Zack Kassian est maintenant entre bonnes mains. Et c’est parfait ainsi. Il sortira de sa cure de désintoxication dans un bien meilleur état que lorsqu’il s’y est inscrit. Il en sortira avec des outils qui l’aideront à remporter ses duels avec ses démons. Il ne lui restera qu’à trouver la volonté nécessaire pour livrer ces duels et se donner une chance de les gagner.

Si tout se passe bien pour Kassian, l’homme qui se cache sous l’équipement de hockey, peut-être qu’il pourra redorer le fleuron du joueur de hockey qu’il devait être et qu’il n’a jamais été pour des raisons qui sont plus claires depuis quelques jours. Ne vous trompez pas : si les Sabres de Buffalo ont cessé de croire au jeune trésor qu’ils avaient repêché -13e sélection de la première ronde en 2009 - et que les Canucks - deux directeurs généraux l’ont planté, Mike Gillis d’abord puis Jim Benning qui l’a remplacé – ont déchanté tout aussi rapidement, c’est très certainement parce que ses ennuis ne datent pas d’hier. De fait, à 24 ans, il en est déjà à sa deuxième cure du genre…

Quels sont les problèmes de Kassian. La boisson sous toutes ses formes? La drogue et les stupéfiants sous toutes leurs formes? Les narcotiques? Le gambling? Un malheureux mélange de tout ça?

Je ne le sais pas et je ne tiens pas à le savoir.

Plus qu’une anecdote

Ce que je sais toutefois, c’est que le Canadien à commencer par Geoff Molson et la Ligue nationale de hockey à commencer par le commissaire Gary Bettman devraient se servir de « l’affaire Kassian » pour étudier de beaucoup plus près la triste réalité de la consommation de drogue dans les vestiaires de la LNH. Car il faudrait être d’une naïveté juvénile pour croire que l’incident Kassian est un incident isolé. Une anecdote. Une exception.

Après des discussions amorcées depuis plus d’un an avec des joueurs qui évoluent toujours dans la grande ligue et dans les ligues mineures, avec des jeunes retraités de la LNH et avec des coachs qui voudraient ne pas croire ce qu’ils croient, il est clair que la drogue – particulièrement la cocaïne – est populaire dans les vestiaires de la LNH. Et oui, cela inclut le vestiaire du Canadien de Montréal. Celui des Sénateurs d’Ottawa. Celui des Maple Leafs à Toronto. Tous les vestiaires de la LNH sont touchés à des degrés différents. Pis encore, plusieurs vestiaires des club-écoles le sont aussi.

Quand Mike Richards s’est fait prendre aux douanes avec des substances illégales ou quand Jarred Stoll s’est fait arrêter dans un bar « in » de Las Vegas – en plein jour – avec en sa possession de la cocaïne et de l’ecstasy, il n’y a pas grands joueurs de la LNH qui ont été surpris.

La Ligue est un monde à part. Les joueurs savent des choses sur leurs coéquipiers dont ils ne parleraient jamais. Ils affichent le même genre de mutisme à l’égard de leurs adversaires. C’est vous dire à quel point le milieu est tissé serré. Mais des « si tu savais vraiment » et des « c’est pas mal pire que ce que tu crois», j’en ai reçu des tas en guise de réponses à mes questions.

Même après que Mike Ribeiro se soit pris en main et qu’il eut accepté de parler du fait qu’il s’était inscrit à une cure et qu’il avait choisi de poursuivre sa carrière à Nashville et non à New York – la capitale du country est plus tranquille que la Grosse Pomme – pour minimiser les risques de rechute, ses coéquipiers ne voulaient pas en parler. Son coach Peter Laviolette m’avait même dévisagé tant la question le répugnait. Bon ! C’était un jour de match, à Toronto, et il avait d’autres chats à fouetter. D’ailleurs, il a accepté d’en parler l’été dernier lorsque je l’ai croisé à Las Vegas où il était en lice pour le titre de coach de l’année. Titre qui est allé comme tout le monde s’y attendait à Bob Hartley des Flames de Calgary. Laviolette était fier de son joueur. De la maturité qu’il affichait. Du sérieux qu’il accordait à sa lutte contre ses ennuis et à sa carrière. Espérons pour lui et surtout pour Mike Ribeiro qu’il le sera encore longtemps.

