Kent Hughes : maximiser le présent pour redorer le futur
Canadiens lundi, 21 mars 2022. 18:59 jeudi, 12 déc. 2024. 12:28MONTRÉAL - Kent Hughes était en position de force et le bilan de ses transactions conclues lundi dans le dernier droit menant au couperet sur la période des transactions le démontre avec éloquence.
Si je vous avais assuré à Noël que le Canadien obtiendrait Justin Barron, un espoir de premier plan à la ligne bleue, et aussi un choix de deuxième ronde en 2024 de l’Avalanche du Colorado en retour d’Artturi Lehkonen, vous m’auriez sans doute reproché de croire au Père Noël.
Vous auriez sans doute aussi cru que je j’avais plongé tête première dans le « punch » si j’avais avancé, au Nouvel An, que les Oilers d’Edmonton donneraient un choix de deuxième ronde – celui de 2022 s’il ne passe pas aux Blackhawks dans le cadre de la transaction impliquant Ducan Keith ou celui de 2023 – et le défenseur suédois William Lagesson en retour de Brett Kulak. Âgé de 26 ans, le choix de 4e ronde des Oilers en 2014 ne représente pas un aussi bon espoir que Barron. Mais il vient quand même gonfler la banque d’espoirs du CH à la ligne bleue. Et ce n’est pas Bobby Orr que le Canadien a refilé aux Oilers...
Comment Kent Hughes a-t-il ainsi pu redorer l’avenir de son équipe?
En maximisant le présent!
Encore vert à titre de directeur général dans la LNH, Kent Hughes ne s’est pas rendu coupable d’une erreur de recrue en faisant le tour de la LNH pour s’assurer de faire miroiter les statistiques offensives impressionnantes de Lehkonen depuis l’arrivée de Martin St-Louis à la barre du Canadien.
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Il n’a pas non plus frappé à la porte de toutes les équipes du circuit pour indiquer que Brett Kulak jouait du bon hockey cette année, qu’il était non seulement disponible, mais qu’il était prêt à garder la moitié de son salaire.
Entouré des autres membres de l’état-major, le d.-g. du Canadien a attendu que les adversaires viennent frapper à sa porte. Il a attendu qu’ils soient en demande. Une situation qui lui a certainement permis d’être un peu plus gourmand en matière de compensation.
Et comme il y a eu beaucoup plus de transactions que je l’anticipais dans le cadre de cette dernière journée – les transactions sont encore permises dans la LNH, mais les joueurs échangés après 15 h lundi, pourront défendre les couleurs de leur équipe en saison régulière seulement et non en séries – Joe Sakic et Ken Holland ont dû donner à Kent Hughes la valeur qu’il avait établie pour se départir de Lehkonen et Kulak. Peut-être plus même.
D’autres équipes ont frappé à la porte du Canadien. Elles visaient des joueurs différents. Lesquels? Jake Allen? Joel Armia? Mike Hoffman? Je ne peux confirmer un nom ou un autre. Mais ce qui est clair, c’est que si ces joueurs qui suscitaient de l’intérêt autour de la LNH au point de venir frapper à la porte du Canadien ont finalement affronté les Bruins, lundi soir, au Centre Bell – ou qu’ils sont toujours au sein de l’organisation s’il s’agissait d’espoirs – c’est que Kent Hughes n’a pas obtenu le retour qu’il jugeait nécessaire d’obtenir pour les laisser partir.
D’où ma conclusion selon laquelle Kent Hughes sort aussi gagnant de la journée de lundi qu’il est sorti gagnant de la transaction qui a envoyé Ben Chiarot en Floride. De celle qui a envoyé Tyler Toffoli à Calgary, bien que dans ce dernier cas, je tende à croire que le contrat très bon marché de Toffoli aurait pu rapporter un brin ou deux de plus.
Dans le cas d’Andrew Hammond, le Canadien obtient un espoir à l’attaque. Un espoir qui jouera peut-être beaucoup plus de matchs à Laval, avec le Rocket, qu’au Centre Bell avec le grand club. Mais attention : cette transaction doit être bien davantage considérée comme un remerciement pour faveurs obtenues à l’égard de Hammond qu’une transaction de hockey. Le « Hamburgler » est venu sauver le Canadien alors que Samuel Montembeault était seul pour garder le fort en raison des blessures aux autres gardiens et du fait que Cayden Primeau semblait avoir perdu tous ses moyens devant la cage.
Hammond n’aura fait que passer par Montréal, mais il pourrait faire l’objet d’une question piège un jour alors qu’il est l’un des très rares gardiens à avoir été échangé par une équipe alors qu’il présentait une fiche parfaite. Bon! Hammond n’a disputé que trois matchs, j’en conviens, mais sa fiche vierge de 3-0-0-0 et les 92 arrêts effectués sur les 100 tirs qu’il a affrontés ont certainement contribué au fait que les Devils du New Jersey, qui ont leur lot d’ennuis eux aussi devant le filet, ont décidé de lui offrir la chance de prolonger son retour dans la LNH.
