Dans un gain important contre des Red Wings particulièrement et étonnamment coriaces, Carey Price a obtenu sa 315e victoire en carrière, prouvant qu’il fait partie des plus grands. Bien sûr, certains diront qu’il lui manque encore une bague pour compléter le tableau, et ils auront raison, cependant ça n’enlève rien à la valeur de ce que Price a réalisé. Reconnaissons en effet que battre un record que Jacques Plante détenait depuis près de 56 ans jour pour jour mérite le plus grand respect dans une ligue aussi paritaire. Price a dépassé cette marque avec brio en faisant de nombreux arrêts spectaculaires. Alors bravo Carey!

Sur une note plus personnelle, j’ai été touché quand j’ai vu son émotion à la fin de ce match. J’ai été heureux pour ce grand bonhomme que j’ai eu le plaisir de connaître quand j’étais avec les Canadiens. J’ai aussi eu une pensée pour Stéphane Waite, l’entraîneur des gardiens, qui accompagne Price depuis des années. Je suis convaincu, et je pense que Carey le reconnaîtra également, que Stéphane a contribué à cette étape importante qui vient d’être franchie.

Cela dit, le fil d’arrivée est en vue. Il reste un peu plus d’une dizaine de matchs à la saison régulière et à une porte qui s’ouvre sur de nouvelles possibilités : les séries!

Or, dans les derniers jours, le CH a semblé ébranlé sinon en léthargie.

J’ai beaucoup moins senti récemment cette énergie qui a porté les joueurs depuis le mois d’octobre et qui leur permettrait d’affronter n’importe quelle équipe la tête haute et en toute confiance. Même quand ils ne gagnaient pas, chacun contribuait pour donner un spectacle relevé et donner au club une chance de vaincre. C’est cette volonté et cette détermination que je sens moins maintenant.

Ce serait injuste de blâmer tout le monde, parce que certains, souvent les mêmes, se présentent soir après soir et laissent sur la glace toutes leurs forces. Carey Price en a été un bon exemple contre Detroit. Mais ils ne sont pas assez nombreux à le faire. Ils peuvent avoir toutes sortes de bonnes raisons pour expliquer cela. Pour quelques-uns, ce sont des blessures qu’on traîne depuis des semaines, alors que pour d’autres, l’âge les rattrape sournoisement. 

On peut aussi penser que le club a été surestimé toute la saison et qu’on voit maintenant son vrai visage; ou encore qu’il n’y a pas assez de profondeur ou de talent pour aller au-delà de la saison régulière.

En fait, on peut imaginer de nombreux motifs à ce ralentissement. Mais cela ne change rien. Le club doit en faire plus. C’est la seule chose qui compte.

Il y a quelques jours, j’ai dû parler à des jeunes hockeyeurs dont l’équipe s’est soudainement mise à perdre. Le moral était au plus bas et personne ne trouvait le moyen de rallumer la flamme. 

Le conseil que je donnerais à Claude Julien : « Il faut vivre le moment présent ».

À ce moment de l’année, plus rien ne compte que la partie qu’on est en train de jouer, que cette présence que l’on fait sur la glace, que ce coup de patin de plus qu’il faut donner, que cet effort difficile qu’il faut faire, que cette mise en échec qu’il faut absorber pour repartir. 

Il faut que l’esprit se libère du poids du passé ou de l’avenir. De toute façon, je dis souvent en conférence qu’il n’y a que le présent qui existe et sur lequel on a de l'emprise. Le passé est derrière nous et on ne peut rien y changer. L’avenir n’est pas encore écrit et on ne peut pas présumer de ce qu’il va être. Alors il n’y a que le présent de vrai. C’est ce que je fais maintenant qui va déterminer ce qui arrivera demain. Donc, quand le joueur est sur la glace, il ne doit réfléchir qu’à l’action qui se déroule. À rien d’autre.

Pour les joueurs du CH, puisque ce sont des professionnels, j’ajouterais qu’ils ont réussi à faire mentir la plupart des experts depuis le début de la saison. Ce résultat, il leur appartient et personne ne peut le leur enlever. Ils doivent en tirer la fierté nécessaire pour la suite des choses. Il serait ridicule d’abandonner maintenant après tous ces efforts. Il sera toujours temps cet été de soigner les bobos et de se reposer. Pour les quelques parties qui restent, les joueurs doivent retrouver cette confiance inébranlable de pouvoir affronter n’importe qui et de gagner. Tout le monde doit contribuer.

Reste à espérer que la victoire contre les Wings donnera un nouveau souffle à l’équipe. Ils doivent reprendre le collier, gagner chaque présence et chaque partie. 

Ensuite, Dieu seul sait où cette attitude peut mener!