Max Pacioretty et David Desharnais n’avaient rien cassé jusque là.

Exception faite d’un bon tir décoché en troisième période, tir que Roberto Luongo a bloqué avec la jambière droite, Pacioretty avait commis plus de revirements (trois) qu’obtenu de tirs au but. Ce qui est plutôt rare dans son cas.

David Desharnais ? Son fait saillant du match était sa victoire dans un duel à l’écran géant alors qu’il avait nommé plus de marques de voitures – ses premiers choix étaient Ferrari et Lamborghini… chacun son budget – que le partisan qui s’est fait huer dans la défaite. Outre le duel, il avait aussi écopé une pénalité en période médiane. Pénalité dont les Panthers avaient profité pour prendre les devants 2-1.

Pacioretty et Desharnais jouaient à l’économie. À l’aube des séries, des séries au cours desquelles ils devront se mettre autant en évidence que Carey Price si le Canadien veut se rendre plus loin que l’an dernier, ce dosage d’efforts est normal. Presque souhaitable dans certains cas.

Mais voilà !

Lorsque le Canadien a obtenu une attaque massive en prolongation – la pénalité pour bâton élevé de Vincent Trocheck aurait soulevé une émeute dans le Centre Bell si elle avait été décernée à un joueur du Tricolore – les piliers de l’attaque se sont réveillés.

Desharnais a orchestré la mise en jeu. Il a dit à Subban de se placer ici, à Markov de se placer là. Il a ensuite gagné sa mise en jeu. Markov a hérité de la rondelle, l’a remise à Desharnais qui a repéré rapidement Pacioretty avant de lui servir une passe parfaite. Puis boum ! Pacioretty a marqué son 36e de la saison, son 10e but gagnant de l’année – un derrière Ovechkin qui domine la LNH avec 11 – et le Canadien l’a finalement emporté 3-2 en prolongation.

Ça débloque

Ce but était important pour bien des raisons.

D’abord, il a confirmé la place du Canadien en séries. Personne n’en doutait. Mais en fin de saison, tu ne veux pas glisser d’une place ou deux en échappant des points qui demeurent précieux même si ton club est assuré d’une place en séries.

Ensuite, et surtout, le but gagnant est venu en attaque massive. Il était temps vous direz. Mais il est venu ce damné but.

Bon ! Le premier de la rencontre, celui de Lars Eller, a été marqué une seconde seulement après la fin de la pénalité écopée par Jimmy Hayes – je reviendrai sur ce jeu plus tard pour louanger le travail de Greg Pateryn – donc officiellement un but à cinq contre cinq. Mais Hayes était toujours au cachot lorsqu’Eller a marqué.

C’est aussi lors d’une attaque massive qu’Alex Galchenyuk a nivelé les chances en deuxième période. Galchenyuk a étalé une partie de son talent lorsqu’il a profité de la présence de Roberto Luongo sur ses genoux pour soulever la rondelle dans la lucarne. Plus facile à dire qu’à faire alors que Galchenyuk était tout juste devant le gardien des Panthers.

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Mais il l’a fait.

Ce but, son 20e de l’année ce qui est pas mal pour un gars de troisième année, mais son premier en 12 rencontres ce qui n’est pas assez, aidera certainement la cause du jeune joueur.

Mais il aidera davantage la cause du Canadien.

Tout le monde sur la planète hockey sait que Carey Price sera très bon, voire excellent, en séries éliminatoires. Qu’il donnera soir après soir une ou deux, ou trois chances de gagner à son équipe. Peut-être même qu’il volera un match ici, un autre là.

Mais pour aider Price à guider le Canadien vers la victoire, ça prendra des buts. Et avec Subban, Markov, Pacioretty, Desharnais, Plekanec, Gallagher, Galchenyuk, peut-être Pareanteau et aussi Eller s’il décide de se réveiller pour de bon une fois en séries, le Canadien devrait convertir ses attaques massives en but.

Ce qu’il n’a pas fait assez souvent cette année.

Le Canadien a marqué au moins un but en avantage numérique 24 fois cette saison. Vingt-quatre fois en 76 matchs, ce n’est pas beaucoup. Surtout pour un club qui compte sur un arsenal aussi intéressant en supériorité numérique.

Seize fois le Canadien a marqué un but. Avec son match de deux buts en «Power Play» hier soir, le Canadien compte cinq matchs de deux buts et trois de trois buts en attaques massives.

Redresseur de torts

Pourquoi ces buts sont importants ? Cruciaux ?

Parce que l’attaque à cinq du Canadien doit être son premier et principal redresseur de torts.

Brandon Prust fait un travail colossal depuis que le Canadien l’a acquis. Il n’a plus les jambes et la vitesse pour lui permettre d’être à la hauteur de son sens du hockey qui est supérieur à la moyenne. Mais il a toujours le cœur à la bonne place et les poings solides lorsqu’il décide de jeter les gants.

Mais Brandon Prust, aussi bon et courageux soit-il, ne freinera pas à lui seul les ardeurs des adversaires qui brasseront le Canadien rondement sans se gêner pour aller déranger Carey Price le plus possible.

Ce que Prust ne pourra pas faire en séries, l’attaque massive pourra le réaliser : Car après avoir encaissé un, deux, trois, quatre buts marqués lors d’attaques massives, l’entraîneur de l’autre côté demandera à ses joueurs de modérer leurs ardeurs.

