Le rêve des séries tourne au cauchemar
Canadiens vendredi, 23 mars 2018. 22:08 jeudi, 12 déc. 2024. 02:49Éliminé officiellement depuis peu, mais officieusement depuis très longtemps, le Canadien a décidé de se motiver en transformant les sept derniers matchs de sa saison de misère en une série éliminatoire virtuelle.
Tout ça est bien beau. Mais j’ai vraiment hâte de voir comment le Tricolore qualifiera les trois derniers matchs de la saison. Car en jouant comme le Canadien et son gardien Carey Price l’ont fait samedi devant les Capitals de Washington, ils seront balayés de leur série virtuelle en quatre petites parties.
Remarquez qu’un tel scénario serait tout désigné pour conclure une saison qui passera à l’histoire en matière de morosité et surtout de médiocrité.
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Pour un club qui devait au moins donner l’impression qu’il était en séries, le Canadien a été rien de moins que lamentable. En fait non. Il a bien entrepris la rencontre. Malgré une situation de deux matchs en deux soirs, le Canadien a même marqué le premier but de la partie. Un beau but sur une très belle feinte réalisé par Alex Galchenyuk devant Philipp Grubauer. La feinte et le revers de Galchenyuk étaient très beaux. Mais la clef sur ce but est venue de l’échec avant de Jacob de la Rose. Affichant une hargne nouvelle depuis quelques matchs, de la Rose a gagné une bataille le long de la rampe pour offrir la rondelle à Galchenyuk qui, lorsqu’il se retrouve en possession de la rondelle en zone ennemie, est capable de réaliser de belles choses.
Un hors-jeu aussi évident que le fait que le Canadien ratera les séries cette année a ensuite privé le Tricolore d’un deuxième but. Initialement accordé, ce but qui a été renversé après une contestation ô combien légitime de Barry Trotz a semble-t-il fait très mal au Canadien.
Car non seulement le Tricolore a ensuite accordé quatre buts consécutifs et six sur les sept buts accordés par les gardiens, mais l’entraîneur-chef Claude Julien a imputé à ce but refusé et au règlement qu’il a remis en question la plus grande part de responsabilité pour expliquer l’effondrement de son équipe.
Julien a raison sur un point : il est vrai que les Caps avaient repris le contrôle de la rondelle en zone défensive et que c’est une erreur de John Carlson qui a permis au Canadien de marquer. Mais l’entrée de zone effectuée plus tôt par Jonathan Drouin – il a réalisé une belle passe sur le jeu – et Paul Byron était illégale. Drouin était clairement hors jeu. Toutes les reprises le confirmaient facilement et rarement a-t-on vu une contestation être réglée aussi rapidement.
Pourquoi Claude Julien a-t-il passé autant de temps à s’en prendre à ce verdict et au règlement pourtant bien clair qui a dicté la prise de décision en faveur des Caps?
Parce qu’en entraîneur-chef d’expérience, Julien a profité de ce fait saillant comme d’une bouée pour éviter d’avoir à trop parler des déboires de son équipe et de son gardien.
Carey Price a été mauvais samedi. Des six buts qu’il a accordés sur les 30 tirs des Caps, au moins deux ont été de très mauvais buts. Le Carey Price qui s’est taillé une réputation de meilleur gardien au monde aurait certainement dû effectuer l’arrêt sur un autre de ces buts.
Price a même couru après sa perte en effectuant une vilaine remise de rondelle derrière son filet. Une remise que Jordie Benn n’a pu contrôler et qu’Alex Galchenyuk n’a ensuite pu racheter le long de la rampe.
Encore une fois hier, Price n’a pas fait le travail.
Mais là encore, le coach du Canadien a fait un job spectaculaire pour sauver la peau de son gardien vedette. Il l’a fait en indiquant que les deux gardiens en présence avaient connu une soirée ordinaire. Il en a même rajouté en indiquant que Braden Holtby, le gardien numéro un des Caps, connaissait lui aussi une saison difficile.