Un beau mélange de choix et d’espoirs
Ce qui est le plus intéressant à mes yeux pour le Canadien au terme de la période des transactions, c’est que Kent Hughes semble avoir trouvé un bel équilibre entre les choix au repêchage et les espoirs.
Justin Barron semble l’espoir le plus intéressant de tous ceux qui ont été acquis au cours des dernières semaines. En plus de son gabarit et de son coup de patin, Barron évolue sur un flanc droit dégarni par la « retraite » de Shea Weber, le départ de Ben Chiarot et le départ anticipé de Jeff Petry.
Ça lui ouvrira les portes du grand-club qui rejoindra en compagnie d’autres défenseurs de premiers plans que sont les Kaiden Ghule, Jordan Harris, Mattias Norlinder, Corey Schueneman sans oublier qu’Alexander Romanov est tout jeune encore lui aussi.
En prime, le Canadien détient maintenant 23 choix au repêchage pour les deux prochaines années, dont 11 potentiels dans les trois premières rondes (4 en première, 3 en deuxième et 4 en troisième). Bon! Encore faudra-t-il que ces sélections soient bien avisées et se transforment en véritables espoirs et non en désespoirs.
Mais là encore, Kent Hughes est fidèle à ce qui semble sa philosophie. Ils s’offrent plusieurs cibles afin de s’assurer de maximiser ses chances de trouver les plus payantes.
L’avenir nous le dira.
Petry : pas à n’importe quel prix
Bien que lui et sa femme souhaitaient une transaction, Jeff Petry a affronté les Bruins lundi soir. Bien que le Canadien croyait avoir la chance de refiler le contrat de Shea Weber, le salaire du capitaine absent est toujours sur la masse du Tricolore.
C’était prévisible.
Le Canadien ne veut pas plus donner Jeff Petry qu’il ne voulait donner Tyler Toffoli, Ben Chiarot, Artturi Lehkonen, Brett Kulak ou les autres joueurs qu’il a décidé de garder. Et on va se le dire, avec la saison qu’il connaît, Petry ne mérite pas de remerciement pour faveurs obtenues comme c’était le cas avec Hammond.
Mais son tour viendra...
Ce genre de transaction aura plus de chance de réussir une fois la saison terminée alors que les équipes seront mieux à même de jongler avec leurs situations financières en vue de la prochaine saison. Surtout que s’il était facile de garder 50 % des salaires de Ben Chiarot et de Brett Kulak qui deviendront joueurs autonomes l’été prochain, il était beaucoup plus difficile de le faire avec Petry dont le contrat d’une valeur de 6,25 millions $ sous le plafond est valide jusqu’en 2025.
Il est important ici de rappeler qu’un club qui accepte de garder une portion du salaire d’un joueur qu’il échange doit garder cette portion pour la durée du contrat en cours. De quoi refroidir les ardeurs du CH.
C’est aussi à l’été que les autres joueurs assis sur des contrats longs et/ou onéreux pourront être impliqués dans d’éventuelles transactions.
L’Arizona a favorisé Little à Weber
Il sera intéressant aussi de voir comment le Canadien composera avec le contrat de Shea Weber maintenant que les Coyotes semblent avoir «réglé» leur problème en favorisant le contrat de Bryan Little à celui du capitaine du Canadien.
C’était un secret de polichinelle que l’Arizona était en quête d’un contrat afin de s’assurer d’atteindre le plancher salarial la saison prochaine. Ils ont opté pour le contrat vétéran joueur de centre des Jets de Winnipeg. Âgé de 34 ans, Little n’a pas joué depuis le mois de novembre 2019 alors qu’il a été victime d’une sérieuse blessure à la tête. Sa carrière est selon toute vraisemblance terminée.
Le contrat de Little représente une valeur de 5,291 millions $ sous le plafond. Il est en vigueur jusqu’à la fin de la saison 2024. Il touche 6 millions $ cette année, mais son salaire plongera à 4,75 millions $ l’an prochain et à 3,75 millions $ à la dernière année du contrat.
Le contrat de Weber aurait permis aux Coyotes de gonfler leur masse de 7,857 millions $ pour quatre ans après cette année et de lui verser seulement 6 millions $ en argent sonnant.
Mais les Jets, qui avaient plus besoin encore de se départir du contrat de Little que le Canadien avait besoin de le faire dans le cas de Weber ont donné aux Coyotes l’espoir américain Nathan Smith.
Est-ce que Kent Hughes trouvera un autre club intéressé au contrat de Weber? Est-ce que les Coyotes pourraient toujours transiger avec Montréal?
Le d.-g. du Canadien croit que oui. Mais il a affiché une moue qui en disait long lorsqu’il a admis, lors de son point de presse suivant la fin de la période des transactions, que les Coyotes avaient peut-être contrecarré son plan A. Bien hâte de voir quel sera le plan B et peut-être le C...