Mike Richards compose toujours avec les conséquences de cette arrestation. Jarret Stoll a plaidé coupable à des accusations réduites et il amorcera la saison à Chicago, mercredi, dans l’uniforme des Rangers de New York qui ont pris une chance en lui offrant un contrat d’un an.

On peut être certain que l’entraîneur-chef Alain Vigneault l’aura à l’œil. Ou qu’il trouvera le ou les moyens pour l’avoir à l’œil.

Avant Richard, Stoll et Ribeiro, il y a eu Ryan Malone arrêté avec de la cocaïne dans ses poches. Il y en a eu d’autres, bien d’autres, avant. Il y a eu Kassian en fin de semaine et voilà que les nouvelles nous annoncent que Sean Avery vient tout juste d’être arrêté avec des drogues illégales.

Impossible de parler simplement d’anecdotes.

La Ligue et le syndicat au courant

Mon collègue Rick Westhead de TSN a d’ailleurs publié un texte aussi intéressant que bien documenté sur la situation de la cocaïne dans la LNH. Il sera intéressant de voir si un, deux, cinq, dix joueurs profiteront de l’occasion pour lever le voile sur cette situation qui est tellement préoccupante que la LNH, par le biais de son vice-président Bill Daly, et l’Association des joueurs ont commenté officiellement la situation.

ContentId(3.1151252):La LNH semble proactive
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La cocaïne a repris une place de choix dans la société au cours des dernières années. Les vestiaires de la LNH n’y ont pas échappé.

Oui il y a des tests, mais les tests effectués efficacement – les joueurs sont testés au moins 2 fois par année sans avis préalable – pour déceler la présence de stéroïdes et autres anabolisants le sont beaucoup moins en matière de drogues récréatives. C’est à peine 30 % des tests pour stéroïdes qui sont poussés plus loin pour déceler des traces de cocaïne, marijuana et autres drogues ou stupéfiants dans le système des joueurs.

Est-ce suffisant? La question mérite d’être posée. Et à la lumière de l’incident impliquant Zack Kassian et des autres incidents qui l’ont précédé au cours des derniers mois, il semble bien que la réponse soit non.

Combien de joueurs du Canadien consomment de la cocaïne régulièrement, de temps en temps, rarement, jamais?

Je ne le sais pas. Je ne sais pas non plus si le propriétaire du Canadien et les membres de son état-major le savent vraiment. Peut-être ont-ils déjà chassé du club un ou des joueurs qui consommaient et qu’ils ont des soupçons sur d’autres. Je ne sais pas.

Mais je suis convaincu que depuis lundi, ils vont prendre les moyens pour être certains. Il serait tout à faire normal que les 29 autres clubs et surtout les dirigeants de la LNH tout comme ceux de l’Association des joueurs le soient aussi. Les équipes affichent des masses salariales astronomiques et elles auraient grand intérêt à mieux protéger leurs investissements. La Ligue a un produit, une image, une réputation à protéger. Quant à l’Association des joueurs, elle a un bien beaucoup plus précieux à protéger. Et je ne parle pas ici des contrats de leurs membres et des carrières qui se dessinent devant eux. Non! Je parle simplement de leur santé.

ContentId(3.1151515):« On sait que la cocaïne est dangereuse »
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Avec les ravages attribuables aux commotions cérébrales et à leurs conséquences catastrophiques comment est-il possible que les équipes, la Ligue et les joueurs par le biais de leur syndicat ne puissent trouver une façon de s’unir pour livrer une guerre à finir contre ces deux fléaux. Pour gagner cette guerre et s’assurer d’éradiquer les deux fléaux tout en surveillant les autres qui n’attendent qu’une entrée mal protégée pour se faufiler.

Ce qui arrive à Zack Kassian est bien dommage pour lui. En fait non! C’est peut-être le coup de pied au derrière dont il avait besoin pour se réveiller. Mais si ce qui lui arrive donne le coup d’envoi à une prise de conscience générale autour de la LNH et à des moyens réels pour régler le problème, Kassian pourra se vanter d’avoir transformé une bêtise qui aurait pu lui coûter beaucoup plus cher en un exploit de loin supérieur à tout ce qu’il a accompli sur la glace depuis le début de sa carrière.