Fautes avouées, et pardonnées
Canadiens dimanche, 13 déc. 2015. 01:55 mercredi, 11 déc. 2024. 06:28Dire qu’on est insatisfait de son jeu, de l’effort déployé et qu’il faudra vite trouver des solutions c’est facile. Prendre les moyens pour passer des paroles aux actes est beaucoup plus difficile.
Mais c’est exactement ce que Max Pacioretty a fait samedi alors que le capitaine et ses coéquipiers devaient stopper à quatre leur série de revers consécutifs et surtout faire tomber le tourbillon de critiques qui se serait transformé en tempête si la triste séquence s’était prolongée à cinq.
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Pacioretty n’a marqué qu’un but samedi. C’est vrai. Il a aussi raté un filet désert avec un tir du revers en fin de rencontre. En plus, l’attaque massive, malgré plusieurs bonnes occasions de le faire, a une fois encore été incapable de marquer. De zéro en douze qu’elle était avant la partie, l’attaque à cinq du Canadien est maintenant zéro en seize lors des cinq derniers matchs.
Max Pacioretty a tout de même obtenu la première étoile. Une décoration méritée. Du moins à mes yeux. Car après deux matchs difficiles à la gauche d’Alex Galchenyuk, au sein d’un premier trio qui n’a rien généré, Pacioretty a rebondi. Limité à un tir tenté jeudi soir à Detroit – son plus faible total de la saison, peut-être de sa carrière – Pacioretty en a décoché 11 samedi contre les Sénateurs. Onze ! Dont huit ont atteint la cible.
Bien sûr que les buts et les points demeurent le principal baromètre d’évaluation pour les joueurs de la LNH. Surtout les joueurs dits offensifs comme l’est d’ailleurs Pacioretty. Mais les tirs tentés sont à mes yeux le critère de base qui permet de déterminer si le capitaine du Canadien dispute un fort match ou s’il s’offre une soirée de congé. Ou qu’il est carrément frustré comme cela semblait être le cas jeudi à Detroit.
Comme les autres vétérans du Canadien, Pacioretty se devait de se secouer. De se réveiller. De se faire remarquer pour les bonnes raisons au lieu d’être pointé du doigt comme le fut le cas lors des derniers matchs alors que le capitaine et les autres leaders du club jouaient dans l’ombre des jeunes qui offraient de bien meilleures performances.
Pacioretty l’a fait. Et ce n’est pas parce que les jeunes ou les joueurs de soutien se sont effacés. Loin de là. Les jeunes ont encore été très bons, impliqués, bien utilisés.
Pacioretty l’a fait en redevenant le joueur qu’il doit être pour aider le Canadien à gagner. Il avait affiché ses couleurs à l’entraînement vendredi lorsqu’il a décidé de chausser les patins et de se rendre seul sur la patinoire du centre d’entraînement de Brossard une fois la séance au gymnase – seule activité officielle à l’horaire – complétée. Samedi il a poursuivi son travail.
Retour salutaire avec Plekanec
Si Pacioretty a été si actif, si visible, si important dans la victoire de son équipe, on peut en dire autant de Tomas Plekanec. Plekanec se devait lui aussi de sortir du carré de sable dans lequel il patinait depuis quelques matchs.
Il l’a fait en offrant à Pacioretty ce que Galchenyuk n’a pas été en mesure de lui offrir lors des deux matchs disputés avec lui : la rondelle.
Pour être efficace, Pacioretty doit lapider les gardiens adverses. Pour les lapider comme il l’a fait samedi, il faut avoir la rondelle. Une rondelle que Plekanec lui a mise sur la palette toute la soirée. Comme l’a souvent fait David Desharnais également. J’espère que vous vous souvenez du match contre Washington il y a deux semaines, match au cours duquel Pacioretty avait décoché 16 tirs dont neuf avaient été stoppés par Braden Holtby. Match qu’il avait disputé avec David Desharnais comme joueur de centre.
Plekanec n’est pas haut perché dans la liste des joueurs favoris des fans du Canadien. Même que ses performances et sa valeur au sein de l’équipe sont souvent sous-estimées. Quand il connaît un passage à vide, et ça arrive aux meilleurs d’en connaître, Plekanec passe de mal aimé à vétéran dont l’utilité et le salaire versé sont aussitôt remis en question.
Sa performance saluant son retour avec Pacioretty était déjà solide. Mais quand il s’est retrouvé au cachot en fin de match, on a vit senti une grogne généralisée venir mordre dans les améliorations remarquées lors des deux premières périodes.
