MONTRÉAL – Kaiden Guhle venait de répondre à deux questions au sujet de son avenir à court terme avec le Canadien, sur ses chances de, peut-être, percer l’alignement du grand club dès cet automne. Deux questions auxquelles il avait réservé les clichés usuels. En résumé, ce n’est pas à lui qu’il faut le demander et il n’est là que pour apprendre.

Ce n’est qu’ensuite – peut-être par accident, peut-être pas - qu’il a offert la perspective la plus éclairée sur les attentes qui devraient être placées en lui cette saison. Ces sages paroles ont été prononcées lorsque le confrère Stu Cowan, du quotidien The Gazette, lui a demandé à quoi il consacrait principalement son attention lorsqu’il regardait des matchs du Canadien à la télévision la saison dernière.

« Défensivement, à mesure que l’équipe avançait dans les séries, c’était de voir à quel point ces gars-là pouvaient jouer des tonnes de minutes, a souligné le jeune homme de 19 ans. Leur jeu défensif était vraiment à point, ils étaient méchants, ils étaient forts. Juste en regardant l’alignement ici dans le vestiaire, on remarque qu’ils pèsent tous plus de 220 livres. Ils ne faisaient pas de quartier et pouvaient faire le travail dans toutes les situations. »

En rendant ainsi hommage à Shea Weber, Ben Chiarot et Joel Edmundson, Guhle venait d’illustrer ce qu’il faudrait tous avoir compris dans ces balbutiements d’une longue et éprouvante saison comme elles le sont toutes : malgré toutes les qualités qu’on lui reconnaît, il est fort possible qu’il ait encore des croûtes à manger pour entrer dans le moule qui lui est destiné dans la Ligue nationale.  

Sur la liste officielle des invités à son camp des recrues, le Canadien répertorie Guhle à 6 pieds 3 pouces et 203 livres. En point de presse, le principal intéressé a plutôt indiqué qu’il mesurait 6 pieds 2 pouces et pesait 200 livres. Ces mensurations n’ont pas semblé problématiques lors de son court et impressionnant séjour avec le Rocket de Laval la saison dernière. Même s’il n’a disputé que trois matchs avec le club-école, le jeune colosse y a laissé en souvenir quelques percutantes mises en échec.

Mais ce n’était, justement, que trois matchs. Et Guhle n’en a disputé que deux autres par la suite, à son retour avec son équipe junior, avant qu’une blessure ne vienne mettre définitivement la hache dans sa saison.

Atteint à une main par un lancer, Guhle a passé deux mois avec les doigts dans une attelle. Il a ensuite eu besoin de trois autres semaines avant de pouvoir retourner sur la glace au début du mois de juin. Qu’il admette aujourd’hui avoir senti qu’il accusait tout l’été un retard sur les autres joueurs de son âge est peut-être un autre appel à la patience dans son développement à court terme.

« Je crois que la prochaine saison sera évidemment très importante, a dit le capitaine des Raiders de Prince Albert. Ça va être bien de retourner à la normale et de viser une saison complète là-bas. Passer du temps sur la route, dans l’autobus, avec les gars, c’est le genre de choses qui te manquent quand elles ne sont plus possibles. »

Muscle et vitesse

On peut donc parier que Guhle sera bientôt de retour en Alberta, où il pourra s’épanouir comme leader et se préparer pour un rôle de premier plan avec la sélection nationale au Mondial junior. D’ici là, l’exercice le plus excitant devrait être de deviner combien de matchs préparatoires on lui accordera avant de lui dire au revoir.

« Je veux juste tout donner à chaque fois qu’on m’envoie sur la glace, a-t-il répété quand on lui a demandé s’il était capable de mesurer l’écart qui le séparait d’un poste permanent dans la LNH. Après ça advienne que pourra. Je vais essayer de compliquer la décision des dirigeants et ça ne marche pas, je n’aurai qu’à travailler encore plus fort. C’est vraiment tout ce que je peux faire. Il y a certaines choses qui sont hors de mon contrôle. »   

En plus de s’appliquer à muscler sa charpente déjà imposante, Guhle priorisera l’amélioration de sa vitesse d’exécution en possession de rondelle. C’est une consigne qui lui a été enfoncée dans le crâne à répétition par Joël Bouchard et Daniel Jacob l’année dernière avec le Rocket.

« Dans le junior, la vitesse du jeu nous permet de dribbler un peu avec la rondelle avant de faire notre passe. C’est un ajustement que j’ai dû faire l’année dernière. Je devais prendre mon information avant d’avoir la rondelle et la laisser partir dès que je la recevais. »

C’est le genre de chose, estime-t-il, sur laquelle il est possible de travailler sans nécessairement pouvoir la mettre en pratique en situation de match.

« En pratique, on fait des exercices où il s’agit de se regrouper et de se redéployer en faisant de courtes passes sans manier la rondelle. C’est un détail sur lequel j’essaie de travailler à chaque jour à l’entraînement. Il y a toujours quelque chose qu’on peut faire à l’entraînement pour s’améliorer. »