Sincèrement mes amis, je ne vois pas comment cette chronique aurait pu être titrée autrement. Le début de saison du Canadien est carrément... impressionnant! Et avec un minimum d’objectivité, on ne peut pas dire que ce superlatif soit exagéré, bien au contraire. Car le succès inouï de l’équipe tient à une foule de choses qu’on voit rarement tomber en place aussi tôt dans une saison de hockey. Est-ce que tout est parfait ? Non, bien sûr et en décortiquant l’histoire de chacun des six matchs disputés jusqu’ici on peut trouver quelques erreurs ici et là, quelques relâchements momentanés, quelques inégalités dans l’effort, mais globalement le Canadien de cette saison démontre un esprit d’équipe si puissant, que le rendement collectif compense largement ces quelques défaillances individuelles.

Des chiffres qui ne mentent pas

Les statistiques sont d’ailleurs très claires en ce sens. Seulement trois des 18 joueurs utilisés depuis le début de la saison n’ont pas récolté de points jusqu’ici tandis que les 20 buts marqués l’ont été par 11 joueurs différents. Mais l’un de ces trois joueurs n’ayant pas amassé de points, le défenseur Tom Gilbert, mène l’équipe au chapitre des tirs bloqués, avec 11. Un autre, Alexeï Emelin, a distribué 17 mises en échec et se classe ainsi parmi les meilleurs de la LNH. Et le dernier, Devante Smith-Pelly, en multipliant les bonnes présences aux côtés de Torry Mitchell et de Brian Flynn, a permis à Michel Therrien d’utiliser son quatrième trio à raison de 10 à 12 minutes par match, ce qui est un véritable boni pour un entraîneur.

Les chiffres révèlent aussi qu’au cœur de l’effort collectif, les leaders font leur travail et passent de la parole aux actes. À commencer par Carey Price, qui avait promis le printemps dernier d’en faire encore plus pour mener le Canadien plus loin. Price n’est rien de moins que formidable jusqu’ici et sa moyenne d’efficacité de ,957 est probablement l’indication la plus révélatrice de son rendement. Tomas Plekanec avec ses 5 buts et Max Pacioretty avec 4 ont quant à eux sonné la charge en attaque et donnent raison à leur entraîneur de les avoir réuni dès le calendrier préparatoire. Et avec sa moyenne de temps de jeu de 26 :18, ses 4 mentions d’assistance, ses 13 tirs au but et seulement deux minutes de pénalité, P.K. Subban se veut encore une fois une ressource d’une très grande valeur pour le Canadien.

Au-delà des statistiques

Mais comme c’est le cas pour tous les sports d’équipe, les statistiques de base ne disent pas tout. La séquence actuelle s’explique aussi par plusieurs facteurs non chiffrés comme la vitesse, par exemple.

Samedi, les Red Wings de Détroit ont fait comme la plupart des adversaires du Canadien et ont tenté d’imposer leur échec-avant dès le début de la rencontre. Ils dominaient d’ailleurs avantageusement au chapitre des mises en échec dans la première moitié du match, ce que l’on observe souvent dans la plupart des matchs du Tricolore. Mais par son jeu de transition efficace et sa vitesse, le CH en vient non seulement à contrer ses rivaux et à les prendre au piège, mais il en vient aussi à les épuiser. Ce fut très évident lors du match d’ouverture à Toronto, mais aussi à Ottawa dimanche dernier et encore hier contre les Wings. Comme me le mentionnait Denis Gauthier, avec beaucoup de justesse, si une équipe se fait frapper c’est qu’elle est en possession de la rondelle et qu’elle bouge beaucoup!

ContentId(3.1156873):Red Wings 1 - Canadiens 4
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Il y a aussi toute cette notion d’intensité ou de compétitivité, si vous préférez. Si celle-ci est difficile à quantifier, elle est plutôt facile à observer dans le cas du Canadien en ce début de saison. Michel Therrien le disait encore lors de son point de presse : bien au-delà de la fiche parfaite et du record de victoires, ce qu’il aime par-dessus tout, c’est la façon dont son équipe se comporte sur la patinoire depuis le tout premier match. Il est même allé jusqu’à parler de « hockey d’avril » après la victoire contre les Rangers! C’est comme si la plupart des joueurs, individuellement, refusaient d’être responsables d’une éventuelle rechute.

Notons en terminant une facette du jeu qui doit réjouir le personnel d’entraîneurs, une facette que nous appellerons « l’entraide ». On a beaucoup vu les joueurs du Canadien venir corriger des erreurs de coéquipiers ou des situations de revirement, ce qui est un signe indéniable d’une équipe gagnante. Andreï Markov, pour un, a été très efficace en ce sens depuis le tout début. Après la 3e défaite de suite des siens à domicile, le défenseur des Flames de Calgary, Kris Russell, a justement parlé de ce facteur qui faisait défaut dans son équipe. « Ce n’est pas une question de « X » et de « O », mais plutôt une nécessité de se regarder dans le miroir, individuellement. Quand un coéquipier rate (son jeu), il faut le relever. On doit lui donner notre support et présentement, on ne le fait pas. » Cela dit tout.

Michel Therrien veut absolument éviter de discuter publiquement de la série de victoires actuelle en valeur absolue et préfère se tenir loin des records et des louanges pour se concentrer exclusivement sur les matchs à venir. Il a parfaitement raison de répéter ce discours, du reste. Après tout, la saison est si jeune! Mais en son for intérieur, il doit réaliser comme tous les observateurs que l’édition 2015-2016 du Canadien possède ce « quelque chose » de plus que l’édition précédente, cet esprit d’équipe qui peut parfois déplacer des montagnes.