MONTRÉAL - Les excuses étaient toutes prêtes :

 

Si les Jets perdaient, ils pouvaient imputer leur revers à un manque de synchronisme attribuable à la pause trop longue qu’ils ont dû traverser entre le balayage en quatre matchs des Oilers et la victoire du Canadien en sept parties aux dépens des Maple Leafs.

 

Dans le cas d’un revers du Canadien, le manque de repos entre l’élimination des Leafs et le début de la deuxième ronde contre des Jets frais et dispos était prêt à être servi aux journalistes et partisans.

 

Les Jets patinaient dans le sable en début de match. C’est vrai. Exception faite d’une séquence en début de troisième période qui a mené au but de Derek Forbort, ils ont suivi le rythme imposé par le Canadien au lieu d’imposer le leur.

 

La pause ne peut justifier à elle seule ce déroulement de match tout à l’avantage du Canadien.

 

Les Jets ont été à la remorque du Canadien parce que le Canadien a été bien meilleur que les Jets dans le cadre du premier match de cette deuxième ronde qui représente une finale toute canadienne.

 

Un point c’est tout.

 

Ce n’est pas pour rien qu’il a signé une quatrième victoire de suite. Exploit qu’il n’avait pas été en mesure de réaliser en saison régulière.

 

L’absence de Paul Stastny, qui a déclaré forfait avant l’échauffement, et la blessure qui a chassé le défenseur Dylan DeMelo après deux présences n’ont pas aidé la cause des Jets. C’est évident.

 

Bien qu’imposants physiquement – ils ont distribué 42 mises en échec contre les 24 assénées par le Tricolore – les Jets ont semblé lents. Ils ont semblé inviter le Canadien en zone défensive en plus de lui offrir plusieurs attaques en surnombre.

 

L’entraîneur-chef des Jets Paul Maurice n’avait pourtant pas grand-chose à reprocher à ses joueurs. «Nous pouvons être meilleurs que nous l’avons été ce soir. Et nous devrons l’être, car nous affrontons une très bonne équipe. Mais bien que nos prises de décisions et nos exécutions n’étaient pas toujours à point, je ne suis pas d’accord pour dire que nous étions lents. Un club peut sembler lent quand il affronte une équipe qui est très rapide. Ce soir, le Canadien a joué avec rapidité. Le Canadien a joué tout un match de hockey», a tenu à préciser Maurice.

 

KK rejoint Crosby et Gretzky

 

Le Canadien a pris les devants dans la série qui l’oppose aux Jets parce qu’il a une fois encore pu compter sur la contribution de tous ses joueurs… ou presque.

 

À commencer par les défenseurs qui ont récolté six passes – deux pour Petry et Edmundson, une pour Weber et Gustafsson – dans la seule rencontre de mercredi alors qu’ils s’étaient contentés de deux points dans les sept matchs de la série contre Toronto. Deux passes récoltées lors du septième et dernier match face aux Leafs.

 

Le Canadien a gagné parce que ses jeunes se sont une fois encore imposés.

 

Nick Suzuki a marqué un but sensationnel alors qu’il a sorti Connor Hellebuyck d’abord de ses jambières et ensuite de ses patins pour glisser la rondelle derrière lui au terme d’une descente en surnombre. Un des plus beaux buts que j’ai vus depuis le début des séries.

 

Et que dire de Jesperi Kotkaniemi ? Bien caché derrière des défenseurs des Jets qui ont vite regretté de ne pas l’avoir eu à l’œil, KK a marqué le premier but de la rencontre en faisant dévier un tir/passe décoché par Jeff Petry de la pointe.

 

C’était le quatrième but des présentes séries pour KK qui est revenu au jeu avec une énergie et une hargne sans l’ombre d’un doute attribuable à l’affront qu’il a subi lorsque Dominique Ducharme l’a laissé de côté pour la première rencontre de la série contre Toronto.

