MONTRÉAL – Quand tout baigne dans l’huile comme c’est le cas chez le Canadien présentement, les mystères du hockey deviennent beaucoup plus faciles à résoudre.

C’est la perception qui découle des propos de Michel Therrrien et de ses joueurs qui s’apprêtent pourtant à affronter la puissance que sont les Blues de St. Louis.

Bien sûr, Therrien et ses adjoints auront préparé quelques tactiques pour contenir le redoutable Vladimir Tarasenko (5 buts, 4 passes en 6 matchs) et ses partenaires les plus dangereux. Par contre, l’état-major du Canadien n’a pas trop l’intention de se casser la tête pour une raison bien simple.

« On sait comment les Blues déploient leur jeu. On procédera à certains ajustements, mais ma préoccupation demeure notre façon de dicter le rythme du match », a soutenu Therrien dont l’approche a été fructueuse après six matchs.

Depuis le camp d’entraînement, les médias ont relevé quelques changements dans le plan de match préconisé par le Canadien. Ce constat a incité certains amateurs à croire que Therrien et ses acolytes avaient modifié en profondeur le système de la saison précédente, mais l’entraîneur s’est assuré de préciser le tout.

« Ne faites pas l’erreur de penser que nous avons tout changé. Le système est le même à 95%, on a ajouté quelques ingrédients dans l’équipe et on profite aussi de la maturité plus grande de certains joueurs ce qui donne les résultats actuels », a mentionné Therrien qui base d’abord ses stratégies sur la vitesse de ses ouailles.

« On joue d’une manière différente d’il y a trois ans, mais c’est semblable », a-t-il ajouté.

L’exécution adéquate de ce système a mené au départ canon du Tricolore qui surprend même quelques joueurs.

« Personne ne s’attendait à ce qu’on commence le calendrier 6-0, je dois dire qu’on joue un peu mieux qu’on le prévoyait. Le potentiel est là et on savait qu’on pouvait le faire, mais il fallait que tout clique », a avoué David Desharnais.

Ceci dit, l’efficace joueur de centre était loin de s’exciter de la situation. À vrai dire, il était seulement un peu plus emballé que lorsque les médias ont évoqué le mot élection.

« On possède assez d’expérience pour savoir que six matchs, ce n’est absolument rien dans une année. On veut encore progresser à certains niveaux et on travaille là-dessus à l’entraînement », a souligné Desharnais au terme d’une séance durant laquelle les entraîneurs ont multiplié les enseignements en petits groupuscules.

À propos de Desharnais, il n’a pas ralenti la cadence en dépit d’une utilisation réduite à égalité numérique de trois minutes comparativement à la saison dernière. Pourtant, le Québécois a déjà amassé cinq points en six matchs.

Six victoires, une seule cravate !

Heureusement, il ne s’agit que d’une cravate, mais Brendan Gallagher a décidé de pousser son côté superstitieux à porter la même cravate tant et aussi longtemps que le Canadien poursuivra sa séquence victorieuse. On espère seulement que certains joueurs n’ont pas adopté la même approche avec d’autres vêtements.

Après avoir bien ri de cette anecdote, Therrien a souligné le travail responsable de ses protagonistes.

« Les joueurs savent quand ils n’ont pas joué de la bonne manière, on peut se fier sur des meneurs de qualité qui se corrigent quand c’est nécessaire et c’est un bon signe pour l’entraîneur », a déclaré l’entraîneur dont l’équipe reçoit plus de mérite comme le souhaitait notamment Carey Price.

Therrien a d’ailleurs profité de la situation pour revenir sur le fait qu’il limite toujours ses commentaires sur l’ampleur de cet accomplissement.

« Je comprends que les gens parlent de la séquence, mais ils doivent aussi comprendre ma perspective d’entraîneur, je me concentre sur le prochain match. Vous devez vous mettre à ma place, on fait de belles choses, mais ça demeure un début de saison », a-t-il dit en souhaitant que ses joueurs demeurent en contrôle.

À ne pas en douter, Therrien faisait allusion à quelques joueurs dont Price qui a probablement son nom dans le dictionnaire à côté de l’expression terre à terre.

« C’est une approche que je préconise depuis toujours et c’est le cas dans le vestiaire », a suggéré le gardien de calibre mondial.

Avec son tempérament plus exubérant, P.K. Subban peut s’emballer dans certaines circonstances, mais il s’est attardé à deux éléments pour comprendre les raisons du succès présent.

« Ça vient de la profondeur ajoutée au club. Les gars sont également plus confortables dans le système et il faut se rappeler qu’on avait ajouté des joueurs durant la dernière saison en plus de ceux dénichés cet été », a précisé le défenseur.

Le climat est si positif que Therrien a même démontré beaucoup d’optimisme à propos d’Alexander Semin qui se familiarise justement au système.

« C’est une question d’adaptation dans son cas. Je le sens plus impliqué dans les deux derniers matchs, il est plus à l’aise et il s’en va dans la bonne direction. Il a une meilleure compréhension de notre façon de jouer et il joue de manière plus responsable », a jugé Therrien qui veut encourager Semin à décocher plus de tirs.

Le Russe a commis quelques erreurs depuis ses débuts avec le CH et il s’est sans doute retrouvé dans quelques analyses vidéos avec les entraîneurs. C’est aussi arrivé avec Subban et le numéo 76 ne s’en fait pas du tout.

« Tous les défenseurs ont le feu vert d’appuyer l’attaque quand c’est opportun. Mais, si on le fait quand le moment n’est pas propice, on va en entendre parler. Tu deviens la « vidéo star » le lendemain, mais je n’ai vraiment pas peur de ça. Je suis soit celui qui a commis une erreur ou bien on me cite en exemple », a raconté Subban, avec franchise, en riant.