Une grogne que Plekanec a heureusement pu freiner en sortant du banc des pénalités. Avec Pacioretty venu le rejoindre, les deux leaders qui sont aussi de véritables poisons pour marquer des buts en désavantage numérique plaçaient leur club dans le pétrin. Oui le Canadien avait toujours une avance de deux buts (3-1), mais les Sénateurs menaçaient. Un but en attaque massive aurait facilement pu les propulser vers une remontée gagnante.
Surtout qu’après avoir bousillé des avances en troisième période au cours des deux derniers matchs, le Canadien se serait vite retrouvé sur les talons et avec ses partisans sur le dos. Rien pour aider à maintenir sa confiance.
C’est donc là que Plekanec s’est imposé. De retour sur la patinoire, il s’est dressé en désavantage numérique. Même après avoir largué un bâton qui venait de lui faire dans les mains, Plekanec s’est imposé et il a soulevé la foule – et surtout ses coéquipiers au banc – en plongeant pour stopper un tir de la pointe.
Sur ce jeu, bien plus qu’avec toutes les passes qu’il avait acheminées au cours du match à Pacioretty, Plekanec a prouvé sa valeur au sein de l’équipe – une valeur que personne chez le Canadien n’oserait remettre en question cela dit – et s’est fait pardonner bien des choses de la part des partisans.
Il ne reste qu’à savoir combien de temps cette période de grâce durera?
Encore Tokarski
Le plongeon défensif de Plekanec a été un des faits saillants de la rencontre. Il lui a d’ailleurs sans doute permis de se hisser au sein des trois étoiles de la rencontre.
Mais il ne faudra pas non plus oublier quelques arrêts importants de Dustin Tokarski. Vrai qu’il n’a pas été fort occupé avec sa soirée de 25 arrêts. Vrai aussi qu’il n’a vraiment pas été occupé au cours de la première période que le Canadien a dominée 27-8 au chapitre des tirs au but. En passant, c’est un record pour le Canadien en plus de 100 ans d’histoire.
Mais c’est en tout début de match que Tokarski a effectué son arrêt le plus important de la rencontre.
Parce que le Canadien avait perdu ses quatre derniers matchs, la marge d’erreur était mince samedi soir au Centre Bell. Elle était peut-être même nulle. Il était donc crucial pour le Canadien d’éviter que les Sénateurs ne prennent le contrôle de la glace et du Centre Bell en marquant le ou les premiers buts du match.
L’arrêt de Tokarski a donc privé les Sénateurs de prendre le contrôle du match. Et c’est tout le contraire qui est arrivé alors que le Canadien a disputé une de ses bonnes périodes de la saison, et que les Sens en ont disputé une très mauvaise.
Tokarski a donc gagné samedi. C’était sa première victoire de l’année avec le Canadien. Sa première depuis le 17 mars dernier.
Est-ce qu’il devrait avoir la chance d’en ajouter une deuxième dès mardi alors que le Canadien recevra les Sharks de San Jose ?
Pourquoi pas?
Avec Carey Price qui est sur la touche, Michel Therrien et son conseiller de premier ordre Stéphane Waite n’ont pas à ménager les susceptibilités de Mike Condon et de Tokarski. Le premier en est à sa première saison dans la LNH. Le deuxième se bat pour y revenir. Que ce soit à Montréal ou ailleurs.
Dans ces circonstances, Michel Therrien peut simplement y aller avec celui qui gagne – ou qui joue bien, ce que Tokarski avait fait à Detroit jeudi étant, et de loin, le meilleur joueur de son équipe.
S’il décide d’y aller avec Tokarski, Condon n’aura pas un mot à dire. Il n’a pas encore le statut pour le faire. Et si Michel Therrien décide d’y aller avec Condon, c’est Tokarski qui devra prendre son trou et attendre une autre chance.
Si je ne vous ai pas encore parlé de Nathan Beaulieu et du grand match qu’il a disputé samedi c’est parce que je le ferai lundi.
Je veux attendre de voir comment il aura célébré sa performance et la victoire de son équipe.
Je blague!
Beaulieu mérite qu’on accorde plus d’importance à sa soirée de samedi. Je parle de la portion disputée sur la glace du Centre Bell et non celle sur les planchers de danse des bars de Montréal. Je le ferai dans le cadre de ma chronique de lundi.
D’ici là, profitez bien de votre dimanche.
Nathan Beaulieu, ses coéquipiers, tous les employés du Canadien de même que ceux de la brasserie Molson profiteront de leur côté de ce dimanche de congé pour célébrer un Noël en famille au Centre Bell.