 

Avec huit buts en 17 matchs de séries en carrière, Kotkaniemi a rejoint Wayne Gretzky et Sidney Crosby pour le nombre de buts enfilés en séries avant d’avoir 21 ans.

 

Pas question ici de prétendre que KK sera un jour un joueur de la trempe de Gretzky ou de Crosby. Mais cette statistique est importante pour rappeler à ceux et celles qui tendent à l’oublier que Kotkaniemi n’a que 20 ans bien qu’il complète sa troisième saison dans la LNH.

 

Claude Lemieux est le seul joueur dans l’histoire du CH qui revendique plus de buts marqués en séries (10) avant d’avoir célébré ses 21 ans que Kotkaniemi.

 

Autre statistique qui auréole KK et Nick Suzuki, ces deux joueurs ont maintenant marqué dans un même match de série à trois reprises. Ils ne sont qu’à une partie du record (4) que détiennent Claude Lemieux et Stéphane Richer pour le nombre de matchs au cours desquels deux joueurs âgés de 21 ans et moins ont marqué dans une même partie de séries éliminatoires.

 

Derrière KK et Suziki, Cole Caufield a aussi ajouté une passe dans le match de mercredi. Caufield a bien joué face aux Jets. Un adversaire un brin ou deux intimidant pour le jeune et petit américain.

 

Mais Caufield s’est bien tiré d’affaire.

 

Une ombre au tableau selon moi : Caufield a raté quelques belles occasions mercredi alors qu’il a jonglé avec la rondelle en zone offensive au lieu d’utiliser son tir des poignets redoutables qu’il est capable de décocher sans le moindre avertissement.

 

Je ne sais pas si c’est en raison du jeu physique des Jets, je ne sais pas si c’est en raison du fait que la confiance s’installe et qu’elle l’incite à tenter de choses qu’il ne tentait pas lorsqu’il a fait le saut avec le Canadien, mais je sais toutefois – ou je prétends savoir – que Caufield obtiendra bien plus de résultats en dégainant rapidement comme il est en mesure de le faire pour surprendre les gardiens et les défenseurs adverses qu’en jonglant avec la rondelle.

 

C’est l’expérience qui entre...

 

Encore Perry et Staal

 

Au même titre que les jeunes qui ont connu un très bon match encore une fois, les petits vieux ont mis l’épaule à la roue de manière importante mercredi.

 

Corey Perry doit d’ailleurs être louangé pour s’être sacrifié au profit de son équipe. Perry a encaissé un coup de coude à la tête – les arbitres ne l’ont pas vu et j’aimerais bien que la LNH leur vienne en relève avec une mesure disciplinaire – asséné par le gros défenseur Logan Stanley sur le jeu qui a mené au deuxième but du Canadien tôt dans le match.

 

Si vous avez une chance de voir la reprise, regardez Perry aller. Il sait que l’impact s’en vient. Il sait qu’il ne pourra l’éviter. En fait oui ! Perry aurait pu éviter l’impact s’il avait décidé de ne pas effectuer la passe qui allait permettre à Eric Staal de doubler l’avance du Canadien. Mais Perry s’est assuré d’effectuer la passe avec les conséquences qui ont suivi. C’est les quatre fers en l’air et avec une mâchoire endolorie que Perry a célébré le but de son joueur de centre. Un but dont il est le grand responsable.

 

Quand on dit que les joueurs doivent se sacrifier pour gagner en séries, c’est à des jeux comme celui que Perry a réalisé mercredi soir qu’on fait référence.

 

Dans la foulée des Perry et des Staal, les vieux défenseurs du Canadien ont encore tenu le coup. Le top quatre a encore passé plus de 24 minutes sur la patinoire et cela n’a pas semblé affecter les Weber, Chiarot, Petry et Edmundson.

 

Même Brett Kulak s’est signalé à quelques occasions. On l’a d’ailleurs vu plus souvent sur la glace qu’Erik Gustafsson dont la gaffe en avantage numérique a contribué au premier but des Jets.

