BROSSARD, Québec – Après avoir complété ce qu’il décrit comme étant la meilleure saison de son parcours de quatre années au niveau junior, Connor Crisp a donné ses premiers coups de patin chez les professionnels le printemps dernier dans la Ligue américaine.

Le choix de troisième ronde du Canadien au repêchage de 2013 se souvient de la nervosité qui l’habitait à son arrivée au sein du club-école de Hamilton. Une timide recrue débarquée dans un environnement étranger, entourée de vétérans qui viennent de traverser une pénible saison, un groupe tissé serré dans lequel il devait s’immiscer et tenter de gruger quelques minutes de temps d’utilisation.
 

Ses appréhensions étaient toutefois sans fondement. Crisp a été accueilli comme un membre de la famille chez les Bulldogs. « On a tout fait pour faciliter ma transition et pour rendre mon séjour le plus agréable possible », raconte-t-il, reconnaissant.

Mais le gros joueur de centre évolue dans un monde où les sentiments doivent parfois être mis en échec. Ainsi, le confrère qui lui a tendu la main pourrait bien être celui qu’il tentera par tous les moyens d’écarter de son chemin l’automne prochain.

« J’ai réalisé que je suis rendu à un point de ma carrière où mon travail consiste à voler le job d’un autre gars. C’est l’état d’esprit dans lequel je dois absolument me plonger à partir de maintenant si je veux faire ma place », raisonnait le lucide jeune homme cette semaine lors d’un entretien dans l’un des vestiaires du complexe d’entraînement du Canadien, qui tient son camp de perfectionnement annuel à Brossard.

Âgé de 20 ans, Crisp est admissible à une cinquième et dernière saison dans la Ligue de l’Ontario, mais les désirs des Wolves de Sudbury ne sont clairement pas compatibles avec les siens. « C’est une possibilité, mais une possibilité qui ne m’intéresse pas », tranche-t-il sans détour.

Détenteur d’un premier contrat professionnel depuis le mois d’avril, le colosse de 6 pieds 2 pouces et 220 livres a pris goût au niveau supérieur et les sept matchs qu’il a disputés dans la Ligue américaine avant de subir une blessure à une épaule dont il se remet toujours lui ont offert un échantillonnage suffisamment grand pour croire en ses chances d’y demeurer.

« Je veux me fixer de grands objectifs et laisser une marque positive partout où je passe. Je sens que c’est ce que j’ai fait là-bas en fin d’année. L’année prochaine, j’espère la passer à Hamilton », établit celui dont la convalescence devrait être chose du passé en septembre.

Du sud au nord

Ironiquement, Crisp a débuté la dernière saison en s’éloignant – géographiquement, on s’entend – de Hamilton. Après trois années à porter les couleurs des Otters d’Erie, il a été échangé aux Wolves, avec qui il a affiché des sommets personnels au niveau des buts (28), des passes (27), des points (55) et du différentiel (+11) en plus d’accumuler 120 minutes de pénalité.

« Je ne savais pas où exactement, mais je m’attendais à changer d’adresse avant le début de la saison. Ça a été un changement bénéfique. Je me suis rapproché un peu de la maison et je me suis bien ajusté à mon nouveau milieu. Même si nos séries ont pris fin plus tôt qu’on espérait, ça a été la meilleure année de mon stage junior. »

Connor CrispÀ Sudbury, l’espoir du Canadien a été l’objet de quelques visites à l’improviste de Martin Lapointe, le directeur du développement des joueurs de l’organisation.

« Il ne m’avertissait jamais à l’avance quand il arrivait, c’était toujours une surprise d’apprendre qu’il était dans l’aréna. Mes discussions avec lui après les matchs m’ont énormément aidé. Il a vraiment décortiqué mon jeu pièce par pièce, m’a sorti une foule de petits trucs et m’a fait la liste des points sur lesquels je dois travailler. C’est là-dessus que je me concentrerai dès que je serai en santé. »

Comme la plupart des joueurs de son gabarit, Crisp a comme principale mission d’améliorer sa rapidité d’exécution. « Je crois que ça me suivra pour le reste de ma carrière, mais en même temps, j’ai l’impression d’avoir fait du progrès au cours de la dernière année », note-t-il.

Et une fois promu dans la Ligue américaine, le joueur de centre gaucher a traversé l’inévitable période d’adaptation qui accompagne les joueurs junior chez les pros.

« C’était exactement comme je m’étais fait dire : le jeu ne fait que se simplifier à mesure qu’on monte les échelons. Les passes sont toujours sur la palette. Le jeu est plus rapide, tous les joueurs sont physiques et chacun connaît et accepte son rôle. Pour moi, le plus gros ajustement a été relié au jeu de positionnement. »

Pour l’instant relégué aux gradins pendant que de jeunes nouveaux se défoncent pour attirer l’attention, Crisp ne jouit évidemment pas d’un positionnement idéal. Qu’ils en profitent, se dit-il. Lorsqu’il sera de retour, ses intentions seront claires pour tout le monde.

« Ça m’irrite de ne pas pouvoir participer, mais j’ai appris avec le temps à gérer les désagréments causés par ma blessure. Bientôt je serai en santé, le camp des recrues sera à nos portes et je serai prêt à y frapper un grand coup. »