Il est vrai que Philipp Grubauer n’a pas été meilleur que Price en accordant quatre buts sur 21 tirs. Mais il a aidé son équipe à gagner au lieu d’avoir à se contenter encore d’une défaite. Il est vrai aussi que Holtby n’affiche pas ses statistiques habituelles. Il a malgré tout signé 31 victoires. Et bien que timides, ses statistiques sont meilleures que celles de Price. Ce qui est normal puisqu’il joue derrière une bien meilleure équipe.
Ce qui nous amène au nœud du problème. Ou des problèmes : au-delà les largesses de Price, le Canadien a été bien trop mauvais en zone défensive pour espérer gagner. Les défenseurs ont été bien trop généreux en offrant l’enclave à qui voulait bien s’y rendre et en perdant des batailles devant et autour du filet pour ne serait-ce qu’aider la cause d’un gardien qui avait bien besoin d’aide.
Bon! Claude Julien a reconnu que son équipe avait somme toute disputé un mauvais match en zone défensive. Il a aussi reconnu que son gardien avait connu un match à l’image de sa saison, c’est-à-dire loin en deçà des attentes, mais il s’est assuré d’ajouter que Carey Price lui insufflait bien plus de confiance – sans doute en fonction de ce qui l’attend l’an prochain – qu’il ne suscitait de l’inquiétude.
Grand bien lui fasse.
Mais si Claude Julien tient à pousser la série éliminatoire virtuelle qu’il a proposée à ses joueurs pour trouver une façon de les motiver avec sept matchs à faire, il faudra que le Canadien et son gardien Carey Price jouent beaucoup mieux et vite.
Sinon, les six prochains matchs – ou les six derniers puisqu’on commence tous à avoir hâte que le calvaire prenne fin – auront bien plus des allures de matchs préparatoires comme c’est le cas depuis trop longtemps.
Mes observations sur la partie :
- Backstrom : premier de classe
- De la Rose saisit sa chance
- Gallagher s’approche de 30 buts
- Unités toujours loin d’être spéciales
- Jerabek salue son retour à Montréal
Chiffre du match : 200 – l’entraîneur-chef Barry Trotz a signé son 200e gain à la barre des Capitals dans la victoire de 6-4 aux dépens du Canadien samedi. À sa quatrième saison à Washington, Trotz présente un dossier de 200 victoires, 87 revers et 34 défaites en prolongation ou tirs de barrage. Ses 757 victoires en carrière le placent au 5e rang de l’histoire derrière Al Arbour (782). Joel Quenneville (881) et Ken Hitchcock (819) sont les deux seuls entraîneurs-chefs actifs qui le devancent. Scotty Bowman occupe le premier rang avec 1244 victoires. Un record qui ne sera sans doute jamais égalé.
Backstrom : premier de classe
Le Canadien a multiplié les bévues en zone défensive samedi et il avait choisi un bien mauvais adversaire contre qui se montrer aussi généreux alors que Nicklas Backstrom a su en profiter. L’un des meilleurs fabricants de jeu de son époque, Backstrom a préparé quatre buts des Caps samedi.
C’était son 11e match de quatre passes en carrière. Depuis 25 ans, un seul autre joueur a fait mieux que lui dans la LNH. Son nom : Wayne Gretzky!
De tous les joueurs issus de la cuvée 2006, Backstrom (4e sélection de la première ronde) est premier de classe en matière de points (789) et de passes (582) récoltées. Le centre des Caps domine Phil Kessel – 5e sélection de la première ronde – qui revendique 732 points et Claude Giroux – 22e sélection de la première ronde – qui revendique 459 mentions d’aide.
Depuis que Nicklas Backstrom a fait le saut dans la LNH en 2007, deux joueurs seulement ont récolté plus de passes que lui : Henrik Sedin (595) et Joe Thornton (581).
Malgré sa grande discrétion sur la patinoire, Backstrom trouve toujours une façon d’être au bon endroit au bon moment afin de s’emparer d’une rondelle égarée, de profiter d’une bonne relance de ses défenseurs et surtout d’acheminer des passes précises et de distribuer des occasions de marquer à des coéquipiers qui savent en profiter.