Inversement, si l’attaque à cinq est aussi moribonde qu’elle l’a été trop souvent cette saison, les adversaires s’en donneront à cœur joie et leur coach les incitera à étirer l’élastique le plus possible.

D’où l’importance de relancer l’attaque massive.

En queue de classement

Avant le match de samedi contre les Panthers, le Canadien n’affichait que trois buts en 36 attaques massives lors de ses 15 dernières rencontres. Son efficacité était dérisoire à 8,3 %.

Le match d’hier n’a pas changé grand-chose aux statistiques. Mais ce n’est pas grave. Ce qui importe d’ici la fin de la saison, c’est de trouver une façon de régulariser la production de l’attaque à cinq du Canadien.

Cette saison, la plus longue séquence de matchs consécutifs du Canadien avec au moins un but en attaque massive s’est étirée à… trois !

C’est pas long.

La meilleure séquence du Tricolore a été marquée de huit buts enfilés en 23 supériorités numériques (34,8 %) réparties sur cinq matchs.

Ça explique pourquoi le Canadien, malgré sa soirée production de samedi – deux buts en quatre attaques massives – est toujours 25e dans la LNH avec une efficacité de 16,2 %.

Une fois en séries, le Canadien devra faire mieux. Beaucoup mieux pour se donner des chances réelles de battre des adversaires qui, pour l’instant, ne voient que Carey Price comme source d’inquiétude à l’aube d’un éventuel duel contre le Tricolore.

P.K. joue avec le feu

Je l’ai écrit en début de chronique. Desharnais et Pacioretty jouaient à l’économie hier. C’est du moins l’impression qu’ils me donnaient.

Je répète que ce n’est pas la fin du monde. Que c’est presque normal.

Surtout qu’ils étaient loin d’être les seuls.

P.K. Subban, malgré ses cinq tirs cadrés et ses 11 tirs tentés, s’est aussi rendu coupable de cinq revirements samedi soir. De gros cadeaux offerts aux Panthers.

Pis encore, il est passé à un cheveu d’anéantir toutes les chances de succès du Canadien en séries lorsqu’il a servi un croc-en-jambe à Carey Price après qu’il eut perdu pied à un coup de patin de son gardien.

Price est tombé. Il a semblé se faire mal. Il a d’ailleurs mis du temps à se relever. Peut-être était-il plus en simonac après son défenseur qu’en douleurs. C’est ce qu’on souhaite au Canadien et à ses fans, car sans Carey Price, les chances du Tricolore d’aller loin en séries seraient très minces. Peu importe les performances de P.K. et celles de l’attaque massive…

Eller, Galchenyuk, Pateryn

Au-delà les joueurs qui ont pris les choses un peu plus aisées samedi soir – et depuis quelques matchs – c’est tout le contraire dans le cas de Lars Eller, Alex Galchenyuk et Greg Pateryn qui ont, à mes yeux, été les meilleurs patineurs du Canadien samedi.

En plus de marquer, Eller a été surtout très impliqué, rapide et incisif dans ses poussées en attaque, dans ses replis défensifs, aux cercles de mises en jeu.

Une très bonne nouvelle pour Michel Therrien.

Galchenyuk dont le caractère semble fluctuer au rythme des marées avait des jambes, des mains, et surtout de la conviction samedi.

Le jour que ce joueur de grand talent, au bon gabarit, aux pieds aussi rapides et agiles que ses mains, comprendra que le plus court chemin en direction du but adverse est la ligne droite, Galchenyuk fera frémir les gardiens adverses. Et il offrira des tas de victoires au Canadien et à ses fans.

Est-ce que ce jour s’en vient ?

Sans doute. Mais il n’est pas acquis qu’il viendra dès ce printemps. Soyons toutefois patients. Car au-delà son talent exceptionnel et ses aptitudes qui le sont tout autant, il vient tout juste d’avoir 21 ans seulement.

Ça m’amène à Greg Pateryn.

Je ne sais pas s’il fera un jour le saut pour de bon dans la LNH. Je sais toutefois que depuis son rappel, il est le défenseur le plus efficace pour asséner des mises en échec. Des mises en échec solides. Percutantes. Qui font mal. Et qui sont légales…

Devant Alexei Emelin ? Sir yes sir !

Jimmy Hayes s’est fait couper les jambes par Pateryn en première période avec un solide coup de hanche comme on en voir malheureusement moins souvent dans la LNH d’aujourd’hui. Parce qu’il s’est fait faire mal, parce qu’il n’a jamais vu Pateryn venir, Hayes s’en est pris à l’arbitre qui a, avec raison, refusé de sévir à l’endroit du défenseur du Canadien.

Hayes aurait dû se la fermer et encaisser. Car il a écopé une pénalité d’inconduite qui a mené au premier but du Canadien.

Pateryn n’a pas eu de point officiellement sur ce jeu. Mais il en a gagné plusieurs aux yeux de ses coéquipiers, des amateurs et de ses patrons surtout.

Ça pourrait lui valoir d’obtenir le droit d’amorcer les séries même si Gonchar et Gilbert sont en santé en en mesure de jouer.

Je ne sais toujours pas si Pateryn est un défenseur de la LNH pour de bon. Mais pour l’instant il l’est. Et Michel Therrien a toutes les raisons de le faire jouer.

Une question en terminant : quelqu’un a remarqué que Devante Smith-Pelly manquait à l’appel ?

C’est ce que je me disais…

Bon dimanche !