BROSSARD – Sur le plan statistique, Alex Dubeau a peu à envier à Zachary Fucale. Il a plus de victoires à sa fiche en saison régulière, une moyenne de buts alloués similaire et un taux d’efficacité supérieur.

Mais ça, ce ne sont que des chiffres.

Contrairement à Fucale, son voisin de casier au camp de perfectionnement du Canadien, l’ancien gardien des Wildcats de Moncton et des Cataractes de Shawinigan ne sait toujours pas s’il amorcera la prochaine campagne chez les professionnels.

« Mon plan A, c’est de jouer pro, d’appartenir au Canadien et d’être l’un des six premiers gardiens de l’organisation », espère Dubeau, qui compte bien prouver qu’il en est digne en sautant sur l’opportunité qu’il attend depuis si longtemps déjà.

« Je veux apprendre des pros »

« Enfin, après cinq ans dans le junior, j’obtiens une petite chance », signale-t-il au sujet de l’invitation du Canadien à prendre part à son camp de développement, la première jamais offerte au portier québécois par une formation de la LNH.

« Je pense que je mérite ma place. Je crois être capable de passer au prochain niveau et de jouer professionnel l’an prochain », estime Dubeau, qui pointe au deuxième rang des gardiens les plus victorieux dans l’histoire de la LHJMQ avec 138 triomphes. Seul Jacques Cloutier (142) le devance. Fucale occupe pour sa part le troisième échelon avec 134 victoires.

« Je n’ai pas peur de dire que je suis quand même fier. Passer cinq ans dans le junior majeur, ç’a été une belle école de vie pour moi. J’ai adoré mon stage junior, mais c’est le temps pour moi de passer à autre chose, tourner la dernière page de ce livre et en ouvrir un autre. »

Jamais repêché par l’un ou l’autre des 30 clubs de la LNH, Dubeau doit maintenant convaincre les têtes dirigeantes du Canadien que son petit gabarit de 5 pi 9 po et 166 livres ne constitue pas un réel handicap.

« On ne se le cachera pas, ma grandeur a été un facteur (dans le fait que je n’ai jamais été repêché). J’ai composé avec ça toute ma vie, que ce soit dans le hockey mineur ou dans le junior. Malgré cela, mes deux dernières saisons ont été excellentes (41 et 30 victoires ) », souligne-t-il avant de reconnaître que les gardiens de sa stature n’ont pas toujours la cote.

« C’est sûr que dans le hockey d’aujourd’hui, les équipes essaient de se grossir. Je ne suis peut-être pas le plus grand, mais je suis quand même assez large. J’essaie de compenser avec mes réflexes, ma vitesse et tout ce que je peux contrôler. Je suis conscient que la mode n’est pas aux petits gardiens, mais je tâche de faire autre chose pour faire oublier ça. »

Jusqu’à maintenant, Dubeau n’a pas eu l’occasion d’en faire la démonstration au Complexe sportif Bell de Brossard, alors que les deux premiers jours du camp n’ont été ponctués que de tests physiques et de séances d’entraînement. Ce n’est qu’aujourd’hui, en fin d’après-midi, que la quarantaine d’espoirs présents sur la Rive-Sud de Montréal disputeront un premier match intra-équipe.

« Lors des deux premiers jours, tu ne peux pas vraiment te démarquer. C’est pourquoi on a si hâte à ce match pour se prouver. Comme gardien, il faut arrêter la rondelle, ce n’est pas plus compliqué que ça », résume Dubeau, qui partage avec Philippe Cadorette (Drakkar) le record de la LHJMQ pour le plus de jeux blancs en carrière en saison régulière avec 16.

Les études avant l’Europe

S’il ne parvient pas à repousser suffisamment de rondelles au goût du Canadien, Dubeau  pourrait obtenir une audition au sein d’une autre équipe de la LNH, une possibilité qu’il préfère bien sûr ne pas envisager à l’heure actuelle.

« Mon agent ne me disait pas tout car il ne voulait pas me déconcentrer, mais il m’a laissé savoir qu’il y aurait peut-être d’autres équipes intéressées. Mais pour l’instant je suis au camp du Canadien et ma concentration est sur ce camp. On verra après. »

Dans un monde idéal, Dubeau se verrait bien enfiler l’uniforme du Beast de Brampton, un club ECHL affilié au Canadien.

« Étant donné les gardiens qu’il y a dans l’organisation, j’imagine que les quatre premiers postes sont pas mal définis. Jouer dans la East Coast m’intéresserait beaucoup. »

Pas question donc pour Dubeau de traverser l’Atlantique pour y amorcer sa carrière professionnelle. Du moins pas pour l’instant.

« Je ne suis pas pressé d’aller en Europe. Je veux vraiment tenter ma chance en Amérique du Nord. Si jamais ça ne fonctionne pas, je jouerai dans les rangs universitaires », révèle celui qui s’est déjà engagé envers les Varsity Reds de l’Université du Nouveau-Brunswick.

Étudiant en administration des affaires, Dubeau a donc déjà assuré ses arrières. Mais avant de se consacrer à son plan B, il compte bien épuiser toutes ses chances de graduer chez les professionnels en Amérique du Nord.

« Je vis vraiment au jour le jour. Je n’ai pas hâte que le camp finisse. »