De la Rose saisit sa chance
Invité sur le plateau de l’Antichambre après la rencontre de samedi, Jacob de la Rose a convenu que la fin de saison difficile du Canadien – le Tricolore n’affiche que deux victoires (2-8-2) à ses 12 derniers matchs – minait la confiance de tout le monde dans le vestiaire. Mais le jeune centre a ajouté qu’il ne pouvait se laisser abattre. « J’ai la chance de jouer beaucoup plus depuis un mois et je dois saisir l’occasion qui se présente à moi pour prouver que j’ai ma place au sein de l’équipe. »
Reconnu pour son physique, son coup de patin et ses habilités sans la rondelle, de la Rose a récolté une passe samedi. Depuis qu’il a pris la relève à Tomas Plekanec qui a été échangé aux Maple Leafs de Toronto le 25 février dernier, de la Rose a marqué trois buts et récolté huit points en 15 rencontres.
« Je sais que j’ai le potentiel pour jouer dans la LNH. Il me faut le prouver tous les soirs. Je dois travailler sur ma confiance. Quand tu joues avec confiance, tout est plus simple et surtout plus efficace. Je ne suis pas différent des autres. J’ai besoin de cette confiance que je mine souvent en étant trop critique à mon endroit. En accordant trop d’importance à une erreur commise sur la glace au lieu de simplement la chasser de mon esprit. Les choses vont mieux depuis quelques matchs. Je me sens à l’aise au sein de mon trio – il évolue au centre d’Alex Galchenyuk et Artturi Lehkonen – alors que j’ai une bonne communication avec mes coéquipiers. Je vais travailler fort d’ici la fin de la saison et tout au long de l’été afin d’améliorer certains aspects de mon jeu – les mises en jeu et la possession de rondelle – afin de me tailler un poste régulier l’an prochain. »
Gallagher s’approche de 30 buts
Victime de la contestation logée par les Caps en première période, Brendan Gallagher a perdu une chance de s’approcher du plateau des 30 buts. Il s’est bien repris en fin de rencontre en faisant dévier un tir de Jonathan Drouin alors que le Canadien évoluait en avantage numérique.
Ce but venu sur le tard a donné l’impression que le match a été plus serré qu’il ne l’a été en réalité.
Mais bon! Avec ce 28e but, Gallagher voit ses efforts récompensés et il mériterait d’atteindre le plateau des 30 buts. Il s’agirait d’une très belle récompense pour celui qui devrait gagner la coupe Molson à titre de joueur de l’année chez le Canadien alors qu’il devrait normalement faire la lutte aux autres plombiers du Tricolore dans la course au Trophée Jacques-Beauchamp remis à la quatrième étoile de la saison.
Unités spéciales
Si le Canadien mérite une bonne note pour avoir marqué un but en trois attaques massives, il mérite le bonnet d’âne une fois de plus alors qu’il a accordé deux autres buts en désavantages numériques.
Ça n’a plus de bon sens.
Le Canadien a accordé au moins un but en désavantage numérique dans 11 de ses 13 derniers matchs. Au total, il a accordé 17 buts dans ses 11 parties.
Déjà qu’il est dernier dans la LNH avec une «efficacité» de seulement 67,2 % sur la route, voilà que le Canadien est 30e sur 31 clubs avec une «efficacité» globale de 74,4 %. Seuls les Islanders de New York sont plus mauvais avec une moyenne de réussite de 74,3 %.
Jerabek salue son retour à Montréal
Bien qu’il remplisse un rôle de soutien avec les Capitals depuis qu’ils ont fait son acquisition le 21 février dernier en retour d’un choix de 5e ronde en 2019, Jakub Jerabek a salué son retour à Montréal avec une passe. Une passe qu’on a cru être un but pendant un moment alors que quelques reprises ont été nécessaires afin de déterminer que T.J. Oshie avait bel et bien fait dévier le tir du défenseur tchèque.
En 15 minutes d’utilisation, Jerabek a récolté sa 2e passe dans l’uniforme de sa nouvelle équipe. Il n’a disputé que sept des 12 matchs. C’était la deuxième fois seulement qui atteignait le cap des 15 minutes dans une rencontre et la troisième fois seulement qu’il jouait plus de 14 minutes.
Bon dimanche!