Anthony Beauvillier a été le premier joueur à poser les patins sur la glace du Centre Bell pour l’échauffement précédant le duel opposant ses Islanders au Canadien.

Le Québécois âgé de 19 ans a aussi été le tout dernier joueur à quitter la patinoire au terme de la victoire de 3-0 que son équipe a fait subir à Carey Price, au Canadien et à leur entraîneur-chef Claude Julien qui aurait préféré célébrer d’une tout autre façon son 1000e match en carrière dans la LNH.

Avant de retraiter au vestiaire, Beauvillier a eu droit au tour d’honneur à titre de première étoile de la rencontre. Une étoile associée au fait qu’il a marqué le premier but du match à l’aide d’un puissant et précis tir des poignets qui a déjoué Carey Price sous son bouclier cinq minutes à peine après le début de la rencontre.

C’était le sixième but de la saison pour la recrue que les Islanders ont sélectionné en première ronde (28e sélection) il y a deux ans.

Le premier but gagnant de sa jeune carrière. Et surtout son premier but aux dépens de l’équipe qu’il encourageait il y a quelques années à peine alors qu’il rêvait simplement d’atteindre un jour la LNH.

Beauvillier était tout sourire dans le vestiaire des Islanders. On s’attendait à rien de moins après une belle soirée et un deuxième gain consécutif aux dépens du club de son enfance.

« Battre le Canadien à New York comme on l’a fait la dernière fois, c’était bien. Mais gagner à Montréal, c’est encore mieux », a convenu la jeune sensation qui fait lentement, mais sûrement sa niche avec des Islanders qui sont de retour dans le portrait des séries après un début de saison lamentable.

« Je suis vraiment content. J’étais nerveux avant la partie. J’ai connu un bon début de match », a commenté Beauvillier, qui a vu son but chasser la nervosité qui le titillait avant la rencontre.

Dans les gradins, le premier but de Beauvillier au Centre Bell a bien sûr comblé les quelques partisans venus appuyer les Islanders à Montréal. À commencer par les parents de la vedette de la soirée, Sylvain Beauvillier et son épouse Dominique, qui ont fondu en larmes après avoir célébré comme ils se devaient de le faire ce but historique de fiston.

En entrevue à la télé des Islanders, Beauvillier n’a pu rester insensible devant les images de ses parents qui pleuraient de joie après son but.

« Cette image veut tout dire. Elle représente tous les sacrifices qu’ils ont multipliés entre mes premières années dans le MAHG jusqu’ici. Tout l’argent qu’ils ont dépensé pour me permettre de jouer au hockey. Tout le temps qu’ils ont investi. Tout le support qu’ils m’ont donné. Il n’y a pas de mots pour décrire tout ça. Je ne pourrai jamais les remercier assez », a ajouté le jeune homme qui revendique cinq buts et 15 points après ses 46 premières rencontres en carrière dans la LNH.

D’un tour d'honneur à un autre

Avant d’effectuer un tour d’honneur à titre de première étoile, Anthony Beauvillier en a effectué deux en début d’échauffement alors que ses coéquipiers l’ont laissé faire deux tours de patinoire avant de venir le rejoindre sur la glace pour l’échauffement.

Un coup monté par le capitaine John Tavares qui tenait à rendre plus spéciale encore cette première visite de son jeune coéquipier au Centre Bell.

« Je me souviens de tous mes premiers faits saillants dans la LNH. Je me souviens bien sûr de mon premier but, mais ma première visite à Toronto où j’ai grandi comme fans des Leafs était vraiment spéciale. Tout comme mon premier but à Toronto devant mes parents et mes amis. Je tenais à ce que cette première visite à Montréal soit tout aussi spéciale pour lui. Il a dû venir ici très souvent pour voir jouer le Canadien. C’était son tour ce soir. Il fallait souligner ça », a expliqué le capitaine des Islanders.

Bien que ce genre de tour d’honneur est souvent réservé aux recrues qui font escale à la maison pour la première – Tavares a convenu n’avoir jamais eu droit à ce traitement de faveur toutefois – Beauvillier a admis avoir été pris par surprise.

« Ils ont commencé par cacher mon casque et quand j’ai réalisé que j’étais seul sur la glace ça m’a rendu un peu nerveux. Mais les choses se sont bien replacées ensuite. »

Julien méritait mieux

Pourquoi je vous parle d’Anthony Beauvillier, de ses parents et des Islanders au lieu de vous parler de Claude Julien et du Canadien?

