BROSSARD – Le Canadien a rassuré plusieurs de ses partisans en complétant ses matchs préparatoires de manière concluante, mais c’est à partir de jeudi soir, à Buffalo, que la formation montréalaise devra démontrer que la chimie s’est implantée dans ce groupe remodelé.

L’arrivée de nouveaux visages en défense et en attaque en plus de l’empreinte d’un nouvel entraîneur, voilà ce qui retient l’attention pour le début du calendrier dans l’environnement du Tricolore.

On pourrait utiliser le mot défi pour décrire cette situation, mais Claude Julien préfère employer le mot potentiel.

« Je ne regarde pas ça comme des défis, je m’attarde plus au potentiel. Ça va nous prendre quatre trios capables de marquer, des défenseurs qui vont continuer de progresser et qui pourraient surprendre des gens qui doutent de notre défense. Devant le filet, disons qu’on est assez bien équipés. Je pense que l’attitude des joueurs va jouer un grand rôle à ce sujet », a réagi l’entraîneur qui se fie sur la volonté de ses troupes.

Tandis que la saison des prédictions frappe le Québec, le Canadien n’affiche pas le visage d’une formation assurée d’une participation aux éliminatoires. Julien a d’ailleurs rappelé qu’un effort collectif sera essentiel à cette réussite.

« Je souhaite avoir une équipe qui va bien jouer en groupe et qui va respecter le plan de match. On devient un adversaire plus difficile à affronter quand c’est le cas. Ce n’est pas toujours le nombre de joueurs extrêmement talentueux qui compte, c’est plus la façon de jouer ensemble et d’avoir une bonne chimie. Ça va nous donner une chance d’offrir de très bonnes parties à nos partisans », a exprimé Julien à la sortie de l’entraînement.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le travail effectué par Julien, ses adjoints et le directeur général Marc Bergevin sera testé d’entrée de jeu avec trois parties en quatre soirs sur des patinoires adverses (face aux Sabres, aux Capitals et aux Rangers).

« On ne gère pas le calendrier, on doit composer avec ça en espérant obtenir les résultats souhaités », s’est contenté de répondre Julien qui ne pouvait pas être enchanté par ce contexte.

Sondé quelques minutes plus tard, Jonathan Drouin a préféré voir la situation d’un bon œil.

« Quand on va arriver contre Chicago (pour la première partie au Centre Bell), on aura encore plus pris notre rythme », a-t-il fait remarquer.

Les enjeux seront probablement plus intrigants du côté de la brigade défensive. Après tout, Victor Mete patinera sur la première unité malgré ses 19 ans, Karl Alzner fera ses débuts avec le Tricolore sur la deuxième et Mark Streit essaiera de tenir son bout sur la troisième.

Alzner, qui en sera à sa 10e saison dans la LNH, ne cache pas que la brigade défensive devra répondre aux attentes.

« Notre plus grand défi sera probablement de bien travailler en unité et que ça s’installe rapidement. Ça paraît quand il y a de petites failles dans une brigade défensive et que ce n’est pas rodé à 100%. Les chances de marquer arrivent assez vite. Ce sera l’enjeu principal. On devrait avoir le même partenaire pendant un certain temps au début. On fait beaucoup de vidéos et on devrait pouvoir s’ajuster assez sans trop tarder », a déclaré le sympathique vétéran de 29 ans.

Volubile, Alzner était heureux de répondre à des questions au sujet de Mete qui en impressionne plus d’un.

« Il est un joueur populaire au sein du groupe, difficile de faire autrement avec un surnom comme le sien : Meat (viande). On essayait de trouver comment prononcer correctement son nom de famille et cette idée a été soulevée. Avec un tel surnom, c’est normal qu’on lui parle un peu plus, il a l’air d’un très bon jeune », a raconté Alzner en souriant.

Honnête, le nouveau numéro 22 du CH avoue que Mete devra surmonter ses propres enjeux en faisant le saut dans la LNH aussi hâtivement.

