QUIZ : D'agent de joueurs à DG
 

MONTRÉAL - Je suis convaincu que Kent Hughes était dans la mire de Jeff Gorton depuis l’ouverture de la chasse au successeur de Marc Bergevin.

 

Remarquez qu’il n’y rien de surprenant dans ça considérant que les deux hommes se connaissent depuis qu’ils se sont croisés à Boston, Gorton à titre de recruteur au sein de l’organisation des Bruins et Hughes à titre d’agent, il y a plusieurs années. Sans oublier que Gorton a aussi tenté d’attirer Hughes au sein de l’état-major des Rangers lorsqu’il a fait le voyage entre Boston et New York pour devenir DG des BlueShirts.

 

Ça ne veut pas dire pour autant que les Patrick Roy, Mathieu Darche, Marc Denis, Stéphane Quintal, Daniel Brière, Roberto Luongo, sans oublier Danièle Sauvageau, Émilie Castonguay et autres candidats potentiels ont été balayés du revers de la main.

 

Ça veut dire qu’au fil des rencontres effectuées, la complicité entre Gorton et Hughes a pris de plus en plus de poids dans la balance des facteurs favorisant sa sélection.

 

Et c’est normal.

 

Normal, parce qu’à compter d’aujourd’hui Gorton et Hughes amorcent une croisade périlleuse au cours de laquelle ils devront multiplier les décisions difficiles afin de refaire du Canadien de Montréal un club respectable et respecté autour de la LNH. Un club dont la présence en séries éliminatoires ou en finale de la coupe Stanley sera méritée et non simplement associée aux aléas de la COVID ou aux performances d’un gardien qui a fait mentir toutes les prévisions.

 

Gorton et Hughes devront mettre en commun connaissances, flair, contacts autour de la Ligue et autour de la planète hockey tout entière pour arriver à leurs fins. Ils devront échanger des joueurs. Ils devront jongler avec des contrats. Ils devront changer le visage d’un club qui est en train de perdre la face sur la glace et à l’extérieur de la patinoire.

 

Ils devront sans doute aussi effectuer un grand ménage sur le banc et derrière le banc afin de sortir le Canadien de la vase dans laquelle il patine en ce moment.

 

Pour réussir, le duo Gorton-Hughes aura besoin d’être au diapason. Une fois le plan établi, il devra prendre les moyens pour le réaliser. Ce mandat est déjà assez périlleux qu’il est essentiel que le VP des opérations hockey et son directeur général soient complices.

 

Ça ne veut pas dire qu’ils seront toujours d’accord. Ça non! Surtout que des opinions divergentes permettent souvent d’arriver à de meilleures décisions, de meilleures stratégies. Mais cette complicité permet de passer outre les contrecoups potentiels d’opinions différentes.

 

Kent HughesDepuis le début du processus de sélection du nouveau directeur général, plusieurs observateurs et une majorité de partisans clament haut et fort que le vrai successeur de Marc Bergevin est Jeff Gorton. Que le directeur général sera en fait l’adjoint de Gorton qui s’est d’ailleurs installé dans le grand bureau qu’occupait Bergevin encore avant hier au Centre d’entraînement de Brossard.

 

La complicité entre Gorton et Hughes permettra, du moins je le crois et je l’espère pour les deux hommes, de passer outre ces prétentions selon lesquelles le Québécois sera l’homme de mains de l’Américain.

 

Car oui, et ça plusieurs personnes semblent l’oublier depuis la nomination du nouveau directeur général, Kent Hughes est un Québécois.

 

À ce que je sache, Beaconsfield où il a grandi et joué son hockey mineur dans l’ombre de son petit frère Ryan – il a été repêché par les Nordiques de Québec, qui a joué pour les As de Cornwall, qui a joué quelques matchs pour les Bruins dans la LNH avant de revenir à Québec avec les Rafales – est toujours au Québec. Oui, l’Anglais est la langue maternelle de Kent Hughes et son français aura peut-être besoin d’un peu de WD-40 après autant d’années passées à Boston. Mais il parle français, ce qui était un des critères d’embauche tel que stipulé par le propriétaire Geoff Molson.

 

La complicité liant Jeff Gorton et Kent Hughes est selon moi la raison principale qui explique la nomination du Québécois à titre de directeur général.

 

Son statut reconnu autour de la LNH pourrait peut-être aider l’équipe à attirer des joueurs de premier plan, autonomes ou toujours sous contrat, qui boudent Montréal depuis des années en raison d’une série de facteurs qui compliquent les choses pour le Canadien.

 

Ça ne veut pas dire que Patrice Bergeron, Kristopher Letang, Anthony Beauvillier ou les autres joueurs représentés jusqu’à lundi par Kent Hughes – il n’avait  pas de client chez le Canadien – sauteront dans le premier avion pour venir à Montréal.

 

Mais ça pourrait améliorer les chances du Tricolore et peut-être pousser certains joueurs à biffer Montréal comme destination où ils refuseraient être échangés.

 

On verra!

Aussi nécessaire, solide et intéressante à mes yeux soit la complicité liant Gorton et Hughes, elle ne doit pas donner lieu à de la complaisance.

 

Car lorsque la complicité donne lieu à la complaisance, les remises en question nécessaires pour mettre un plan efficace sur la table et le réaliser sont trop souvent écartées.

 

Voilà le plus gros piège qui guette les deux hommes selon moi.

 

D’ici à ce qu’ils puissent nous prouver qu’ils sont en mesure non seulement d’éviter ce piège et que leur complicité sera belle et bien gagnante, il me semble que nous devons tous leur donner le temps nécessaire pour y arriver.

 

Quant aux autres candidats, les prochaines semaines, voire prochains mois, démontreront peut-être qu’ils ont suffisamment impressionné le comité de sélection pour obtenir une invitation à prendre part à la reconstruction du Canadien.

 

Surtout qu’il y a tellement à faire que le duo Gorton-Hughes aura besoin d’aide.