Parce qu’il n’y a rien de bon à écrire sur le Canadien après un match aussi lamentable. Et que je commence à en avoir ras le pompon d’écrire toujours les mêmes doléances sur ce club qui n’est plus capable de jouer deux bons matchs de suite.

Une autre peformance décevante

Et je ne parle pas ici de gagner deux parties de suite, ce que le Canadien n’a pas fait depuis le 7 janvier dernier, mais bien simplement d’offrir deux bonnes performances consécutives.

Après la sortie et la victoire encourageantes de mardi, à New York, il est très difficile de comprendre comment le Canadien a pu retomber si bas deux jours plus tard.

Devant ses partisans en plus. Des partisans qui ont été les témoins aussi déçus qu’impuissants de cinq revers de suite (0-4-1) de leurs favoris au Centre Bell.

Blanchi une fois seulement lors des 44 premiers matchs de la saison, le Canadien a été blanchi pour la cinquième fois à ses 17 dernières parties.

Pas fort!

« Nous venons de disputer un excellent match sur la route », a claironné l’entraîneur-chef Doug Weight après une 12e victoire lors des 18 parties qu’il a dirigées (12-4-2) depuis qu’il est venu en relève à son ancien patron Jack Capuano.

Je ne veux rien enlever au mérite de Weight, de son capitaine John Tavares, du gardien Thomas Greiss qui a signé sa 20e victoire de la saison, sa 3e par jeu blanc, du défenseur Nick Leddy qui a excellé pour les Islanders sans oublier Anthony Beauvillier bien sûr.

Mais le Canadien a été mauvais hier soir. Encore! Il a été presque aussi mauvais que le 26 janvier dernier alors qu’il s’était fait battre 3-1 par les Islanders à Brooklyn avant la pause du Match des étoiles.

Le Canadien s’est fait refuser deux buts jeudi soir. Je veux bien. Mais les deux décisions étaient pleinement justifiées. Alors le Canadien ne s’est rien fait voler.

De fait, le Canadien a multiplié les mauvaises passes, les revirements, les mauvais jeux sans oublier les couvertures défensives bousillées.

Une fois encore jeudi, Alexei Emelin s’est fait contourner comme un cône par Anders Lee qui s’est ensuite retrouvé seul devant Carey Price qui n’en croyait pas ses yeux. Comme tous les joueurs sur la glace. Comme tous les partisans dans les gradins.

Il serait temps qu’on sépare Emelin et Weber, car aussi bon soit-il, Weber qui a quand même décoché 11 tirs en direction du filet des Islanders jeudi – six ont touché la cible – semble en train de perdre ses moyens.

Que dire aussi du travail du trio d’Alex Galchenyuk. Envoyés dans des causes favorables alors qu’ils ont disputé 65 % de leurs mises en jeu en zone offensive, Galchenyuk – qui a gagné neuf de ses 14 mises en jeu disputées – Paul Byron et Brendan Gallagher n’ont pas obtenu le moindre tir au but. Pis encore, Gallagher (trois tirs bloqués) a été le seul à tirer en direction du gardien des Islanders.

Pas fort ça non plus.

Le seul commentaire que je retiens du Canadien au terme de cet autre match horrible qui nous pousse encore à nous demander si le Tricolore sera des prochaines séries – ne riez pas, les doutes commencent à être justifiés – est la réponse que Claude Julien a lancée à un collègue qui lui a demandé si son équipe avait suivi son plan de match.

« J’espère que non! » a candidement répondu le nouveau coach du Canadien avec raison.

Car si le plan de match de Claude Julien avait été aussi mauvais que le niveau d’exécution démontré par ses joueurs, il faudrait remettre en question la décision de congédier Michel Therrien.

Remarquez qu’en jouant comme ils continuent à la faire, les joueurs du Canadien, tous les joueurs du Canadien, confirment que Michel Therrien avait sans doute une part du blâme à assumer, mais qu’il n’était pas le seul responsable de la baisse de régime indécente du Tricolore après ses 13 victoires en 15 matchs au tout début de la saison.

On verra si ce sera mieux samedi à Toronto.

Ce pourrait difficilement être pire