Carey Price de s’imposer devant le filet. Il l’a prouvé tout au long de la saison dernière avec nous et aux Jeux olympiques. »

Il est encore beaucoup trop tôt pour dire si Zachary Fucale arrivera un jour à succéder à Carey Price à titre de gardien numéro un du Canadien de Montréal. Et s’il est encore un peu tôt pour prétendre qu’il pourrait dès cette année être son adjoint, on peut avancer sans trop de risque de se tromper que Fucale héritera de ce poste avant longtemps.

Quand on lui demande si cette ascension pourrait se réaliser dès l’an prochain, Fucale se contente de sourire avant de lancer un : « on verra » avec une confiance témoignant beaucoup plus de conviction que la réponse polie et prudente qu’il a servie pour repousser la question avec la même aisance qu’il affiche pour repousser les rondelles depuis l’ouverture de son deuxième camp d’entraînement avec le Canadien.