 

Est-ce que des contre-performances de Gustafsson – pire joueur du Tricolore, il n’a effectué que 11 présences totalisant 6 :41 de temps d’utilisation –  pourraient ouvrir la porte à un retour d’Alexander Romanov ? Ou est-ce que l’état-major serait plus enclin à se tourner vers l’expérience de Jon Merrill ?

On le saura bien assez vite…

 

Hellebuyck refuse de parler de Price

 

À l’image de ses coéquipiers, le gardien des Jets a semblé lent à s’installer sur la patinoire du MTS Centre mercredi.

 

Il a accordé trois buts sur les 11 tirs affrontés en première. Trois buts sur les trois premières bonnes occasions de marquer du Canadien. Au total, il a été déjoué quatre fois sur 32 tirs, alors que Price a été victime de trois buts sur les 30 tirs des Jets.

 

Hellebuyck a rendu hommage au Canadien après la défaite : «Ils avaient un rythme soutenu dès le début de match et nous avons passé la partie à chercher le nôtre. Il est clair que cette équipe a trouvé son identité en première ronde contre Toronto. Il est clair aussi que cette équipe a compris la manière dont elle doit jouer pour respecter cette identité. Les choses iront maintenant de mieux en mieux pour nous au fil de la série. C’est la beauté des séries : nous n’étions pas au sommet ce soir, et on pourra se reprendre dès le prochain match», que le gardien des Jets a indiqué.

 

Hellebuyck a toutefois refusé de répondre à une question qui l’invitait à commenter les performances de son vis-à-vis et la nature du duel qui l’oppose à Carey Price.

 

Après s’être offert une longue – une bonne quinzaine de secondes – période de réflexion, Connor Hellebuyck qui est toujours affable avec les journalistes s’est dressé derrière le micro : «Je ne répondrai pas à cette question. Je ne préoccupe pas le moindrement de ce qui se passe à l’autre bout de la patinoire. Je me préoccupe de mes performances», que le dernier gagnant du trophée Vézina a tranché en guise de conclusion à son point de presse.

 

Bien que Blake Wheeler ait souligné que les journées de congé avaient sans doute lesté ses patins et ceux de ses coéquipiers, Nikolaj Ehlers, Adam Lowry et n’ont pas suivi le mot d’ordre que semblait vouloir imposer leur capitaine dans le cadre des entrevues d’après match.

 

«Nous sommes des professionnels, nous savions ce qui nous attendait», que Ehlers a admis sans retenue.

 

«Je suis déçu de la façon dont nous avons joué. Nous n’avons pas été en mesure d’offrir le même niveau d’intensité qu’ils ont affiché. Cela dit, j’ai bien aimé le fait que nous n’ayons jamais baissé les bras. On a comblé des reculs, nous sommes restés dans le coup», a indiqué Adam Lowry qui a marqué le premier but des Jets, un but enfilé alors que le Canadien menait 2-0 et profitait d’une attaque massive.

 

Le deuxième match de la finale canadienne sera disputé vendredi à Winnipeg.

 

Entre les lignes

 

  • Le Canadien affiche un dossier en séries de 24 victoires et un revers dans les 25 derniers matchs au cours desquels il a marqué au moins trois buts...

 

  • C’est la quatrième fois seulement au cours des 30 dernières années que le Canadien signe quatre victoires consécutives en séries éliminatoires. Il a connu des séquences de 11 et quatre victoires consécutives lors de sa dernière conquête de la coupe Stanley en 1993 et une séquence de cinq gains de suite en 2014...

 

  • La séquence de 11 victoires consécutives de 1993 est la plus longue de l’histoire du Tricolore...

 

  • La série CanadienJets est loin d’être terminée, mais le Tricolore présente une fiche de 63-11 dans les séries qu’ils ont amorcées avec une victoire. Seuls les Oilers d’Edmonton (21-3) et les Ducks d’Anaheim (13-2) affichent des taux de réussite supérieurs au Tricolore…