Le tableau complet des sélections au repêchage 2018 de la LNH

DALLAS - Marc Bergevin répète depuis des années qu’il est très difficile, voire impossible, de renforcer la ligne de centre par le biais des transactions. Que le repêchage est la meilleure, voire la seule, façon de mettre la main sur des candidats susceptibles de devenir premier ou deuxième centre.

Le directeur général du Canadien a maintenu sa ligne de pensées en réclamant le centre finlandais Jesperi Kotkaniemi avec la troisième sélection de la première ronde du repêchage 2018.

Moins bien classé que plusieurs prospects sortis après sa sélection par le Canadien, Kotkaniemi, à n’en pas douter, a beaucoup de talent. Il est déjà considéré comme un joueur complet. « Un gars qui est bon sur les 200 pieds de la patinoire. Le genre de joueurs que tu envoies sur la glace quand tu as besoin d’un but ou que tu as une avance d’un but à protéger », a d’ailleurs commenté son nouveau patron avec le Canadien. Un patron qui était très heureux de sa sélection.

Mais Kotkaniemi n’a pas les mains et la touche de marqueur de Filip Zadina qui a glissé jusqu’au sixième rang où les Red Wings de Detroit l’ont sélectionné. Il n’a pas la fougue et le caractère d’un Brady Tkachuk sur qui les Sénateurs d’Ottawa ont sauté avec un enthousiasme que le directeur général Pierre Dorion ne cherchait même pas à camoufler.

« Nous savions que Dahlin (Rasmus) et Svechnikov (Andrei) allaient sortir un et deux à Buffalo et en Caroline. Mais j’étais enchanté de voir que Tkachuk était encore disponible après la sélection du Canadien. Des gagnants comme lui, des joueurs qui peuvent changer le cours d’un match, des gars de talent et de caractère comme lui, ça ne passe pas souvent au repêchage. Et ils ne sont jamais disponibles sur le marché des échanges. Nous avons vécu une année très difficile à Ottawa. Nous avons souffert. Obtenir un gars comme Brady Tkachuk ce soir est un baume sur toutes les blessures subies la saison dernière », a défilé le directeur général des Sénateurs.

Le Canadien aurait-il dû miser sur le joyau des Sénateurs?

Le Canadien aurait-il dû faire confiance au talent de Zadina, qui a mal pris d’avoir été balayé du revers de la main par le Tricolore et les Sénateurs et qui a témoigné ce mécontentement en lançant qu’il avait « bien hâte d’aller marquer des buts à Montréal et Ottawa pour leur faire regretter leur décision »?

Certains assurent déjà que oui. Seul le temps offrira une réponse adéquate à ces questions.

D’ici à ce que les réponses tombent, le temps de développement qui devrait être plus long dans le cas de Kotkaniemi que dans celui de Tkachuk et Zadina risque de mousser la grogne des partisans du Canadien si jamais le Finlandais peine à assumer rapidement le rôle de premier centre qui l’attend à Montréal.

Mais il est clair que Marc Bergevin et son groupe de recruteurs sont prêts à composer avec cette grogne et qu’ils sont convaincus d’avoir pris la bonne décision. Car bien qu’ils avaient l’embarras du choix associé au troisième rang de sélection, les membres de l’état-major du Tricolore étaient convaincus depuis un bon moment de leur décision d’y aller avec Kotkaniemi.

« Notre décision était prise depuis le camp d’évaluation à Buffalo il y a quelques semaines », a d’ailleurs insisté Marc Bergevin.

« Tkachuk et Zadina sont d’excellents joueurs également. J’aurais bien aimé avoir trois des cinq premières sélections pour garder les trois jeunes, mais ça ne marche pas comme ça », a ironisé le directeur général du Canadien.

En Finlande? À Laval? À Montréal?

Neuf mois plus jeune que les autres candidats de premier plan repêchés vendredi, à Dallas, Jesperi Kotkaniemi a des allures d’enfants. Malgré tout, il joue avec des hommes en première division en Finlande. Et malgré une grande différence d’âge et un manque d’expérience évident, il a été en mesure de non seulement tenir son bout en première moitié de saison, mais de vraiment hausser son niveau de jeu et son efficacité en deuxième portion de calendrier.

Une fluctuation à la hausse qui a convaincu le Canadien qu’il était son homme.

Encore sous contrat pour deux saisons, Jesperi Kotkaniemi pourrait demeurer en Finlande l’an prochain. La ligue au sein de laquelle il évolue est très compétitive ce qui assurerait sans l’ombre d’un doute un développement de qualité.

