Au moment d’entamer la saison, Marc Bergevin avait mentionné que sa brigade défensive était meilleure que celle de l’édition précédente. Nombreux sont ceux qui sont demeurés perplexes face à cette affirmation et aujourd’hui nous sommes forcés d’admettre que le rendement défensif du Canadien est plus inquiétant que jamais.

Cette saison, de mois en mois, les moyennes portant sur le rendement défensif du Canadien sont de plus en plus déplorables (temps de possession de l’adversaire, temps de possession en zone offensive de l’adversaire, tirs accordés de l’enclave, tirs accordés du bas de l’enclave et passes complétées dans l’enclave par l’adversaire).

Même qu’en décembre, les adversaires du Canadien passent en moyenne 32 secondes de plus en zone offensive en possession de la rondelle comparativement au mois d’octobre. Le plus affolant est que, depuis le début du mois de décembre, le nombre de tirs cadrés depuis le bas de l’enclave par les adversaires du Canadien à chaque partie est en hausse de 40 % comparativement à la moyenne cumulée par le club en octobre.

Il s’agit d’une augmentation astronomique qui est le reflet des performances défensives exécrables de la Sainte-Flanelle. C’est tout simplement inacceptable.

Le rendement défensif du CH

Longtemps, il fut uniquement question du volume de tirs au moment de décortiquer les performances défensives. Maintenant, les statistiques avancées nous confirment que la qualité des lancers importe beaucoup plus que le volume.

Le gardien de but moyen de la LNH arrête plus de 24 tirs sur 25 provenant de la périphérie. Lorsque les lancers sont décochés du bas de l’enclave, le même gardien stoppe moins de 4 tirs sur 5. En d’autres termes, lorsqu’un lancer a pour provenance le bas de l’enclave, il a cinq fois plus de chance de tromper la vigilance du cerbère, car le tireur y bénéficie d’un angle de tir optimal et que le temps de réaction du gardien y est minimal. Cela explique que près de 50 % des buts inscrits dans la LNH le sont depuis le bas de l’enclave.

Non seulement le Canadien accorde un nombre trop élevé de tirs cadrés du bas de l’enclave, il permet également à ses adversaires de compléter un bon nombre de passes dans la zone dangereuse, ce qui complique d’autant plus le travail de ses gardiens. Ceux-ci ne doivent pas uniquement faire preuve de prouesses au moment de contrer ces tirs de qualité, ils sont également obligés de se déplacer à la dernière seconde pour effectuer l’arrêt, ce qui augmente énormément le coefficient de difficulté.

Le rendement défensif du Canadien est en chute libre dans la totalité des statistiques avancées et cette tendance généralisée semble vouloir s’inscrire dans la durée, ce qui n’est pas de bon augure.

Comment expliquer l’écroulement défensif du Canadien? Deux pistes sautent aux yeux.

Premièrement, le talent de la brigade défensive est extrêmement limité. Ainsi, plus la saison avance, plus les équipes rehaussent leur jeu d’un cran, sauf que le Canadien n’est pas en mesure de suivre la cadence imposée. Alors que les autres formations passent à la vitesse supérieure, le Canadien laisse déjà tout ce qu’il a sur la patinoire, n’étant pas en mesure d’en offrir plus. Cela justifierait l’affaissement des performances défensives du CH.

La mauvaise nouvelle est que les autres équipes ne cesseront pas d’accroître leur niveau de jeu d’ici le début des séries éliminatoires, ce qui pourrait faire en sorte que le Canadien tire de plus en plus de la patte d’ici le début de la danse printanière. Bref, Carey Price, Al Montoya et Antti Niemi risquent de voir de plus en plus de caoutchouc.

Deuxièmement, la brigade défensive du Tricolore manque cruellement de profondeur, alors que son seul défenseur de premier plan est Shea Weber. Il en résulte que celui-ci est surutilisé, ce qui l’expose à des blessures, lui qui a justement raté les trois dernières parties dans l’Ouest canadien en raison d’un pied amoché. Lorsque Weber n’est pas de la formation, il est beaucoup plus facile pour les adversaires de la Sainte-Flanelle de cadrer des tirs de qualité.

En l’absence de Weber, le Canadien a respectivement alloué 12, 9 et 11 tirs du bas de l’enclave aux Canucks, Flames et Oilers. Considérant que la moyenne cumulée par le Tricolore à ce chapitre est de 7,4 en décembre, ces données traduisent très bien « l’effet Weber ». Lorsqu’il n’est pas de la formation, les adversaires sont en mesure d’exploiter beaucoup plus facilement le bas de l’enclave.

Oui, il est facile de pointer les gardiens du doigt, surtout que Carey Price ne connaît pas une saison à la hauteur des attentes. Il n’en demeure pas moins que le rendement de la brigade défensive est actuellement inadmissible. Le Canadien ne peut pas espérer gagner en accordant autant de chances de qualité à ses adversaires, et ce peu importe qui se trouve devant le filet.