« Il y en aura beaucoup, ça commence par vivre par soi-même dans une grande ville, gérer son temps et son énergie. Mais c’est difficile de jouer à la défense dans la LNH peu importe ton âge. L’important, c’est de ne pas essayer d’en faire trop selon tes capacités. Il faut garder les choses simples, ce n’est pas nécessaire de retenir l’attention à tous les matchs », a-t-il dit.

« Les deux méritaient d'être ici »

Alzner trouve ça fascinant qu’une sélection de quatrième ronde parvienne à mériter un poste dans la LNH à 19 ans. Il se fera donc un plaisir de le conseiller si Mete en ressent le besoin surtout s’il parvient à demeurer avec Montréal pour l’entièreté de la saison.

« Je ne l’ai pas encore fait, mais ce sera certainement une bonne idée éventuellement. Je vais prendre soin de mon physique et je pourrai poser des questions si certaines situations se présentent », a confirmé Mete sur cette question.

Sans être le plus bavard, Shea Weber ne sera pas avare de conseils pour son jeune partenaire.

« Au début, j’étais quand même nerveux de jouer avec lui et de lui parler. Mais j’ai pu le connaître un peu plus, on a notamment fait des activités de groupe ensemble. Notre relation s’est développée et il est vraiment gentil avec moi », a témoigné Mete qui porte un nom aux origines thaïlandaises.

Alzner aurait préféré repousser les retrouvailles

Lorsqu’on a été repêché au cinquième rang (en 2007) par une organisation et qu’on a disputé près de 600 matchs réguliers avec elle pendant neuf saisons, la séparation et les retrouvailles constituent des moments particuliers.

Alzner aurait donc souhaité que les retrouvailles avec les Capitals de Washington ne surviennent pas dès sa deuxième partie avec sa nouvelle équipe.

« J’aurais probablement aimé que ça se produise un peu plus tard, j’aurais eu plus de temps pour bien m’établir avec le Canadien. Ça prend quand même un peu de temps et j’aurais souhaité qu’on soit une machine bien huilée pour ce retour, mais c’est aussi bien de pouvoir passer à travers ça rapidement », a-t-il exposé à propos de la rencontre de samedi.

« J’ai joué si longtemps là-bas que je vais me sentir confortable sur la patinoire, mais ce sera quand même un peu étrange d’affronter quelques anciens coéquipiers », a poursuivi le gaucher qui est jumelé à Jeff Petry.

Puisque le sujet était abordé, Alzner n’a pas pu s’empêcher de tirer la pipe à l’un de ses amis chez les Caps.

« À la blague, je peux dire que je suis content de ne pas avoir à me soucier des coups d’épaule de Tom Wilson. C’est un bon ami, je ne veux pas lui taper dessus, mais je l’ai taquiné pour sa suspension », a commenté Alzner qui s’attend à une visite d’Alex Ovechkin dans les coins de patinoire.

Alzner pense encore à ses amis à Washington, mais il se réjouit de son intégration avec sein du Canadien.

« C’est facile de se rapprocher des joueurs ici. C’est toujours un enjeu pour les gars qui changent d’équipe. Il faut se faire une place et de nouveaux amis. J’ai été surpris à quel point ce fut rapide. On a pu rencontrer les conjointes des joueurs et c’était bien agréable autant pour moi que pour ma femme », a-t-il relaté en parlant du souper d’équipe tenu mardi soir.

« Il y a beaucoup de conjointes qui sont des mamans donc les discussions partent automatiquement entre elles. Tu n’as qu’à raconter la chose qui a été détruite par ton enfant dans la maison la veille et c’est parti », a rigolé le père d’un enfant de près de 3 ans et d’un autre de 16 mois.

Sur la glace, Alzner aime décrire son style de jeu en un seul mot.

« Simple! C’est ça, simple. Je veux garder le jeu aussi facile que je peux. J’ai essayé de contribuer un peu plus offensivement au cours des dernières années, mais mon jeu est sécuritaire. J’aime bloquer des tirs, ce qui n’est pas le cas de tous les joueurs, et je veux aider le gardien le plus que je peux. Je crois aussi que je peux contribuer au bien d’une équipe avec de petites actions à l'extérieur de la patinoire », a statué Alzner.