Mais contrairement aux jeunes joueurs juniors de la Ligue canadienne de hockey qui doivent accéder à la LNH ou retourner à leur club du Québec, de l’Ontario ou de l’Ouest, Kotkaniemi pourrait aussi – il est possible pour lui de résilier son contrat – évoluer avec le Rocket à Laval s’il décidait de traverser l’Atlantique dès l’automne prochain.

Pourquoi pas avec le Canadien?

C’est effectivement une possibilité. Surtout que les jeunes joueurs repêchés percent de plus en plus rapidement les portes des vestiaires des équipes de la LNH depuis des années.

Mais ce scénario n’est pas le premier envisagé par les recruteurs du Canadien. Du moins pour l’instant.

« Je ne veux pas m’avancer sur les possibilités qu’il joue avec nous dès l’an prochain, car je ne veux pas créer des attentes ou lui mettre plus de pression qu’il en a déjà sur les épaules. Mais comme je le dis tous les ans, les jeunes nous forcent parfois la main. Est-ce que je croyais que Victor Mete jouerait dès l’an dernier avec nous? Non! Mais il nous a obligés à lui faire une place en connaissant un très bon camp d’entraînement. Alors on ne sait jamais », a statué le directeur général du Canadien.

En attendant Kotkaniemi et Poehling
 

Que ce soit dès l’an prochain ou dans deux ans, il semble clair que le Canadien a mis la main vendredi sur un jeune qui sera en mesure d’aider à combler le trou béant que le Canadien tente depuis des années de combler au sein de sa ligne de centre.

Et comme Ryan Poehling – le Canadien a repêché le centre américain avec sa 25^e sélection l’an dernier – se rapproche lui aussi lentement, mais sûrement de Montréal, Marc Bergevin a sous la main des joueurs qui devraient donner une ligne de centre plus solide d’ici quelques années.

Mais ça ne règle pas les problèmes à régler à court terme. Comme dès l’an prochain. Les solutions plus pressantes viendront peut-être par le biais d’une transaction ou par l’embauche d’un centre sur le marché des joueurs autonomes.

Et non, je ne pense pas ici à John Tavares alors que je maintiens que les chances de le voir dans l’uniforme du Canadien oscillent entre très minces et nulles.

Parlant de transactions, le vent de rumeurs qui déferlaient sur Dallas depuis quelques jours n’a pas franchi les portes du American Airlines Center hier.

Car de transactions, il n’y a pas eu. Ou si peu.

L’Avalanche du Colorado a acquis le gardien Philipp Grubauer des Capitals de Washington. Joe Sakic n’a donné qu’un choix de deuxième ronde pour obtenir l’adjoint de Braden Holtby. Mais il a aussi accepté d’hériter du contrat de Brooks Orpik – salaire de 4,5 millions $, mais ponction de 5,5 millions $ sous le plafond pour la saison prochaine – afin d’offrir de la marge de manœuvre aux Capitals qui tenteront ainsi de garder John Carlson au lieu de le perdre au marché des joueurs autonomes. Un contrat que l’Avalanche rachètera au cours des prochains jours selon le plan concocté par Sakic.

Cette transaction a été annoncée avant le début du repêchage. Au cours de la première ronde, les Sénateurs et les Maple Leafs de Toronto ont effectué des permutations de choix avec les Rangers de New York et les Blues de St.Louis.

Mais de grosses transactions, il n’y a pas eu.

« C’était très tranquille au téléphone aujourd’hui. Il y a eu beaucoup de discussions au cours des derniers jours, mais aujourd’hui c’était calme. C’est parfois comme ça. On pense que ça va bouger et les clubs restent sur leur position », a indiqué Marc Bergevin.

Le directeur général du Canadien a tenté d’utiliser un de ses nombreux choix encore disponibles pour s’offrir un deuxième choix de première ronde. Mais ses efforts sont restés vains.

Bien qu’il n’ait pas voulu confirmer ses intentions, il semble évident que Bergevin et le Canadien souhaitaient gagner quelques places afin de mettre la main sur le défenseur québécois Nicolas Beaudin que les Blackhawks de Chicago ont sélectionné au 27^e rang.

Le Canadien fera le plein d’espoirs samedi alors qu’il pourrait effectuer neuf sélections si aucune transaction ne vient changer le cours des choses. Montréal profitera de quatre sélections en deuxième ronde (35, 38, 56 et 62), une en troisième (66), trois en quatrième (97, 102 et 122), et une en cinquième (128).